La diffusion, la vitalité et l’évolution d’une langue constituent sans doute le procès le plus complexe du corpus traditionnel des sciences humaines ; même les plus au fait des élus corses ne pourraient raisonnablement en présager l’accomplissement tant l’interaction des facteurs sociaux, économiques et politiques y est imprévisible.
La langue est le fruit de la pratique quotidienne d’une société : elle est un fait culturel qui par nature entre dans le champ du politique. La mesure de principe adoptée par l’Assemblée de Corse représente la part du politique dans le débat linguistique. En l’occurrence et plus précisément, la motion votée le 17 mai à l’Assemblée de Corse représente une étape dans l’affrontement politique qui oppose en Corse depuis un demi-siècle l’État et la Corse sur deux thèmes centraux : le modèle de développement économique et l’expression collective de l’identité corse. A cet égard, l’adoption très majoritaire de cette motion représente une victoire idéologique pour ceux qui militent pour l’émancipation de la Corse face à un État confronté à une crise politique qui pourrait l’emporter. Mais l’analyse du scrutin et l’évolution des débats qui l’ont précédé soulèvent un certain nombre de questions.
Constatons tout d’abord que les plus légitimistes n’ont pu constituer un « front du refus » qui caractérisait jusqu’ici la vie politique de l’Assemblée, droite et gauche se mobilisant contre les propositions nationalistes, s’entraidant mutuellement, généralement par l’abstention. Curieusement c’est l’opposition de droite qui a défendu les positions de l’État, alors que le gouvernement parisien est à gauche ! Le réquisitoire de Jean Jacques Pannunzi paraît sortir directement de la bouche du préfet et donne d’ores et déjà la position de Paris sur la question ! Là encore, les plus hostiles au projet, furent ceux- souvent les plus âgés-dont le corse a été la langue vernaculaire. Paradoxe habituel mais seulement apparent…
Du côté de la majorité on peut dire que les positions se sont révélées pour le moins nuancées, en particulier en commission où le porteur du projet, Petru Ghjunga, a dû surmonter les querelles byzantines de la gauche comme de la droite, pour faire passer un texte au demeurant bien « ficelé ». Mais la majorité n’a pas explosé, malgré la non-participation du groupe « républicain », et Paul Giacobbi peut s’estimer satisfait d’un succès qui n’est pas sans réserves et qui fut long à se dessiner. Sur l’échiquier politique, et c’est bien de cela qu’il s’agit, les vrais gagnants sont les nationalistes, toutes tendances confondues. L’unité d’action et la pugnacité dont ils ont fait preuve dans un débat souvent biaisé, à la fois par des arrières-pensées tactiques et par la menace d’inconstitutionnalité, leur a permis de faire passer le projet de l’exécutif. Rien n’est réglé pour autant et de toutes les façons ce n’est pas ce texte, fût-il approuvé par le parlement, qui suffira à faire vivre et évoluer notre langue. Des 36 conseillers qui ont voté en faveur de son adoption, tous ne l’ont pas fait pour les mêmes raisons et on peut dire que la gauche qui l’a présenté et voté, l’a fait davantage pour calmer le jeu et assurer la tranquillité relative d’une majorité hétérogène, que pour faire avancer le « schmilblic ». Enfin, si le vote favorable de Marie Antoinette Santoni-Brunelli n’est en aucune façon anecdotique et devrait interpeller l’UMP sur les comportements archaïques de certains de ses membres, la sclérose de la vie politique corse constitue un obstacle apparemment rédhibitoire à la résolution de nos problèmes. Il faudra bien tenter de reconstruire la Corse un jour où l’autre ; dans cette perspective , les Nationaux unis représentent une force de résistance et de proposition décisive. Dés lors, ils ne sauraient limiter leur ambition à être les supplétifs de tel ou tel mouvement tant il est vrai qu’ils ont la capacité de peser dans le combat politique et d’arracher le droit des Corses à construire leur destin.
INDIPINDENZA
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by @Lazezu « Corsica Infurmazione peut il avoir une ‘tite subvention ? » « Ceux qui sont pour ? Ceux qui sont contre ?, Ceux qui s’abstiennent ? »
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