La crise chypriote s’est soudainement emballée. Car l’île des confins orientaux de l’Europe a construit depuis son entrée dans l’Union Européenne et son adhésion à la zone euro un modèle de contre-développement. Comment remettre de l’ordre en limitant la casse, surtout pour les plus modestes ?
Le plan européen pour Chypre a causé une surprise pour tous, et un choc pour les Chypriotes. Une semaine est passée, et, moyennant une refonte du plan initial qui épargne les plus modestes, jusqu’à 100.000 euros d’avoir bancaire, selon la norme européenne, de garantie des dépôts, le plan dans un premier temps honni par la rue et la classe politique chypriotes est en passe d’être validé. Ce qui prouve qu’il n’y avait pas d’alternative.
L’effet de surprise a été évidemment détestable pour des populations que la crise de leur pays place dans l’angoisse la plus extrême. Mais, dans le même temps, aucune course contre la spéculation ne peut être gagnée si on ne prend pas les marchés par surprise ! D’où la terrible « semaine chypriote » que vient de traverser l’Europe.
Dans les faits, les chypriotes viennent de connaître les effets d’une dévaluation, comparable à ce que connaissaient jusqu’aux années 90 de très nombreux européens, y compris les français, la dernière dévaluation du franc datant de 1983. Pour les italiens, les espagnols, les portugais, les grecs, les anglais … et les chypriotes, la dernière dévaluation de leur monnaie nationale a eu lieu en 1992. Puis l’euro a pris la suite, donnant à tous ces pays une monnaie stable, comme l’avait été jusqu’alors le mark qui, bien avant l’euro, donnait déjà à l’Allemagne le rôle de pilier monétaire de l’Europe.
Une dévaluation a un effet simple : vos 100.000 francs d’économie valent 15.000 euros la veille, et, en une nuit, ils ne valent plus que 13.000 euros. Certes vous gardez votre capital en francs, mais sa valeur n’est plus la même, ce que l’inflation qui suit toute dévaluation -par exemple l’essence augmente aussitôt- vous fait sentir très vite. A Chypre, la monnaie n’a pas été dévaluée, l’euro a gardé son cours sur les places mondiales, mais les patrimoines déposés dans les banques ont été amputés par une amputation des avoirs bancaires dont la valeur globale est équivalente aux effets d’une dévaluation. En quelque sorte c’est une « dévaluation virtuelle » qui a été opérée, en préservant, il faut insister là-dessus, l’épargne des classes populaires et des classes moyennes chypriotes, ce qu’aucune dévaluation réelle n’aurait jamais fait.
Par contre, les déposants ayant de gros moyens, qui, pour beaucoup d’entre eux, ne sont pas chypriotes, se trouvent pris au piège de cette ponction sur leurs avoirs. Mais, pour cela, il fallait bien évidemment agir par surprise, car, sinon, ils n’auraient pas mis 24 heures à expédier tous leurs avoirs vers d’autres paradis fiscaux. Car Chypre était devenu une sorte de paradis fiscal au cœur de l’Europe, pour le plus grand profit de grands oligarques mondiaux, parmi lesquels de nombreux acteurs de l’économie russe, de toutes natures, du géant Gazprom à des mafieux de haut vol.
A la base de l’engouement de ces déposants, il y a, ô paradoxe, la stabilité monétaire de l’euro, bien meilleure que celle du rouble, ce qui était censé donner une garantie contre une dévaluation. S’y ajoutait une fiscalité alléchante qui générait pour ces dépôts, officiels ou non, entre moindre imposition et intérêts confortables, des rendements sans concurrence. A tel point que Chypre, 0,2% de l’économie européenne, est devenu, grâce à cet apport de fonds russes ensuite rapatriés au pays, le premier investisseur européen en Russie, devant l’Allemagne !
Suite et source de l’article de François Alfonsi
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