#corse – Testa Ventilegna : Corsica Libera appelle à la mobilisation

Le mouvement indépendantiste appelle à un rassemblement massif, dimanche 21 avril à 10 heures, sur le site de la Testa Ventilegna, situé sur la commune de Figari, au croisement de Figari-Bonifacio-Pianottoli. Rejoint par les associations membres du Collectif Loi Littoral, il entend dénoncer un projet d’urbanisation de plus de 8 hectares au cœur du site naturel, symbole de la résistance à la spéculation immobilière.

Une autre action est prévue en mai contre l’implantation de deux golfs en Balagne. Inquiet de la multiplication des projets immobiliers, Corsica Libera va saisir l’Assemblée de Corse (CTC) pour demander l’application des orientations du PADDUC, votées à l’unanimité. Explications, pour Corse Net Infos, d’Esteban Saldana.

Esteban Saldana, membre de Corsica Libera

– Pourquoi lancez-vous un appel à manifester sur ce site ?
– La Testa Ventilegna est un site naturel très symbolique pour le mouvement national parce que ces 1500 hectares de côte vierge sont menacés, de manière récurrente, depuis 40 ans, par la spéculation immobilière. Dans les années 90, il était la proie de projets touristiques et urbanistiques démesurés, toujours au détriment de l’environnement et des intérêts des Corses. C’est, de nouveau, le cas aujourd’hui. Nous appelons la population et l’ensemble des forces politiques de progrès à se mobiliser à nos côtés et à celle du Collectif de la loi littorale pour défendre, dimanche, à partir de 10 heures, sur le site, les intérêts de la Corse et des Corses.– Ce site n’est-il pas protégé ?
– Aujourd’hui, la plus grande partie du site appartient au Conservatoire du Littoral et est classée Znieff 1 (zones naturelles d’intérêt écologique) et zone Natura 2000. Elle est donc protégée. Mais, lors de la vente par le groupe AXA en 2000, la commune de Figari a acquis une parcelle centrale sur laquelle les terrains sont classés Znieff 1 et Natura 2000, à l’exception de la zone où est prévu le projet urbanistique.– De quel type de projet s’agit-il ?
– C’est un projet d’hameau nouveau, ce fameux concept qui fait office de cheval de Troie pour urbaniser des zones à priori non-urbanisables. Le projet, qui au départ s’étendait sur 14 ha, a été réduit à 8,8 ha qui seraient à urbaniser. Or, ces 8,8 ha sont des terres agricoles à très forte potentialité. La mairie présente, d’ailleurs, cet hameau nouveau comme étant à vocation agricole en y intègrant une plantation d’immortelles. Sauf que, lorsqu’on y regarde d’un peu plus près, le projet prévoit la construction de deux hôtels, de résidences hôtelières, de logements pour saisonniers… On se rend compte que c’est, avant tout, un projet à vocation urbanistique, touristique et immobilière sur des terres agricoles à très forte potentialité.

– L’Etat a-t-il donné son accord ?
– La DREAL (Direction régionale de l’aménagement et du logement) a fait analyser la pertinence en zone protégée des terrains du Conservatoire du littoral par la société Biotope, mais pas celle des terrains appartenant à la Mairie. Elle a dit qu’elle n’avait pas les financements nécessaires pour le faire ! C’est quand même un peu étonnant ! Sur les terrains du Conservatoire, aucun projet n’est prévu. Si la DREAL a donné un avis favorable au projet communal, la Chambre d’agriculture de Corse du Sud, elle, a donné un avis défavorable.

– Pourquoi vous référez-vous à l’ancien PADDUC ?
– L’ancien PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse), où étaient prévus nombre de projets de bétonisation du littoral sur des zones sensibles, protégées ou agricoles, a été abandonné grâce, notamment, à la mobilisation du mouvement national. Sur le site de la Testa Ventilegne, comme sur d’autres sites, resurgissent des projets contenus dans cet ancien PADDUC. Ils tentent de se faufiler ou de passer en force, rapidement, avant l’élaboration du nouveau plan qui, en tant que document de référence en matière d’aménagement du territoire, sera opposable aux tiers. Toute procédure ou déclaration d’urbanisme devra être exactement conforme à ce nouveau PADDUC.

– Que demandez-vous ? 
– Nous demandons que soient respectées les orientations générales du futur PADDUC qui ont été votées à l’unanimité et qui précisent que la préservation des terres agricoles est une priorité pour impulser le développement. Nous demandons, également, le gel des décisions d’urbanisme sur ces zones sensibles et protégées en attendant l’adoption du futur plan. Pour cela, nous allons déposer une question orale et une motion lors de la prochaine session de la CTC demandant aux élus de prendre, à l’unanimité, une décision politique et symbolique forte qui va à l’encontre de ce type de projet.

– Prévoyez-vous d’autres actions ?
– Dans le même ordre d’idées, nous organiserons, au mois de mai, une action pour nous opposer au projet de construction de deux golfs en Balagne, l’un à Feliceto et l’autre à Calenzana. Ce projet, qui était inscrit à l’ordre du jour de la prochaine session de la CTC, a finalement été reporté, sans être abandonné.

– Pourquoi vous y opposez-vous ?
– Tout d’abord, ce projet se fait sans aucune concertation. Ensuite, nous ne pensons pas que l’implantation de golfs favorise un développement touristique pertinent. Pour exemple, le Sud-Ouest de la France, qui est une terre de golf et qui avait misé sur les golfs pour se développer, est confronté à un fiasco total. Les golfeurs préfèrent aller en Espagne ou en Ecosse. La Corse compte déjà quelques golfs qui ont un impact néfaste sur l’environnement. Les deux projets balanins sont prévus sur des terres agricoles avec un investissement de 15 millions € de la CTC. Quand on sait que le président de la Chambre régionale d’agriculture dit qu’un établissement public, doté de 30 millions €, suffirait largement pour installer durablement l’agriculture et pour impulser un développement agricole en Corse où le foncier est le cœur du problème, on peut penser qu’il y a d’autres priorités ! En tous cas, la CTC affiche d’autres priorités.

– La construction de golfs ne pose-t-elle pas également d’autres problèmes ?
– Oui. Il y a le problème de l’eau dans une région comme la Balagne qui en manque tous les étés. Quelle sera la situation quand il y aura deux golfs qui sont de très grands consommateurs d’eau ? Ensuite, autour d’un golf, qui nécessite plus d’un milliard € d’investissements, se crée toujours une zone de résidences de luxe, qui fait exploser le prix des terrains dans toute la région alentour. Si on ne dispose pas de mesures de protection, par exemple la citoyenneté corse, les Corses ne pourront plus continuer à acheter chez eux. Déjà qu’en Balagne, les prix des terrains sont très élevés, s’ils devaient encore être démultipliés, où irions-nous ? Il faut se poser la question !

Propos recueillis par Nicole MARI

Revue de Presse : 

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