La Corse est une nation souverainement paisible et hospitalière. Elle n’a jamais vaincu, soumis ni humilié qui que ce soit. Quant à l’Etat Français de son côté, il a fondé une société militaire, grâce à quoi il a obtenu la gloire et étendu son domaine jusqu’aux confins de la Terre.
C’est par la guerre que l’Etat Français a soumis la Nation Corse à sa loi, au dédain de sa culture, de son histoire et de ses droits fondamentaux, sans qu’aucun acte de droit et d’usage international en ait jamais juridiquement fondé la justification.
Paris parle de sa loi comme l’instauration d’un état de droit. Nous répliquons que ce n’est là, et jusqu’à nouvel ordre, qu’un état de fait. Tant il est vrai que le côté écrasant de l’Histoire veut que ce soit la force qui prime le Droit.
Le domaine de l’Histoire n’est pas d’ordre philanthropique; la justice n’entre pas en ligne de compte que si les forces sont égales de part et d’autre. S’il en va autrement, c’est le fort qui impose sa volonté et le faible qui la subit.
Fort heureusement, l’évolution des temps apporte à cette loi de la jungle un correctif puissant avec la naissance récente d’un droit Européen dit « Régional », qui comporte enfin la reconnaissance du droit juridique et international des patries telles qu’elles sont inscrites dans la géographie et dans la chronique des peuples.
On peut inventer et fabriquer un Etat, on ne peut fabriquer une patrie.
Le besoin de pérennité, de justice, de liberté et de légitimité, tant culturelle que politique, appelle à des relations humaines dûment fondées sur un ordre juridique reconnu par tous comme seul moyen moral de rendre Egales par le Droit, des Puissances Inégales en tout le reste.
On ne peut pas confondre la « Démocratie » avec ce qu’on appelle communément « Etat de Droit ».
Quel Droit ? Un Droit inspiré par qui et au nom de qui ? Tant que la loi de l’Etat se limitera à ne reconnaître que la politique du droit individuel, encadré par la Raison d’Etat, mais la refusera à tout un peuple en le privant de sa souveraineté, elle trahit et l’Homme et le Peuple et le Droit.
Il est évident que toute souveraineté acquise par droit de la guerre perd sa signification juridique et ses valeurs inaliénables de référence universelle.
Il s’avère que toute institution portée par une idéologie strictement étatique est aux antipodes des exigences dues au respect des communautés humaines.
L’Etat français, qui régit, gouverne, administre la Nation Corse, lui impose une langue, une histoire, des moeurs et des références qui ne sont pas les siennes; se comporte en vainqueur de la bataille de Ponte Novu, alors que cette même Nation Corse, sous la Présidence de Pasquale Paoli était reconnue en tant que telle, Nation de souveraineté, telle que le protocole de l’époque le définissait, avant que ne s’installe le système français d’un Etat « Un et Indivisible » voulu par la Révolution Française de 1789 et encore inconnu de l’Europe entière.
Violentée dans ses conceptions politiques immémoriales, prise au dépourvue par des méthodes totalitaires, qui firent, en France même, des centaines de milliers de morts, justiciée au nom d’un légalisme insolite, avant de plonger l’Europe entière dans un bain de sang, la Corse dut subir un sort peu enviable, celui d’une bataille perdue.
C’est la conséquence de cette bataille perdue dont l’Etat Français voudrait à tous prix perpétuer le souvenir et les effets, en maintenant en Corse un statut d’origine guerrière. Et c’est précisément de ce statut imposé par la guerre, et non conçu dans des négociations, que le Peuple Corse voudrait être libéré.
Il demande instamment un retour à la paix, une paix qui effacerait à jamais les contraintes imprimées dans la chair de la Corse par la défaite de Ponte Novu, sur les bords d’une petite rivière de chez nous.
En refusant d’oublier Ponte Novu, l’Etat Français persiste à ne voir dans le Peuple Corse qu’un vaincu dépouillé de toute responsabilité.
En refusant toute négociation sur pied d’égalité avec le Peuple Corse, sous garantie européenne et internationale, au nom des principes votés par les Nations Unies et par le Droit des Gens désormais entré dans les moeurs d’aujourd’hui, Paris s’en tient à des droits de vainqueur périmés, au lieu d’ouvrir les voies à un avenir de paix.
Les demandeurs les plus ardents de la paix, c’est nous; L’avenir c’est nous; Nous n’acceptons pas le cri de guerre d’un hymne appelant « aux armes citoyens ». Nous rejetons, vieille ou rajeunie, la loi du sang.
Nous avons nous aussi notre hymne national. Mais il est placé sous le signe de la Miséricorde, de l’apaisement et pour tout dire, de la prière au renouvellement et au dialogue.
Petru ROSSI
Archive 1999
A Nazione, journal d’opinion indépendentiste
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