Le budget 2014 marque un tournant sous la Vème République. Pour la première fois en cinquante ans, les dépenses de l’Etat sont revues à la baisse. Sur le fonds, dans un contexte de crise budgétaire, généralisée à toute l’Union Européenne, une maitrise des finances publiques s’impose sous peine de laisser aux générations futures une situation bien plus grave encore qu’aujourd’hui.
Avec le train de vie monarchique de l’Etat, le poids démesuré de ses services déconcentrés en région* et vu les dépenses massives dans de grands projets inutiles (LGV, autoroutes, grands stades, etc.) qui traduisent et alimentent depuis des décennies le dogme du productivisme, une autre gestion des dépenses publiques, plus sobre, plus efficiente et plus juste est possible et nécessaire. Les arbitrages budgétaires sont les révélateurs d’une vision politique. Or, ceux annoncés par le Ministre du budget ne sont pas bons : les trois postes de financement les plus affectés par la rigueur sont ceux qui sont indispensables à une sortie de crise : l’écologie, les collectivités territoriales et l’Europe.
Plutôt que d’œuvrer à une conversion écologique, seule issue pour un développement durable au service de tous, le Gouvernement annonce une coupe de 7% dans le déjà maigrelet budget du Ministère de l’Ecologie ainsi qu’une baisse de plus de 5% des crédits alloués à l’Agriculture, à l’Alimentation et aux Forêts. Et le Gouvernement, plutôt que d’œuvrer à la souveraineté des territoires, préalable à toute transformation écologique de la société, confirme et accentue la baisse des crédits aux collectivités amorcée par Nicolas Sarkozy et François Fillon. Les aides aux territoires et aux collectivités territoriales rabotées de 8% par rapport à 2013 ne seront pas compensées par une fiscalité propre des territoires : l’autonomie fiscale des collectivités territoriales est absente du projet d’acte III de décentralisation alors qu’on nous annonce le financement généreux des Métropoles et 30 Milliards d’Euro pour le seul Grand-Paris. Enfin, avec l’adoption du budget européen hier par le Parlement Européen, en régression pour la première fois de l’histoire de la construction européenne, avec les voix des Socialistes, des Libéraux et des Conservateurs, la contribution de la France à l’Union Européenne va baisser d’environ 8% !
Mais tous les ministères ne subiront pas les mêmes coupes. Et à l’inverse de l’Ecologie, des collectivités territoriales, et de l’Europe, le Gouvernement Ayrault confirme et accentue sa politique jacobine de recentralisation. Le contrôle de l’Etat sur les territoires va être renforcé. C’est à nos yeux, le fait le plus marquant du projet de budget pour 2014. Les services déconcentrés de l’Etat vont voir leur budget augmenter de près de 7%.
Avec ce projet de loi sur le budget 2014, le Parti Socialiste s’enfonce dans une politique de division qui affaiblit la majorité plurielle. Et loin de chercher le consensus à la première voix dissonante, le Chef du Gouvernement la fait taire par un débarquement. C’est le triste sort qui a été réservé à Delphine Batho, Ministre de l’écologie qui s’était plainte publiquement de la baisse de son budget. Le PS qui a connu lors des dernières législatives partielles une défaite cuisante au premier tour à Villeneuve-sur-Lot ne semble retenir aucune leçon de sa déroute. Sans changement de cap de la part du Chef du Gouvernement et respect des sensibilités qui constituent la majorité, l’appel à l’union pour les prochaines échéances électorales lancé par les cadres du PS à ses partenaires risque de rester lettre morte. Le PS portera alors seul, la responsabilité de l’échec de la gauche.
by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse,
Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]