Le leader syndicaliste et militant nationaliste, membre de Corsica Libera, Joseph Colombani, sera élu, ce jeudi, président de la Chambre régionale d’agriculture. Il succède à un autre militant et figure du nationalisme modéré, Jean-Dominique Musso.
Considérant son élection comme une étape et non comme un aboutissement, il retrace, à travers son parcours, l’histoire de la lutte du monde agricole corse depuis 40 ans. Puis, dévoile, à Corse Net Infos, les grandes lignes du rôle qu’il entend jouer à la tête d’une instance régionale, qui devrait, dans six ans, remplacer les deux entités départementales. Son action, s’inscrivant dans le droit fil de son engagement, se basera sur trois axes forts : le marché, le crédit et le foncier.
– Stéphane Paquet, vainqueur en Corse du Sud, a annoncé qu’il se présentait à la présidence régionale. Les accords pré-électoraux sont-ils caducs ?
– Pas du tout ! Il le dit clairement dans sa déclaration. Après sa belle victoire au Sud contre un président sortant, il s’est posé la question de revendiquer la présidence régionale. Mais, comme, au Nord, nous avons plus d’élus, nous avons convenu d’un partage des responsabilités sous une présidence que j’assumerai. Donc, sauf surprise, je serai élu.
– L’élection d’un syndicaliste, militant nationaliste, est-ce une victoire personnelle ou un aboutissement politique ?
– C’est forcément une victoire collective qui, il est vrai, trouve ses racines dans une certaine historicité et dans la vision d’un développement, née dans les années 60. A l’époque, l’implantation d’une catégorie d’agriculteurs, rapatriés d’Algérie, se fait au détriment d’une agriculture vivotante en plaine, de type plutôt pastoral. Et ce, malgré les efforts et les sacrifices consentis par la Corse pour participer pleinement à la République française ! En payant un lourd tribut lors des guerres mondiales ou coloniales, elle a démontré, par le sang versé, son attachement à la France. Au lieu de lui renvoyer l’ascenseur en implantant sur l’île un développement, la France choisit d’aider de manière massive une autre catégorie d’individus, délaisse les agriculteurs corses et les met en danger économiquement.
– De quelle manière ?
– A l’époque, les organismes de crédits, comme le Crédit agricole, ne prêtent pas aux bergers, mettant ainsi en danger le pastoralisme. Ils ne financent qu’une catégorie d’agriculteurs, favorisant l’implantation massive d’une nouvelle culture sur le territoire. Les réactions contre ce type de développement sont violentes. Les premiers attentats ont lieu dans le Fiumorbu. Le Riacquistu politique démontre aux Corses que la République française les prive de développement local. Dans ce droit fil, surgit une revendication de développement identitaire, pas seulement au niveau des produits, mais aussi de la capacité à gérer l’espace agricole dans une complémentarité plaine-montagne. Je nais en 1961, mon enfance est bercée par ce passage où l’agriculture sert de détonateur à la reconquête contemporaine de l’identité corse.
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