Lundi 17 juin, salle 6Q1 du Parlement Européen : les images sont insoutenables et jamais je n’avais eu à présider une réunion durant laquelle deux personnes s’évanouissent dans la salle. Les faits présentés à l’écran ont eu lieu le mois dernier, alors que l’armée française était casernée à proximité. On entend les soldats maliens autour de leurs prisonniers touaregs ligotés et jetés au sol, les yeux bandés. Ils les torturent.
Le film laisse voir un autre téléphone portable qui lui aussi filme la séance de torture. En fait les tortionnaires se mettent en scène pour immortaliser leur fait d’armes, comme des violeurs le font souvent. Une de leurs victimes a le visage barré par une bouche édentée et sanguinolente, sans doute détruite à coups de crosses. L’autre implore qu’on arrête de le tourmenter avec un couteau qu’un des militaires lui a planté dans la cheville, derrière le tendon d’Achille, et qu’on remue sauvagement. Les cris retentissent et ne cessent plus. Les trois minutes du film semblent durer des heures.A la tribune, les faits sont confirmés par les ONG, venues intervenir lors de cette réunion sur les droits de l’Homme au Nord-Mali, qui se tient à l’invitation de trois députés européens, moi-même, Jean-Jacob Bicep et Frantziska Brantner, du groupe Verts/Alliance Libre Européenne. La date et le lieu de ces faits odieux sont « documentés » comme ils le disent dans leur jargon d’ONG, ce qui exprime que des témoignages différents et concordants leur sont parvenus sur ces mêmes faits.
Les représentants d’Amnesty International, de Plan International, de Save the Children, de Human Rights Without Frontiers, de la Fédération Internationale des Journalistes entourent Zakiyatou Oualett Halatine dont l’organisation, l’Association des Réfugiés et Victimes de la Répression en Azawad, basée en Mauritanie, a recueilli ces informations. Zakiyatou Oualett Halatine a été ministre du gouvernement malien et fonctionnaire de l’ONU à Vienne, en Autriche. Elle vivait à Bamako d’où elle a dû fuir en mars 2012 en abandonnant aux pilleurs son logement, lors d’un pogrom anti-touaregs qui a eu lieu à quelques mètres d’une caserne de la gendarmerie malienne qui n’a rien fait pour l’empêcher. Sa renommée, et son passé de personnalité politique en vue, fait que, depuis, les témoignages lui parviennent directement, y compris de sources maliennes révoltées par les comportements d’un pouvoir entièrement aux mains de militaires putschistes.
Un autre film présente des faits qui remontent à février 2012. Là encore, les faits sont « documentés », date et lieu où ils ont été commis, par les ONG. Les images sont de piètre qualité, mais il n’y a aucun doute sur la scène qui est filmée qui montre de nombreux prisonniers ligotés comme des animaux et jetés sur le sable du désert par des températures dantesques. On devine les trous dans lesquels ils sont trainés par les soldats, et qui seront leurs tombes. Le gradé s’assure ensuite auprès de ses soldats qu’ils ont bien été exécutés.
Ce film, plus ancien, est en ligne sur internet depuis plusieurs mois. Il est la preuve d’exécutions sommaires par dizaines pratiquées par l’armée malienne. Contrairement au premier film, soldats et gradés sont reconnaissables. Quelles ont été les enquêtes? Quelles sont les sanctions? Les ONG sont unanimes : elles n’ont connaissance d’aucune suite pénale dans ce cas flagrant « d’exécutions extra-judiciaires ».
Ce qui se joue à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, pays voisin du Mali où les négociations sont interminables sur l’avenir de cette immense région de l’Azawad, c’est le risque d’une catastrophe humanitaire épouvantable, comme le Rwanda en a connu il y a vingt ans. Des centaines d’exécutions sommaires ont été déjà répertoriées, malgré la présence de l’armée française sur l’armée malienne. C’est en fait un « début d’incendie ». Qu’on laisse Bamako lancer son armée dans les zones de peuplement touareg du district de Kidal, alors que le MLNA a regroupé là tous ses combattants prêts à défendre les armes à la main la vie de son peuple contre cette agression, et on est certain que le feu se propagera à tout le territoire. Les exactions se compteront alors par milliers. L’armée française, et au-delà d’elle l’Union Européenne, porteraient une responsabilité directe, et cela aurait des conséquences incalculables, pour l’Europe comme pour l’Afrique.
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by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse,
Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]