(Unità Naziunale – Publié le 5 avril 2018 à 07h54) Le premier but de cette conférence de presse est de rappeler clairement l’injustice subie par les prisonniers T Haramburu, J Esnal, J Parot et U Parot.
Ils on été condamnés à perpétuité par la Cour d’assises spéciale de Paris et Unai Parot a été condamné à 40 ans de détention par le Tribunal Suprême espagnol. Ils ont largement fait leur peine au regard des peines de sûreté auxquelles ils étaient condamnés et à partir desquelles ils pouvaient demander des libérations conditionnelles. En effet J Parot a une peine de sûreté de 15 ans et, T Haramburu et J Esnal des peines de sûreté de 18 ans. Toutes les demandes de libération ont été refusées malgré le luxe de pécaution pris par les services qui évaluent la recevabilité de ces demandes sur des durées de temps très éprouvantes.
Or ils entrent ce mois-ci dans leur 29 ème année de détention. Nous dénonçons avec force que la justice n’est pas juste c’est-à-dire que dans leur cas elle bafoue l’application de la loi à laquelle n’importe quel détenu a droit, en l’occurrence le droit à une libération conditionnelle quand toutes les conditions sont remplies et elles le sont. Tous les détenus sont des personnes inviolables dans ce qui les définit à travers leurs devoirs mais aussi leurs droits. La société basque ne comprend pas et n’accepte pas que leur situation soit prise en étau par les rouages judiciaires qui montrent parfois que la justice semble exister mais pour aussitôt la voir niée par une autre instance, notamment celle du parquet. C’est ce qui s’est passé dans le cas récemment traité de Jon Parot. Alors que le Tribunal d’application des peines répondait favorablement à la 5 ème demande de libération conditionnelle, dans l’heure suivant cette décision de bon sens, il s’est trouvé un procureur pour faire appel recourant à des arguments fallacieux et pernicieux. La Chambre d’application des peines de la Cour d’appel de Paris lui a donné raison maintenant J Parot en prison.
En plus d’une justice juste, nous demandons une justice humaine qui ne tue pas l’espoir dans le cas du Processus de paix et qui doit favoriser le vivre-ensemble d’une société qui se reconstruit après le conflit et les années de souffrance. Nous dénonçons cette continuation de la souffrance dans ce non respect de la loi.
Nous illustrons ce non respect des droits des prisonniers basques en portant à votre connaissance qu’un accident qui a détruit le véhicule, s’est produit ce week-end alors qu’une famille se rendait à Arles sur une distance qui nous le rappelons ne rentre pas dans les prescriptions de la Convention de Genève qui dit qu’un prisonnier de longue peine ne doit pas être dans une prison éloignée de plus de 400km de son lieu de résidence. Nous demandons le rapprochement de tous les prisonniers immédiatement et là encore l’application de la loi. Nous serons attentif aux déclarations de la délégation lors du forum organisé par Bake bidea et artisans de la paix les 6, 7 et 8 avril intitulé « un an après le désarmement: bilan: enjeux et perspectives ».
Le deuxième but de cette conférence de presse est aussi de vous rappeler que le 14 avril est organisée une action d’ampleur préparée par Bagoaz à travers 10 rendez-vous entre Bayonne et Saint Jean de Luz où nous déclarerons « pas un jour de plus ».
Enfin nous vous informons que le samedi 16 juin 2018 aura lieu une grande mobilisation pour continuer notre action en regard des importantes demandes en matière de prise en compte de libération conditionnelle.
Le mouvement de jeune Aitzina appel à manifester le 16 juin.
« Pas un jour de plus »
Comment nous, Bagoaz collectif de 25 organisations en sommes-nous arrivés à cet ultimatum?
Il y a plus d’un mois nous avions demandé pour les prisonniers basques en général et plus précisément pour Xistor Haramburu, pour Jakes Esnal, pour Jon Parot et pour Unai Parot une justice plus juste et plus humaine.
Rappelons les faits: condamnés à perpétuité, des peines de sûreté de 15 et 18 ans avaient été requises pour eux. Or toutes les demandes de libération conditionnelle ont été refusées malgré l’accomplissement de leur peine, malgré les dossiers parfaitement constitués pour les demandes de libération conditionnelle.
Les arguments judiciaires des refus avancés par les procureurs et juges d’application des peines qui prennent les décisions finales, sont à chaque fois tombés comme des couperets dont on voyait immédiatement la dimension politique.
Aujourd’hui nous disons fermement « pas un jour de plus ». Pourquoi?
Parce que l’horizon a changé avec la Déclararion d’Arnaga le 4 mai 2018 et que toute la part de l’argumentaire concernant l’ETA et la récidive n’a plus de raison d’être. Y revenir serait de la mauvaise foi qui contrevient à l’esprit de ce qu’on entend par la justice tandis que tous les intervenants internationaux ont acté la dissolution de l’ETA et ont affirmé que le Processus de paix ne peut plus avancer tant que la situation des prisonniers et des exilés n’est pas abordée avec franchise et dans l’ application de la loi.
Parce qu’il n’est plus tenable que ces quatre prisonniers ne soient pas traités dans le respect de la loi auquel tout être humain a droit. Il y a le drame de ceux qui décèdent en prison. De plus comment entendre et accepter le mot perpétuité dans le pays des droits de l’homme?
Parce que la société basque aspire au vivre-ensemble dont les exigences sont immenses et ne peut plus accepter que les prisonniers soient instrumentalisés pour des raisons d’Etat.
Pour les raisons avancées nous affirmons qu’il y va de la responsabilité de l’Etat français afin de traiter les dossiers de ces quatre prisonniers dans la loyauté du pacte social établi entre l’Etat et tous les citoyens et de ne plus engendrer le sentiment écrasant de se cogner à l’arbitraire ou pire à l’absurdité oppressantes qui sont des pratiques indignes d’un Etat de droit.
Ainsi « pas un jour de plus » non pas comme une menace mais comme une pression réelle de la société basque afin d’attirer l’attention de tous ceux qui dans l’Etat français: gouvernants, élus, juristes, journalistes sont alertés sur les risques qu’ils font courir à des prisonniers qui ont passé 28 ans derrière les barreaux, à des familles et à toute une société qui s’est autodéterminée dans les différentes étapes du Processus de paix initié en 2011.
Pour finir nous vous annonçons que nous organisons une manifestation le 16 juin à 17h au départ de Lauga à Bayonne. La participation de tous et de toutes est indispensable à cette dynamique pour que le Processus de paix avance et pour que enfin la situation des prisonniers évolue. Il y eu 12 rapprochements ces derniers mois, c’est très bien, mais il faut plus de pas et plus vite.