(article hebdomadaire #FilRougeDeLaRédaction)
Il y a 44 ans déjà… Un mois de juin 1979
Après les premières arrestations de militants du FLNC fin des années 70, le premier procès eu lieu en 1979 et donna lieu à la première tribune politique pour le Front. C’est à ce moment là précisément que le FLNC est apparu comme une organisation politique ancrée dans le peuple Corse.
Le 14 juin 1979 s’est ouvert le procès des militants du FLNC crée 3 années plus tôt, dans la nuit du 4 au 5 mai 1976. Ils ont été interpellé lors de la rafle de juin 1978, et ils doivent répondre de quelque trente-six attentats, ils ont décidé d’en faire un procès de rupture et de s’en servir comme tribune de propagande.
« La cour de sûreté de l’Etat » annonce l’huissier. « Présentez armes ». Les pistolets mitrailleurs des gardes mobiles cliquètent !
Dans la salle d’audience, deux rangs de gardes mobiles, les familles des patriotes en procès, les journalistes et les curieux. Dans un silence total, les portes s’ouvrent et les premiers patriotes entrent dans la salle, Antone Mattei lève sa main libre, ferme le poing et clame d’une voix grave « Evviva a nazione« .
La salle applaudira longuement. 21 militants sont en procès ce jour là, la plupart reconnaissent appartenir au Front de Libération National de la Corse. Un gendarme par militants dans le box, quatre militants passent en prévenus libre :
Ghjiseppu Galletti
Claudiu Filippi
Marcu Tirroloni
Michele Padovani
Que reproches-t-on aux militants en procès ?
Atteinte à la sûreté de l’Etat et à l’intégrité du territoire français,
Entreprise individuelle ou collective consistant ou tendant à substituer une autorité illégale à l’autorité de l’Etat,
Destruction par substances explosives d »édifices servant à l’habitation de de véhicule,
Détention sans autorisation, et recel, d’armes de la première catégorie et de la quatrième catégorie,
Association de malfaiteurs,
Trahison (pour sept d’entre eux) parce qu’ils se sont attaqués à des objectifs militaires.
QUI SONT ILS ?
Ces patriotes pour la plupart se revendiquant du Fronte di Liberazione Naziunale di a Corsica représentent les différentes couches sociales du peuple corse.
Paulu Anziani, 27 ans, né à Grossetu Prugna, manutentionnaire
Ghjuvan Santu Casamatta, 24 ans, né paris, comptable
Ghjuvan Battista Darnaud, 29 ans, né à Bastia, sans profession
Matteu Dumenicu Filidori, 31 ans, né à Dakar, viticulteur
Claudiu Filippi, 37 ans, né à Safi au Maroc, agent de maitrise
Ghjiseppu Galletti, 34 ans, né à Bastia, agriculteur
Ghjuliu Giamarchi, 38 ans, né à Bastia, infirmier
Stefanu Graziani, 30 ans, né à Bastia, représentant
Ruggeru le Mao, 24 ans, né à Nice, étudiant
Francescu Lorenzi, 28 ans, né Bastia, employé
Petru Lorenzi; 34 ans, né à Lucciana, employé
Antone Mattei, 28 ans, né à Novale en corse, chauffeur
Dumenicu Mattei, 32 ans, né à Bastia, Maçon
Ghjuvan Ghjacumu Mondoloni, 44 ans, né à Taroudan au Maroc, professeur de philo
Michele Padovani, 30 ans, né à Agadir au Maroc, comptable
Giudu Pancrazi, 27 ans, né à Bastia, étudiant
Antone Paoli, 31 ans, né à Bastia, CRS
Ghjuvan Paulo Roesch, 32 ans, né à Sant »Andria di u Cotone, agent technique
Ghjuvan Santu Sisti, 24 ans, né à Casablanca, étudiant
Alain Stuart, 26 ans, né à bron en France, étudiant
Marcu Austinu Tirroloni, 31 ans, né à Bastelica, préparateur en pharmarcie.
