Ce mardi, en préambule du débat et du vote concernant la co-officialité de la langue corse qui commenceront jeudi, Femu a Corsica a réaffirmé sa position de départ, à savoir que sans co-officialité, point de salut pour le corse. (article Alta Frequenza dans la revue de presse)
voici le texte de FEMU A CORSICA :
Trente ans après, le 25 avril 2013, l’Assemblée de Corse va se prononcer sur le statut de coofficialité de la langue Corse.
Ce rendez-vous est historique : le combat pour la langue corse et une société bilingue a été au cœur de l’engagement de toutes les générations de militants partie prenante de la démarche Femu : des premiers combats des années 60 au riacquistu des années 70, de l’ouverture de l’Université jusqu’aux manifestations des années 90 à aujourd’hui.
Et avant même le débat et le vote de jeudi prochain, l’opinion publique corse, elle, a éjà tranché : elle se prononce très majoritairement en faveur…
Cette victoire est celle de toutes celles et de tous ceux, militants politiques et associatifs, poètes, groupes culturels, parents d’élèves, anciens, se sont battus pour que cette langue vive et retrouve dans la société la place qui lui revient de droit.
Ce qui pouvait sembler, hier encore, une utopie est aujourd’hui à portée de main.
Pour Femu a Corsica, réussir ce premier pas sera le plus bel hommage à tous ces hommes et à toutes ces femmes qui ont porté avant nous le drapeau d’un peuple qui aspirait à rester lui-même, à parler sa langue et à imaginer un avenir de paix, d’identité retrouvée et de développement.
La langue corse est en effet un élément central de notre identité individuelle et collective. Elle est aussi un facteur de cohésion sociale, le meilleur outil d’intégration, et un gage d’ouverture vers notre environnement méditerranéen et européen.
II – les enjeux du vote du 25 avril
A – La coofficialité, condition nécessaire à la survie et au développement de la langue corse
Le premier enjeu est d’ordre vital : la langue corse est aujourd’hui menacée de disparition.
Sa survie et son développement nécessitent l’obtention d’un statut de coofficialité, moyen juridique dont l’objectif est la construction d’une société bilingue.
Ce constat est validé par les scientifiques, aussi bien dans le domaine linguistique, que dans le domaine juridique : le récent rapport commandé par la CTC à quatre constitutionnalistes français de renom dessine un chemin juridique possible pour le statut officiel de la langue Corse.
Les propositions de maintenir la langue corse dans un statut d’optionnalité sont dangereuses car elles enferment la langue corse dans une logique de discrimination qui à moyen terme sonnera le glas du projet linguistique bilingue auquel tout le monde dit aspirer.
Cette optionnalité est celle qui régit aujourd’hui la langue corse et n’a pu empêcher sa quasi-disparition.
De même, il est vain de tenter de susciter les vieux réflexes de crainte et de repli, selon lesquels la coofficialité serait discriminatoire : elle s’inscrit dans un processus échelonné sur plusieurs années, qui permettra à la société corse et aux citoyens qui la composent d’évoluer de façon naturelle et apaisée vers un bilinguisme généralisé.
Hors la coofficialité, point de salut, donc, pour la langue corse.
Cette conviction est aujourd’hui partagée par de nombreux élus, toutes tendances politiques confondues, et nous nous félicitons des évolutions enregistrées, tant à gauche qu’à droite, à cet égard.
Nous appelons donc les élus des forces politiques traditionnelles qui veulent vraiment permettre à la langue corse de vivre, à voter le rapport sur la coofficialité en l’état, en refusant de s’associer aux manœuvres visant à le dénaturer ou à la vider de sa substance.
B – La coofficialité, pierre d’angle de la démocratie linguistique à construire
Le débat sur la coofficialité n’implique pas que des enjeux internes à la société corse.
Il permet également de définir le rôle et la place de notre langue et de la Corse sur une scène européenne internationale où l’on réfléchit à l’éducation de demain, dans un monde ouvert et pluriel, marqué par l’émergence de sociétés devenues, de fait, multiculturelles, et dans lequel le monolinguisme d’État défendu par la France tend à devenir une exception rétrograde.
FEMU A CORSICA a ainsi dénoncé la non ratification de la Charte des langues minoritaires par l’Etat, ou encore l’absence d’une véritable place pour la langue Corse dans les dispositions de la loi de refondation de l’école de Vincent Peillon.
Mais la problématique va bien au-delà de l’amélioration du statut actuel des langues régionales.
Pour des dizaines de millions de citoyens européens, le bilinguisme ou le multilinguisme sont déjà, et depuis longtemps, des réalités vécues de façon naturelle.
De même, dans de nombreuses Nations sans Etat de l’Union européenne, le processus politique de sauvegarde et de promotion des langues menacées passe par le statut d’une langue coofficielle sur son propre territoire, à l’instar de ce qui se fait en Catalogne, au Pays Basque ou au Pays de Galles…En ce moment même à Bruxelles, l’ eurodéputé François Alfonsi présente son rapport d’initiative sur les langues en danger de disparition à la Commission Culture du Parlement Européen qui sera mis au vote du parlement au mois de juillet et dont l’adoption sera un pas important pour nos langues, comme l’a été l’adoption de la Charte des langues régionales ou minoritaires du Conseil de l’Europe il y a 20 ans.
Pour toutes ces raisons, le vote du 25 avril apparaît comme un rendez-vous décisif.
Il peut devenir l’acte fondateur d’un chemin de développement, d’espoir et de paix pour ce pays, et sa jeunesse.
È cusì sia !
Revue de Presse et suite de l’article :
Sur le Journal de la Corse, Sur Alcudina, sur Corsica Infurmazione/Unità Naziunale, sur France 3 Corse, Sur Corse Net Info (CNI), sur Corse Matin, sur Alta Frequenza, sur RCFM
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