Le conflit sino-indien devrait retenir au premier chef l’attention des diplomates du monde entier parce qu’à côté de ce conflit-là, entre géants planétaires, aucun autre ne saurait se comparer.
C’est en réalité l’affrontement de deux systèmes l’un démocratique et l’autre autocratique, même si la démocratie indienne n’est pas parfaite – la nôtre l’est parfois moins encore – et que la République populaire de Chine évolue à sa manière, tant au plan local qu’au plan national, vers une écoute et une prise en compte des aspirations populaires qui est un embryon de démocratie.
C’est une rivalité militaire puisque les deux nations disposent d’armées puissantes et de vecteurs nucléaires, c’est aussi une rivalité permanente à l’extérieur, les deux nations étant souvent concurrentes dans leur recherche d’espace à coloniser économiquement, notamment pour en exploiter les ressources naturelles, en Asie du sud-est mais aussi en Afrique.
C’est parfois aussi la rivalité de deux diasporas immenses et dont les succès respectifs sont souvent extraordinaires. Des Etats-Unis à l’Afrique en passant par l’Asie mais aussi aujourd’hui en Europe, le nombre et la qualité des Chinois et des Indiens de l’extérieur font que ces deux nations exercent une influence grandissante sur la planète toute entière.
L’évolution des relations sino-indiennes sera la grande affaire des décennies à venir.
Cependant, cette relation est empoisonnée depuis 1947 par des différends frontaliers et des rivalités par petits Etats himalayens interposés dont les enjeux paraissent dérisoires par rapport à ceux des relations sino-chinoises dans leur globalité mais qui entraînent une vigilance voire une méfiance réciproque et parfois des tensions sur le plan militaire extraordinairement dangereuses.
Il y a d’abord deux ou trois questions de délimitation de frontières qui intéressent des territoires situés à plus de 5 000 mètres d’altitude dans lesquels aucun résidents ne peut survivre sans oxygène, où la vie-même avec cette assistance respiratoire reste très difficile mais qui n’en font pas moins l’objet de rivalités récurrentes entretenant une manière de guerilla froide sur les glaciers les plus hauts du monde dont chacun pourrait se moquer si l’on n’était pas conscient que cela pourrait un jour dégénérer.
Il y a aussi les influences respectives qui s’exercent dans les mini-Etats himalayens : le Népal, traditionnellement dans la zone d’influence indienne mais où la rébellion maoïste semble avoir aujourd’hui pris le dessus, le Sikkim qui a été finalement annexé par l’Inde tandis que le Bhoutan a été placé sous son protectorat.
Il y a enfin l’impossible question du Cachemire qui empoisonne tout autant les relations sino-indiennes que les relations indo-pakistanaises.
En substance, une partie de l’ancien royaume du Cachemire, le Ladakh, est évidemment de culture tibétaine, ce qui conduit les Chinois à le revendiquer tandis que les Indiens revendiquent eux une partie de l’actuelle province tibétaine de la Chine au motif que ses habitants auraient été avant l’indépendance de l’Inde tributaires du Maharadjah de Cachemire.
Et pour couronner le tout, les Indiens accueillent depuis l’invasion du Tibet par l’armée chinoise, le Dalaïlama, ancien monarque de la théocratie tibétaine, qu’ils traient avec de grands égards et de manière tout à fait officielle.
Malgré cet embrouillamini himalayen dont la complexité semble en raison directe de la hauteur des montagnes les plus élevées du monde, il peut arriver aux deux parties de faire preuve de pragmatisme. Lors d’un incident récent, l’armée chinoise a établi un camp sur un emplacement dont l’Inde revendiquait la souveraineté. L’armée indienne a établi un camp à proximité immédiate du camp chinois et après un contact entre les deux ministres des affaires étrangères, les deux camps ont été démantelés et chacun est revenu sur ses positions.
Le nouveau Premier ministre chinois s’est ensuite rendu en Inde et chacune des parties a affirmé sa volonté d’apaiser les tensions, de relancer la coopération dans tous les domaines et de s’accorder sur cette évidence qu’a rappelé le Premier ministre indien : « le monde est assez grand pour satisfaire les aspirations à la croissance de nos deux peuples ».
La glace n’est pas encore brisée, le réchauffement est insuffisant mais c’est tout de même un commencement de dégel.
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Corsicainfurmazione.org by @Lazezu
Revue de Presse et suite de l’article :
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