Il y a 44 ans déjà… Un mois de juin 1979
Après les premières arrestations de militants du FLNC fin des années 70, le premier procès eu lieu en 1979 et donna lieu à la première tribune politique pour le Front. C’est à ce moment là précisément que le FLNC est apparu comme une organisation politique ancrée dans le peuple Corse.
Le 15 juin 1979, Jean Paul Roesch, militant du FLNC, fit une déclaration pendant le procès. Cet extrait provient du livre « Le procès d’un Peuple » Edition A Riscossa, Vincent Stagnara.
DÉCLARATION DE JEAN PAUL ROESCH :
Messieurs les juges de l’Etat français,
Si nous consentons à comparaître aujourd’hui devant vous, ne cherchez dans cet assentiment aucune velléité de mendier votre clémence, aucune intention visant à atténuer la portée de nos actes, qui comme vous le verrez, traduisent dans le concret les aspirations légitimes du Peuple Corse dans sa volonté manifeste de se reconstituer nation souveraine .
Forts de notre légitimité, il nous apparaît inconcevable que vous puissiez envisager un seul instant que l’acceptation devant vous apporte un quelconque crédit à une légalité qui nous est totalement étrangère et que nous ne reconnaissons pas .
Si nous empruntons à l’expression française sa terminologie, c’est dans le seul souci de garantir aux journalistes français et internationaux la compréhension direct de notre message .
Combattants du Peuple Corse hier, prisonniers de l’Etat français aujourd’hui, nous avons estimé utile à la juste cause que nous servons de ne pas décliner l’offre que vous nous faites d’une tribune exceptionnelle qui nous permettra de dénoncer face à l’opinion internationale l’œuvre illégitime et maléfique du colonialisme français en Corse; d’expliquer ainsi le sens et les raisons de notre combat .
Il est indéniable que votre justice n’est pas la notre; flagrant qu’elle n’est pas celle de notre peuple.
Elle est pour nous la loi pernicieuse du Conquérant qui porte avec elle les gibets où vous avez pendu nos ancêtres .
Vous prétendez juger au nom du Peuple français, selon vos immortels principes de 1789, de soi-disant citoyens français de Corse, pour atteinte à l’intégrité du territoire.
Nous vous dénions ce droit !
– Au nom du Peuple corse
– Au nom du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »
– Au nom de notre légitimité historique
L’histoire, Messieurs les Juges français, nous jugera. Mais prenez garde ! Elle jugera aussi tous ceux qui sont aux ordres du colonialisme français …
Non seulement nous ne connaissons pas votre justice, mais nous la combattons car elle est l’émanation de l’Etat français, bourreau impitoyable de la Nation Corse.
Le Droit à la résistance, le droit à la lutte armée est inscrit dans la déclaration des droits de l’homme ratifiée par la France.
C’est d’ailleurs plus qu’un droit, c’est le plus impérieux des devoirs pour un colonisé !
Nous sommes en lutte contre l’occupant français !
Nous sommes des combattants de la Nation Corse en marche vers sa libération nationale !
Devant vous, Messieurs, nous nous considérons comme des prisonniers de l’Etat français !
N’attendez donc aucune explication tendant à justifier nos actes !
Notre déclaration liminaire constituera l’essentiel de l’analyse lucide de la situation politique, culturelle, économique et sociale de notre seul patrie : la Nation Corse, bien évidemment.
Elle mettra en évidence la légitimité de la lutte de libération nationale.
Elle retracera, sans faire de concessions à la rhétorique, fort prisée dans ce genre de prétoire, l’épopée tyrannique et macabre de deux siècles de colonisation .
Elle esquissera à travers son exposé, le profil des perspectives d’une Corse définitivement libérée du joug du colonialisme français.
Est-il vraiment besoin d’ajouter, Messieurs les Français, que contrairement aux affirmations mensongères de la propagande largement diffusée par les médias inféodés au colonialisme, nous ne sommes ni l’émanation d’une classe sociale, ni les valets d’un parti, ni les adeptes d’une idéologie à la mode, ni des fanatiques, ni des individus agissant sous l’emprise de la désespérance !
Nous sommes les enfants de la Nation Corse, militants du FLNC responsables, clairement conscients du devoir pressant qui nous incombe vis-à-vis de notre peuple et qui n’est autre que de lui permettre de reprendre ce qui lui appartenait en propre. C’est à dire : sa souveraineté nationale. Seul garante de son émancipation ; seule capable de lui éviter une mort certaine à brève échéance.
Tout les militants du Fronte di Liberazione Naziunale di a Corsica qui se présentent devant ce tribunal d’exception français, tiennent à assumer leur responsabilité pleine et entière tant sur le plan politique que sur le plan militaire, dans les actions de la lutte de libération nationale corse.
Nous affirmons que nous sommes tous solidaires puisque chacun est partie prenante de toutes les décisions du « Fronte », que ce soit au niveau de l’exécution de l’action, ou de la revendication politique.
Il n’y a au FLNC que des militants responsables conscients d’avoir engagé la lutte historique de libération qui aboutira à l’indépendance de la Nation Corse. »
Quelques dates
Le 13 JUIN 1979 : Le F.L.N.C tient une conférence de presse à PARIS.
Le 14 JUIN 1979 : Premier jour du procès des 21 militants du F.L.N.C. (Fin le 12 juillet 1979)
Dans la nuit du 15 JUIN 1979 au 16 JUIN 1979 : le F.L.N.C commet quinze attentats
Le 12 juillet 1979 : Dernier jour du procès des 21 militants du FLNC, les militants du FLNC en procès se sont levés et ont entamé un chant.
Le 14 juillet 1979 : S’ouvre le procès de Leonardu Battesti, 22 ième membre du FLNC
Liens
14 juin 1979 Procès d’un Peuple
15 juin 1979 Déclaration de Ghjuvan’Paulu Roesch
19 juin 1979 Déclaration de Matteu Filidori
Source du dossier Unità Naziunale Archives du mouvement
by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM, Sur Corsica, Sur le Journal de la Corse,
Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI)
#Corse Hè smaritu Ghjuvan Paulu Roesch, militante di u Fronte di a prim’ora.