(Unità Naziunale – Publié le 23 mars 2018 à 15h26) En notre qualité de députés de Corse, nous tenons à exprimer notre amitié et notre solidarité aux populations des Antilles et à leurs élus, tout particulièrement aux Saint-Martinois qui, en plus d’avoir été frappés par le cyclone de le plus dévastateur de leur histoire, doivent faire face à une attitude décevante, voire méprisante, de l’État.
À la suite du 5ème comité interministériel pour la reconstruction de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, 493,6 millions d’euros ont été annoncés par l’Etat pour aider à la reconstruction de ces îles. Néanmoins, il faut noter que moins de 100 millions correspondent à l’aide réelle aux populations et à la relance de l’économie (dont 21 millions de fond “exceptionnel”). Le restant de la somme correspond à l’aide d’urgence envoyée par la France (pont aérien et envoi de militaires), aux fonds européens de solidarité, à la reconstruction par l’État de ses propres infrastructures ou encore au moratoire accordé aux entreprises et au prêt (par définition tous deux remboursables).
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L’attitude de l’État serait liée au statut de collectivité d’Outre-Mer de ces deux îles. A en croire les déclarations dans la presse de l’un de ses représentants : l’État n’était pas obligé d’aider ces collectivités parce qu’elles ont fait le choix de relever de l’article 74 de la Constitution et de disposer de certaines compétences propres, dont la fiscalité.
Or, lier le statut de citoyen à celui de contribuable est conceptuellement grave. Si l’on suit cette logique, cela voudrait aussi dire que les 57% de Français qui ne paient pas l’impôt seraient exclus de la solidarité de l’Etat après une catastrophe naturelle. Cela n’est pas sans rappeler le suffrage censitaire.
Aimé Césaire l’a écrit « l’heure de nous-mêmes a sonné »
Alors que la France vient en aide – à juste titre – à des pays en développement (engagements pris à l’ONU de reverser 0,7 % de son PNB), elle ne témoignerait pas d’une solidarité exceptionnelle pour un territoire placé sous sa souveraineté qui a essuyé, qui plus est, l’une des plus grandes catastrophes naturelles que les Antilles n’aient jamais connue.
Le traitement de ce cas dramatique nous informe beaucoup sur le fond idéologique des autorités métropolitaines quant à la conception de l’Etat et de ses relations avec les collectivités territoriales. Cette forme de condescendance de l’Etat central à l’encontre de ces collectivités d’Outre-Mer, dotées de l’autonomie, tout comme à l’égard de la Corse (discours du Président de la République des 6 et 7 février derniers), nous interpelle à plus d’un titre.
Aimé Césaire l’a écrit « l’heure de nous-mêmes a sonné », nous le pensons également : il est temps que les populations qui ont formulé démocratiquement le choix de l’autonomie soient respectées et mis en situation de pouvoir véritablement s’engager sur la voie de la responsabilité.
Jean-Félix ACQUAVIVA, Michel CASTELLANI et Paul-André COLOMBANI,
Deputati di a Corsica