Corse – Sixième semaine du procès d’Yvan Colonna

L’audience à Ajaccio sur les lieux de l’assassinat du préfet Claude Erignac conforte chacun dans ses convictions. La cour d’assises spéciale de Paris a tenu lundi soir trois heures d’audience sur les lieux du crime à Ajaccio, à l’issue de laquelle la défense comme les parties civiles ont jugé leurs positions confortées. Protégée par un imposant dispositif de sécurité, Yvan Colonna faisait son retour en Corse pour la première fois depuis son procès de 2007. « Ce transport conforte mes convictions sur la culpabilité d’Yvan Colonna », a déclaré côté parties civiles Me Benoit Chabert, qui représente l’Etat, devant la presse en fin de soirée. Cette audience a en revanche été jugée « très favorable à la défense » par l’un des avocats d’Yvan Colonna, Me Pascal Garbarini.

Les deux avocats ont souligné que le débat sur la taille du tireur n’avait pu être tranché, les deux balisticiens présents sur les lieux n’étant pas tombés d’accord. « On ne peut pas dire quelle était la taille du tireur », a résumé Me Chabert. Me Garbarini en revanche a souligné que l’un des balisticiens avait estimé que « le tireur devait nécessairement faire plus d’1,75 m, voire 1,80 m », alors que Colonna ne mesure que 1,72 m. « Le doute profite à l’accusé », a-t-il estimé. Pierre Alessandri, le seul des six membres du commando condamnés en 2003 à avoir accepté de donner des détails sur le déroulement du crime, était lui aussi présent. Condamné à perpétuité comme coauteur de l’assassinat, il assure depuis 2004 être celui qui a tué le préfet de trois balles dans la nuque.

Comme d’autres membres du commando, il avait lors de sa garde à vue en mai 1999 mis en cause Yvan Colonna, et ne s’était rétracté que des mois plus tard. Selon Me Chabert, Alessandri « a donné une version impossible. Il a placé le préfet Erignac à pratiquement deux mètres de l’endroit où on a trouvé son corps ». Mais pour Me Garbarini, Pierre Alessandri a donné une version « très contradictoire avec celle qu’il avait donnée en garde à vue », et « on s’aperçoit qu’on ne peut ni s’appuyer sur l’une, ni s’appuyer sur l’autre ». « Il me parait assez difficile dans ces conditions qu’Yvan Colonna puisse être reconnu coupable dans cette affaire », a-t-il dit. Quant au parquet général, « il attend sereinement après ce transport, la reprise des débats mercredi », a déclaré Solène Dubois, magistrate chargée de la communication.

Le berger de Cargèse faisait son retour en Corse pour la première fois depuis son procès de 2007, lorsqu’un transport de justice avait également été organisé. Yvan Colonna a été « attentif mais spectateur » de cette opération. « Je n’ai rien à voir dans cette affaire, donc je ne participe pas », a-t-il dit au début de l’audience, selon son avocat. Il est ensuite resté silencieux. Jugé pour la troisième fois pour l’assassinat du préfet et l’attaque quelques mois plus tôt de la gendarmerie de Pietrosella, près d’Ajaccio, où l’arme du crime avait été dérobée, le berger de Cargèse conteste l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. L’audience s’est déroulée dans le calme sous haute protection policière, journalistes et badauds étant tenus à distance par un cordon de CRS. Les quelques dizaines de curieux qui s’étaient rassemblés en début de soirée ont peu après quitté les lieux. La cour et la majorité des participants sont repartis pour Villacoublay (Yvelines) à bord d’un avion militaire Transall qui a décollé vers 0h30, selon Mme Dubois. Le fils du préfet assassiné, Charles-Antoine Erignac, avait également fait le déplacement. Quelque 640 CRS et gendarmes mobiles étaient arrivés du continent pour renforcer les effectifs stationnés en permanence en Corse.

Source et reportages vidéos sur : http://corse.france3.fr/info/sixieme-semaine-du-proces-d-yvan-colonna-69063502.html

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