Corse – Conflit de l’ARS : les explications du Docteur Clément Filippi

De façon récurrente les centres hospitaliers Corses sont en conflit. Cette fois ci le STC a pris les rênes de la lutte. Rappelons brièvement le sujet.

Depuis des années les hôpitaux corses sont en déficit. A chaque conflit la réponse de l’Etat est identique. On accorde quelques crédits, non renouvelables, on comble un déficit, on met en place un contrat de retour à l’équilibre financier (CREF) difficilement soutenable, bref on  replâtre,  on  saupoudre, on ne résout rien de façon durable. Les hôpitaux publics et privés voient leur activité de soins financées par l’assurance maladie en fonction de  plusieurs critères. Activités de soins payées selon nomenclature, c’est la fameuse T2A tarification A l’activité. Mission d’intérêt général c’est-à-dire services d’accueil des urgences, évacuations sanitaires, missions de santé publique telles lutte anti-tabac, anti addictions, anti-tuberculeuse….

Enfin certains services, moyens et longs séjours, psychiatrie sont financés par une dotation globale, un prix de journée en quelque sorte.

Qu’est ce que le fameux coefficient géographique correcteur ?

Ce coefficient  majore la T2A  pour prendre en compte les surcouts locaux.  Un acte valant 100 est actuellement en Corse payé 106,  le coefficient étant de 0,6 soit  6%. En Corse le surcout, lié à l’insularité, est inévitable. Quelques exemples : Il faut un stockage de gaz médicaux de deux semaines, ces derniers sont très onéreux à transporter, les stocks en médicaments et dispositifs médicaux doivent être doublés en raison d’un délai de réassort supérieur à 48 heures. Tout cela est parfaitement identifié et nécessite de revoir le fameux coefficient à 13 ou 15 % selon les études.

Avec les 7% proposés par l’ARS le compte n’y est pas.  Autre problème, les missions d’intérêt général (MIG). Celles-ci sont financées au prorata de la  population résidente, soit 3000000 or avec l’afflux d’environ 3,5 million de touristes par an, cette population doit-être réévaluée à près de 400 000 équivalents  résidents permanents.

Donc les crédits alloués aux MIG doivent être majorés de 30%.

Si l’ARS et l’Etat veulent apporter  une solution sure et pérenne au financement de l’hospitalisation publique et privée en Corse,  il faut augmenter le coefficient géographique à 15% et augmenter les missions d’intérêt général de 30%.

Toute autre solution n’est pas tenable et ne peut que conduire à la répétition des conflits.

Dans un deuxième temps  il faudra envisager une réflexion sur l’organisation des soins en Corse de façon à la rationaliser et essayer tant que faire se peut de minorer son coût.

Dans l’immédiat nous devons soutenir le STC qui mène un combat juste pour ce qui est le bien le plus précieux de tout un chacun, sa santé.

Docteur Clément FILIPPI Chirurgien

Elu aux union régionales des profession de santé

 

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