Les 4 prévenus libres désirent rejoindre leurs camarades dans le Box, sous un tonnerre d’applaudissement de la salle 🙂
C’est dans ce contexte que s’ouvre à paris, et dans le livre, le « procès d’un peuple »
Au sixième jour du procès, devant la Cour de Sûreté de l’Etat, des 21 militants soupçonnés d’être membres DU FRONTE DI LIBERAZIONE NAZIUNALE DI A CORSICA. MATHIEU FILIDORI , au nom du groupe, lut une longue déclaration. Au terme d’une intervention de 90 minutes le militant du FLNC lança un appel au peuple de France pour qu’il oblige son gouvernement à négocier avec le peuple corse, en reconnaissant le droit imprescriptible de la Nation corse à l’indépendance. Il est encore temps d’éviter le pire, mais il est plus que temps. . . Quelques minutes auparavant, MATHIEU FILIDORI avait expliqué le sens de la lutte menée par le FLNC depuis sa création le 5 mai 1976 et pourquoi le Front avait jusqu’alors évité de faire des victimes. Le 5 mai I976, le FRONTE, dans un manifeste en cinq points a défini les objectifs de la lutte . La reconnaissance des droits nationaux corses , la destruction des instruments du colonialisme français, armée, administration, colons, l’instauration d’un pouvoir national corse populaire et démocratique ; la réalisation de la réforme agraire , l’indépendance. Le 5 mai I976, le FRONTE annonçait la volonté inébranlable du peuple corse de reconquérir sa liberté nationale. Tout le Peuple Corse se retrouve au front, qui n’est que la concrétisation de la conscience nationale dans les actes. Le Front héritier et véhicule de la Résistance biséculaire à l’occupant français brisera le carcan colonial. Ce carcan colonial français qui a fait d’un peuple libre et souverain un peuple hors du temps, hors de l’histoire, un peuple d’assistés éparpillé, dominé, sans langue, sans culture et sans avenir. Avec le Front, l’homme corse redevient sujet de son histoire. Il renoue avec son temps à lui, il se réapproprie sa langue et sa culture méditerranéenne, il retrouve sa dignité et sa fierté d’homme libre. Le peuple corse sait que le Front qui lutte pour la fin de l’oppression coloniale est aussi porteur de la fin de l’oppression sociale. Car les fils de la Nation corse qui acceptent tous les sacrifices pour libérer l’homme corse de la tyrannie française, ne sont pas près d’accorder des privilèges à une classe pour perpétuer l’exploitation sous une autre forme. Il n’y aura pas de nouveaux » Sgiò « , c’est-à-dire, il n’y aura pas de nouvelle bourgeoisie parasitaire et encore moins de bourgeoisie néocolonialiste sur notre terre libérée.
Pendant trois ans le Front a mené une lutte pré-insurrectionnelle et de propagande armée en évitant volontairement de faire des victimes. La France, toujours fidèle à elle-même et incapable de tirer des leçons de ses échecs en Afrique et en Extrême Orient, a répondu par un mini-plan de Constantine, en graissant généreusement la patte aux notables, par une répression impitoyable, la plus massive depuis la conquête. (..) Nous vous rappelons, encore une fois, que vous ne réglerez rien par la répression, rien par l’emprisonnement des patriotes corses. Pour un militant arrêté il y en a des dizaines prêts à prendre sa place. En Corse, chaque femme et chaque homme porte en lui l’héritage des siècles de rébellion et de résistance, chaque femme et chaque homme est prêt à aider ou à rejoindre le maquis. Les maquisards bénéficient de la solidarité agissante de l’immense majorité de notre Peuple. Notre résistance est invincible, pour l’abattre il vous faudrait massacrer tous les Corses. Nous proclamons que rien ne nous arrêtera, nous le Peuple corse en marche vers sa souveraineté nationale !
22 accusés sur deux procès en moins d’un mois.
Le 22 ième accusé est Leonardu Battesti, né le 6 novembre 1953 à Bastia qui sera en procès le 17 juillet 1979. Ses avocats sont Maitres Maggiani, Sollacaro Antoine, Stagnara Vincent, Stefanaggi. Il prendra lui aussi la parole lors de son procès pour remettre en cause les juges et la justice, tout en se servant de son procès pour faire connaitre à l’opinion internationale la dimension de la Lutte de Libération Nationale de la Corse. Son procès n’aura durer que trois heures…
Me Jean-Denis Bredin était aussi l’un des avocats des militants du FLNC seul avocat non corse parmi ses 20 confrères.
Me Jean-Denis Bredin, Me Charles Santoni, tout comme Maitres Maggiani, Sollacaro Antoine, Stagnara Vincent, Stefanaggi, Cesari, Alfonsi, Martini, Lorenzi, Filippi, Nativi, Bellagamba, Cervoni, Guidicelli, Comiti sont les avocats des militants du FLNC.
Plus de 130 ans de prison et 4 acquittements seront prononcés pour les 22 militants du FLNC
Paulu Anziani, 27 ans, né à Grossetu Prugna, manutentionnaire, condamné à 6 ans de réclusion criminelle.
