#Corse – « Un FLNC performant mais conciliant » selon Gilles Millet de Corsica

Le mouvement clandestin a revendiqué auprès de Corsica la nuit bleue du 7 décembre visant la spéculation immobilière  Une efficacité recouvrée, mais un ton nouveau. Après la nuit bleue du 7 décembre, durant laquelle une trentaine de résidences secondaires ont été plastiquées dans toute la Corse, on pouvait s’attendre à un communiqué de revendication très « va-t’en guerre ».

EditoFLNCcorsicamensulecorseEn effet, Il y avait longtemps que le FLNC n’avait pas montré une telle détermination, appuyée par une redoutable efficacité, face à une répression policière de plus en plus pesante pour lui. Quelle que soit l’appréciation que l’on porte sur ce type d’opérations « militaires ». Mais, curieusement, le communiqué de revendication a un ton relativement modéré qui tranche avec la langue de bois habituelle.

Plus encore, le FLNC « ouvre les portes », puisqu’il annonce : « Notre organisation politique est prête, car nous en avons les moyens, à prendre une initiative historique, contribution majeure à la paix que notre peuple attend. De cette paix, l’Assemblée de Corse est la matrice institutionnelle et le respect des droits souverains de notre peuple en matière politique. Par l’annonce de cette initiative historique, nous prenons nos responsabilités et nous engageons tous les acteurs politiques à faire de même ».

Comme si, sans le dire, explicitement, le « Front » annonçait une trêve, voire un arrêt de la violence armée. Cela étant visiblement soumis au travail institutionnel que semble accomplir une grande partie des forces politiques de l’Assemblée qui devraient s’entendre sur la coofficialité de la lange et n’écartent pas, a priori, un débat sur le droit de résidence de 10 ans réclamé par les nationalistes.

Toutes choses qui, certes, sont soumises à une réforme institutionnelle peu probable pour l’instant, mais qui, si elles faisaient consensus à l’Assemblée, constitueraient un premier pas qui pourrait satisfaire le FLNC. Et lui permettre, à terme, de « reprendre les armes » si l’État tardait trop à reformer la Constitution. Mais nous n’en sommes pas là. En tout cas, cela démontre que le FLNC a « intégré » les progrès et la nouvelle ambiance qui règne entre la gauche, la droite et les nationalistes à l’Assemblée. De même qu’il tient compte de la volonté, en tout cas affichée, du Président Hollande de se déterminer sur la Corse à partir des propositions faites par l’Assemblée (c’est une des rares choses qu’il avait dites, concernant l’île, durant sa campagne).

Pour le reste, dans cette affaire, le FLNC, en frappant dans une vingtaine de communes de Corse, à peu près au même moment, ce qui a mobilisé près de 200 militants (30 attentats, 3 à 4 personnes par attentat), a démontré qu’il restait une organisation efficace, qui gardait ses capacités d’intervention. Cette démonstration, qui avait sans doute été préparée depuis plusieurs semaines, était sans doute également destinée à prouver aux autorités en charge de la Corse qu’elle n’était pas qu’une terre de règlements de compte, mais aussi une terre de revendications politiques. Sur le thème : « Ne nous oubliez pas trop vite. » Les clandestins tenant également à répondre au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls (voire ci-contre) et à se démarquer du banditisme insulaire. Tout cela avec un seul but : dénoncer la spéculation immobilière (« Ce sont 85 000 résidences secondaires qui sont implantées en Corse, soit la trame d’une véritable économie souterraine »). Le tout en précisant : « Nous ne sommes pas racistes car nous ne ciblons jamais les individus mais l’appropriation de notre terre.

Ni terroristes, car nous n’avons nullement l’intention de renverser l’État français, de l’ébranler sur ses bases. Nous ne cessons, depuis des décennies, de l’exhorter à s’engager, par le biais des institutions françaises et de leur propre Constitution, sur la voie d’un règlement politique et la fin de l’affrontement armé ». Évidemment, compte tenu du type de moyens employés, pour peu qu’on les admette, ce qui n’est pas le cas de la majorité des Corses, tout cela ne se fait pas sans bavure. Comme à Sisco, où une maison du XVe siècle, retapée par des Corses du Continent, a été détruite en plein village. Tout cela alors que des constructions illégales fleurissent près du littoral et ont été épargnées…

Mais c’est la loi du genre dans ce type d’activités qui, contrairement à ce qu’a affirmé Valls, ont été dénoncées par nombre d’élus ou d’associations insulaires. Ce qui n’est pas nouveau.

Gilles Millet

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