Eh… plouf ! L’Alsace 2013 ressemble comme deux gouttes d’eau à la Corse 2003. Les électeurs de l’une viennent de rejeter sans ménagement, lors d’une consultation locale, la proposition qui visait à supprimer les deux départements constituant la région au profit d’une collectivité unique, comme l’avaient fait les électeurs de l’autre il y a dix ans.
La symétrie est d’ailleurs totale : mêmes sondages indiquant que le « oui » l’emporterait sans problème, même unanimité de la classe politique en faveur de cette simplification administrative, et à la sortie même désaveu de la population. Du coup, même explication implicite de la part des partisans des solutions institutionnelles. Derrière les précautions d’usage dictées par le risque d’un effet boomerang : le peuple est bête ; il ne sait pas où se trouve son intérêt. Même argumentation explicite : le mauvais choix de la date du scrutin en pleine vague de contestation des gouvernements en place. Avec une spécificité insulaire : cette idée, simpliste mais commode, quand on perd une élection, c’est qu’il y a eu fraude. En revanche, quand on gagne ou qu’on estime le résultat satisfaisant, c’est que les choses se sont passées normalement. Il faut bien que ceux qui énoncent en l’occurrence des balivernes conservent ce droit élémentaire de pouvoir s’exprimer. Ce n’est d’ailleurs pas la seule similitude entre l’Alsace et la Corse.
L’autre, de type électoral aussi, est le fait d’avoir éliminé, à la présidentielle de l’an dernier, le candidat de la gauche au premier tour au profit de la candidate de l’extrême-droite. D’un strict point de vue démocratique, il n’y a rien à objecter ; du point de vue de l’appréciation des valeurs républicaines, il y a beaucoup à méditer. C’est sans doute pour cette raison que la classe politique insulaire, y compris les nationalistes, n’a pas cru devoir fournir la moindre analyse sur ce qui est pourtant de première grandeur. Mais de la république, on s’en tamponne le coquillard ! De 2003 à 2013, la leçon est pourtant patente : c’est qu’on ne réforme pas la carte administrative sans se poser simultanément la question de l’aménagement du territoire. C’est ce qui a été à peine esquissé en Alsace ; c’est ce qui avait été complètement occulté en Corse. Lorsqu’on conduit un combat de façon nulle, on n’a pas le droit de se plaindre que le peuple – ce fameux peuple dont il faudrait apprendre à définir les contours – vous lâche en route.
Joseph Guy Poletti
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Revue de Presse et suite de l’article :
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