#corse info – « Et si François Hollande fermait la porte au dialogue ? »

Plus l’Assemblée de Corse progresse dans la construction d’un consensus politique parmi les représentants du peuple corse, plus il est clair que l’affrontement sera sévère pour renverser le dogme jacobin tel qu’il s’applique à la Corse.  Que faire face à ce mur d’incompréhension ? 

Il faut bien sûr tout d’abord s’affirmer, c’est-à-dire délibérer au nom du peuple corse. Car il existe des lois au-dessus des constitutions des Etats, telles les chartes des droits fondamentaux qui construisent un ordre juridique international qui affirme que « tous les peuples ont droit à l’autodétermination ». Les mots ont leur importance. Tous les peuples, c’est-à-dire le peuple corse autant que les autres. Et l’autodétermination n’est pas l’indépendance stricto sensu. Elle l’envisage, elle peut y mener, mais ce n’est pas une finalité en soi. L’autonomie est aussi une forme d’organisation qui relève de l’autodétermination, non pas alors en rupture avec l’Etat dominant, mais en négociation avec lui. C’est par exemple ce que l’on observe en Irlande du Nord. Car le corollaire naturel du droit des peuples à l’autodétermination, c’est le devoir de négociation qui s’applique aux Etats.

Ainsi, l’ordre juridique international est bafoué par la Constitution française. C’est ce qu’illustre avec force le refus de la ratification de la Charte Européenne des Langues Minoritaires. D’ailleurs, les représentants français au niveau international naviguent avec difficulté. Pourquoi ne ratifiez-vous pas la Charte, leur demande régulièrement le Conseil de l’Europe ? Leur réponse : ce n’est pas nécessaire car il n’y a en France qu’un seul peuple, le peuple français. Cette réponse est négationniste à l’égard du peuple corse et d’autres peuples historiques, ce que l’Europe sait pertinemment, et, en fait, cette réponse est même profondément stupide, car, s’il était vrai que le peuple français était le seul à vivre en France, alors quelle raison pourrait-on avoir de ne pas ratifier cette charte comme les autres Etats européens ?

Mais l’embarras diplomatique de la France ne peut suffire. Comment le peuple corse peut-il affirmer sa libre détermination, et présenter sa légitime revendication sur la scène internationale ? La voie du referendum, à un moment ou un autre, sera bien sûr incontournable, car elle seule vaut saisine des instances internationales. Aussi l’attitude des Etats consiste le plus souvent à empêcher le principe même de la tenue d’un referendum, le plus souvent par le recours à la loi constitutionnelle. C’est la menace que l’Espagne par exemple oppose à la Catalogne, alors que le Royaume Uni a consenti à en organiser un en Ecosse, ce qui est une première victoire des nationalistes écossais, et une conséquence directe de leur rôle désormais dominant sur la scène politique écossaise. Mais attention aux « coups tordus » à venir, car, en Ecosse comme en Alsace ou en Corse, l’Etat mettra tout son poids pour arracher un vote négatif, et ainsi gagner du temps !

Aussi, pour obliger l’Etat français à négocier, il faudra au plus tôt disposer d’une représentation élue du peuple corse apte à s’engager sur la scène internationale, européenne et mondiale. C’est ce que nous faisons sur le terrain européen avec l’ALE et grâce au mandat de député européen, et ce sera la logique même de la démarche des élus nationalistes s’ils arrivent demain aux responsabilités au sein des institutions de la Corse.

Aujourd’hui, le mouvement nationaliste corse est fort, mais encore minoritaire sur l’île. Sa force fait bouger les lignes, et le débat de l’Assemblée de Corse démontre ces évolutions internes au sein du Peuple Corse. Le « compromis corse » issu des équilibres actuels est celui d’une révision constitutionnelle qui ouvre la porte à des revendications essentielles comme l’officialité de la langue corse, l’autonomie fiscale ou le statut de résidant.

Ou bien l’Etat français accepte la négociation sur ces bases minimales, et un équilibre peut s’instaurer qui assure une longue période de compromis. Ou bien ce n’est pas le cas, et il faudra faire entendre la volonté du peuple corse, dans les rues d’Aiacciu et de Bastia, dans les urnes d’un referendum, et dans les enceintes du droit international. Pour ce faire, tous les attributs de la légitimité sont nécessaires, à commencer par un mouvement nationaliste exprimant avec force et cohérence la mobilisation du peuple corse.

François ALFONSI

Revue de Presse : 

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