A quelques semaines des 21 ans de la catastrophe de Furiani, il n’y a aucune certitude à ce que ce jour fatidique soit respectés par les instances françaises de football.
Ce 5 mai 1992, la tribune du stade de Furiani s’effondre juste avant le match Bastia/OM. 18 personnes sont tuées. Ils étaient spectateur, journaliste, joueur… des passionnés…
« 21 ans bientôt et pour beaucoup d’entre nous c’était hier »
20h20, de l’extrême gauche de la tribune nord arrive le grondement des pieds qui tapent sur la tribune, le speaker nous rabattait les oreilles de ne pas taper des pieds par mesure de sécurité. De ne pas taper des pieds, pour nous ce n’était pas un match de tennis ou de golf. Ce grondement de pieds est a peine arriver jusqu’à nous, j’ai regardé à l’extrême droite de la tribune des gens qui faisait pour moi quelques chose d’incompréhensible, d’inimaginable, d’inexplicable, la tribune s’effondrait sous leur pied en tanguant de gauche a droite puis de droite a gauche. Cette impression qu’ils étaient ridicule de faire ça dura une demi seconde car a notre tour, on tombait de haut ! Une impression d’être aspiré par les jambes et de toucher le sol dans un fracas indescriptibles, une perte de connaissance très courte, j’ouvre les yeux et je vois un amas de ferrailles autours de moi, des gens qui nous regarde du haut de ce qui reste de tribune et un choc total pour mon esprit. De suite je pense à la catastrophe de SHEFFIELD en ANGLETERRE, j’ai peur d’être piétiné, ni une ni deux, je me lève avec les blessures que j’ai et la tête dans le brouillard, je ne vois personne de connus, seul YP allongés sur le sol, qui me tend la main, je lui tend la mienne et la c’est le brouillard, une douleur insupportable me fait hésiter a lui retendre la main.
Je pars en titubant vers nulle part, je marche au milieu de corps allongés sur le sol, de personnes assises ou d’autres personnes en divagation. Au milieu de ce qu’on peut appeler une route, je me laisse tomber sur le sol, assis je contemple les gens, je ne vois aucun visage, a ce moment la comme depuis la chute je suis comme dirais un secouriste en état de choc, je refais surface peu à peu, il y a de plus en plus de monde autours de moi, entre les secouristes, les réchappées du drame, les curieux et les autres, je me rappelle que j’ai un frère et des amis avec moi, je fais pour me lever et de nouveau cette douleur fulgurante qui m’oblige a rester au sol, je m’autodiagnostics et j’en déduis par mon manque d’air et ma difficulté a parler, que je suis atteint au niveau de la cage thoracique, mon mal d’épaule me fait penser à une fracture de la clavicule, sans aucune expérience dans ce domaine, je suis un blessé léger.
Impossible de me lever, impossible de communiquer avec les gens qui passe autours de moi, je n’ai pas de voix. Un type se penche sur moi, et me demande qui je suis, comment je vais, je lui dis que tout va bien, que je n’ai qu’une fracture de la clavicule et lui demande de me lever, impossible de bouger. Il s’en va soigner d’autres blessés, moi je me retrouve avec deux autres personnes, elles aussi blessé, je crois me souvenir que l’une dans elle avait une fracture ouverte et n’arrêtait pas de pleurer, l’autre paraissait tranquille.
Une chaîne s’organisait, les gens, en se tenant la main faisait un couloir humain d’évacuation, mais manque de bol, j’étais en plein milieu, des C.R.S. qui avaient été prévus pour nous taper dessus, me soulevèrent à quatre pour me remettre debout, j’ai croisé quelqu’un du village, qui m’a dit que parmi nous il y avait des blessés très grave voir pire, et que JFD était allongé plus haut. Arrivé à la hauteur de J.F.D, il était allongé sur une planche de la tribune qui servait de brancard. Drapé dans plusieurs drapeaux corse, il souffrait le martyr, il m’expliqua que les autres c’était pas beau a voir, je ne me souvient plus de tout. Je lui ai mis mon drapeaux corse sur lui et un secouriste m’a demandé si je voulais aller à l’hôpital, j’ai dit oui et je suis monté a bords d’une 4L de gendarmerie, il y avait des gyrophares de partout, des pompiers, des ambulanciers, des policiers, tout le monde était la pour nous sauver. Dans la 4L, il y avait d’autres victimes de cette folie.
Arrivée à FALCUNAJA, je me retrouvais dans les premiers évacués, dans l’entrée URGENCE, j’ai marché jusqu’aux toilettes et dans le couloir des chiottes je me suis assis en attendant la suite du film catastrophe, l’entrée des urgences se remplissait au fur et a mesure, tous assis ou allongé a même le sol, criant ou pleurant attendant des soins, un geste, quelque chose pour oublier cette folie. J’ai vu passer SV sur une planche brancard, sans connaissance, sa main plâtré d’un précédant accident dépassant du brancard, j’ai imaginé le pire pour lui, mon frère et les autres, a aucun moment je me suis laissé aller à la déprime, ni à la panique. Je suis resté dans les toilettes toute la nuit, j’ai vu passer des têtes de SULINZARA qui cherchait quelqu’un, mais aucune nouvelle des autres.