Ghjuvan Santu Casamatta, 24 ans, né paris, comptable, condamné à 8 ans de réclusion criminelle
Ghjuvan Battista Darnaud, 29 ans, né à Bastia, sans profession, condamné à 6 ans de réclusion criminelle
Matteu Dumenicu Filidori, 31 ans, né à Dakar, viticulteur, condamné à 13 ans de réclusion criminelle
Claudiu Filippi, 37 ans, né à Safi au Maroc, agent de maitrise, condamné à 5 ans avec sursis
Ghjiseppu Galletti, 34 ans, né à Bastia, agriculteur, condamné à 5 ans avec sursis
Ghjuliu Giamarchi, 38 ans, né à Bastia, infirmier, condamné à 10 ans de réclusion criminelle
Stefanu Graziani, 30 ans, né à Bastia, représentant, condamné à 10 ans de réclusion criminelle
Ruggeru le Mao, 24 ans, né à Nice, étudiant, est acquitté.
Francescu Lorenzi, 28 ans, né Bastia, employé, condamné à 13 ans de réclusion criminelle
Petru Lorenzi; 34 ans, né à Lucciana, employé, condamné à 8 ans de réclusion criminelle
Antone Mattei, 28 ans, né à Novale en corse, chauffeur, condamné à 8 ans de réclusion criminelle
Dumenicu Mattei, 32 ans, né à Bastia, Maçon, condamné à 8 ans de réclusion criminelle
Ghjuvan Ghjacumu Mondoloni, 44 ans, né à Taroudan au Maroc, professeur de philo, est acquitté
Michele Padovani, 30 ans, né à Agadir au Maroc, comptable, condamné à 4 ans de réclusion criminelle
Giudu Pancrazi, 27 ans, né à Bastia, étudiant, condamné à 5 ans de réclusion criminelle dont 4 avec sursi
Antone Paoli, 31 ans, né à Bastia, CRS, condamné à 8 ans de réclusion criminelle
Ghjuvan Paulo Roesch, 32 ans, né à Sant »Andria di u Cotone, agent technique, condamné à 13 ans de réclusion criminelle
Ghjuvan Santu Sisti, 24 ans, né à Casablanca, étudiant, condamné à 8 ans de réclusion criminelle
Alain Stuart, 26 ans, né à bron en France, étudiant, est acquitté
Marcu Austinu Tirroloni, 31 ans, né à Bastelica, préparateur en pharmarcie, est acquitté
Leonardu Battesti, 26 ans, né à Bastia, surveillant d’externat, condamné à 9 ans de réclusion criminelle
A l’annonce du verdict, les 21 se lèvent, sortent des Testa Mora,
qu’ils avaient cachés sous leurs habits
et entament SUNATE HE LU CORNU
Aiò! tutti i fratelli chì hè l’ora
D’armà schjoppi è di cigne carchera,
Da lu monte à lu fiume à la serra
Chì lu cornu ripigli à sunà.
Ricantu:
Sunate hè lu cornu
Ùn ci hè più riscattu
À populu fattu
Bisogna à marchjà.
In lu cornu risona la voce
Di Sampieru è di l’altri guerrieri
Chì per vive liberi è fieri
O per more, curagiu ci dà.
Aiò ! tutti ! fratelli chì hè l’ora
Di cessà frà noi altri ste lite,
Ci emu fattu abbastanza ferite,
N’anu risu abbastanza culà.
Stintinati ci semu abbastanza
À l’azzizzu d’un vile nimicu,
Tocca ad elli per ghjustu castigu
À purtanne lu dolu è trimà.
Aiò ! tutti ! fratelli chì hè l’ora
Di stirpà sta razza maladetta
Grida in celu, per noi vindetta
Tantu sangue è tanta infedeltà.
Un vidite ste donne ammantate ?
Un sentite di Baziu lu Vechju,
Cirnu, d’elli, un spavechju ferà.
Tutti sottu à listèssa bandera
Bianca, ornata di la testa Mora,
Aiò Corsi chì turnata hè l’ora,
Di l’antica nostra libertà
Quelques dates
Le 13 JUIN 1979 : Le F.L.N.C tient une conférence de presse à PARIS.
Le 14 JUIN 1979 : Premier jour du procès des 21 militants du F.L.N.C. (MATHIEU FILIDORI)(Fin le 12 juillet 1979)
Dans la nuit du 15 JUIN 1979 au 16 JUIN 1979 : le F.L.N.C commet quinze attentats
Le 12 juillet 1979 : Dernier jour du procès des 21 militants du FLNC, les militants du FLNC en procès se sont levés et ont entamé un chant.
Le 14 juillet 1979 : S’ouvre le procès de Leonardu Battesti, 22 ième membre du FLNC
Liens
14 juin 1979 Procès d’un Peuple
15 juin 1979 Déclaration de Ghjuvan’Paulu Roesch
19 juin 1979 Déclaration de Matteu Filidori
Source du dossier Unità Naziunale Archives du mouvement
by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse,
Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
Corsica Infurmazione: l’information de la Corse, des Réseaux sociaux et des Blogs politiques [Plateforme Unità Naziunale]
Le Fil Rouge de la Rédaction
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