Vers 4 ou 5 heures du matin, R. la mère de FB, me trouva avec un soulagement certain. Peu avant j’avais eut des piqûres de morphine pour la douleur. Dans l’entrée de urgences on était de moins en moins nombreux, je fus un des derniers évacués. Mis sur un fauteuil roulant, R. me poussa, dans un couloir ou était sûrement GG, sur une planche brancard, en train de gémir, d’insulter les infirmières enfin de se plaindre (enfin je crois). Vers 6 heures du matin, une fois que tout le monde fut rassuré sur mon sort, on se décida à me proposer des soins, double choix, soit je patientais pour faire des radio toute la journée, soit je partais en Evacuation sanitaire sur le continent. Rester encore une journée comme ca me faisait devenir fou, je suis parti de FALCUNAJA a bord d’une ambulance privée, avec une personne allongée sur un brancard, deux autres assis sur le banc.
Cette personne avait une envie pressente de faire un besoin, pas moyen de s’arrêter ni de la déshabiller, elle n’avait que deux choix soit de se faire dessus, ce que nous lui avions conseiller de faire l’ambulancier et moi, soit d’attendre l’arrivée à l’aéroport de PURETTA. Elle choisit de le faire plus tard avec la douleur a supporter. Je suis monté à bord de l’avion pour Marseille, arrivée à MARIGNANE, des pompiers m’ont collé un POST-IT, avec mention luxation de l’épaule qu’ils ont essayé de me remettre deux fois sans succès. Une fois dans le V.S.A.B, le dialogue avec les pompiers tourna autours de ma future saison à SARI. Vers 10h00 du matin, je suis arrivée à l’hôpital d’AIX en Provence, les médecins et infirmiers se sont de suite occupés de moi, attelle pour mon épaule, piqûres, affari. Avant de rentrer en salle RADIO, j’ai demandé si on était nombreux de la promo FURIANI 92, elle me répondit que ce n’était pas la le sujet et me mis dans la salle » transfert « . Ensuite direction la salle de radio, j’ai croisé YP qui sortait de la salle de soin direction la salle radio, et la ce fut l’explosion de joie, » Oh Yann » » oh ANTO » » mettez nous dans la même cellule, heu chambre ! Après ça je suis tombé dans les vapes suite a leur bidouille d’épaule dans la salle de soin. YP m’a dit plus tard que j’avais crié et insulté les infirmiers. Dans la chambre avec YP, je ne me souviens pas de tout, sauf d’avoir vu deux vielles dames qu’on a surnommés les VAMPS, un flic que j’ai envoyé balader, des gens, des amis et la famille venus en catastrophe de paris, Marseille…
Dans la nuit YP qui avait en plus de ses blessures répertoriés une autre fracture au genou n’arrêtait pas de bouger en se lamentant tout en dormant et en se tripotant tout le corps ! Il se réveilla et s’aperçut que je regardais la télévision à 4 heures du matin. Un jour où j’ai voulu lui passer un document, on a eut un fou rire réconfortant. Je suis parti deux jours après (enfin je crois).
J’ai pris un taxi pour aller à MARIGNANE direction BASTIA, à l’aéroport personne pour m’attendre, un taxi et direction FALCUNAJA. Le taxi m’a emmené à FALCUNAJA, rien de très étrange pour lui, de prendre une victime de cette machination. Arrivé à l’hôpital, je me suis directement rendu dans la chambre de mon frère, mes parents le visage décomposé m’avait prévenu de l’état de mon frérot. Mais quand je l’ai vu, j’ai eu deux réactions, une peur immense et un désir de ne pas croire ce que je voyais, ce que je fis de suite. Mon frère la tête défoncée par la chute, la moitié du visage boursouflé, les yeux injecté de sang, des bandes de partout, des tuyaux de partout, un enfer visuel pour moi, une douleur atroce pour lui. Je me suis tout simplement enfui pour voir les autres, j’ai vu SV, JMD, et JCP juste avant qu’il ne fasse son embolie pulmonaire et qu’il parte en réanimation avec un diagnostic plus que pessimiste. La longue chute n’était pas finie. Les autres étaient plus ou moins touchés à la colonne vertébrale, avec comme avenir des plaques dans le dos et des difficultés à la retraite pour se lacer les chaussures.
Pendant toutes cette période de soins, le téléphone fonctionnait à plein tube, le cousin P. sur Marseille, JMR sur Nice, YP sur AIX et les autres dans les hôpitaux de la région Bastiaise, France TELECOM s’est gavé. Je ne peut pas décrire les instants passés à l’hôpital a attendre que tout le monde sorte, que mon frère puisse avaler autre chose que du liquide avec une paille. Que JCP sorte du coma. Un jour, en bas en réanimation, ou il y avait plusieurs victimes de FURIANI, la famille de (….) qui venait de décéder à dit à la famille de JCP, que JC devait s’en sortir pour leur enfant.
Simonpoli Anthony.
PLUS AUCUN MATCH LE 5 MAI
#Corse – [20h20] – Catastrophe de Furiani du 5 mai 1992 – « 20 ans déjà et pour beaucoup d’entre nous c’était hier »
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