L’immobilier est la piste privilégiée des enquêteurs après l’assassinat d’un entrepreneur de BTP, mardi en Corse. L’enquête sur l’assassinat de Victor Ribeiro, 42 ans, co-gérant avec son épouse d’une société de BTP à Moriani, s’oriente sur ses activités professionnelles et ses liens avec d’autres membres, également assassinés, du secteur de l’immobilier.
Un secteur pointé par le ministre de l’Intérieur comme l’une des causes de la « dérive mafieuse » dans l’île.Patron d’une grosse société de bâtiment et travaux publics de la région convoitée de la Costa Verde, au sud de Bastia, Victor Ribeiro, a été tué au volant de sa voiture de plusieurs décharges de chevrotine dans le village de Prunete. Le guet-apens a été tendu par plusieurs hommes cagoulés et armés qui l’attendaient à bord d’une voiture aux vitres teintées, selon les témoignages recueillis peu de temps après les faits par les enquêteurs. « Les relations de la victime », installée en Corse depuis longtemps, permettent de fournir « une grille de lecture » de ce 18ème assassinat depuis janvier dans l’île, le 5ème en cinq semaines, selon le procureur de la République à Bastia, Dominique Alzéari.
Les enquêteurs de la police judiciaire et de la brigade de recherches de la gendarmerie ont notamment orienté leurs investigations vers les relations de Victor Ribeiro avec un autre professionnel du bâtiment assassiné le 28 juin 2011. Militant nationaliste travaillant dans l’immobilier, Charles-Philippe Paoli, 42 ans, avait été abattu à Folelli, un village voisin. Les deux hommes avaient opéré ensemble sur plusieurs chantiers, notamment sur un ensemble touristique plastiqué peu avant l’assassinat de Paoli. Membre de l’exécutif du parti indépendantiste Corsica Libera, celui-ci avait été « vengé » par le Front de libération nationale de la Corse (FLNC). Le 28 novembre 2011, le FLNC avait en effet revendiqué l’assassinat, le 28 octobre 2011, d’un membre présumé du gang bastiais de la Brise de mer, Christian Leoni, 49 ans, travaillant aussi dans l’immobilier et qualifié par l’organisation clandestine de « responsable du groupe mafieux » ayant assassiné Charles-Philippe Paoli.
Spéculation
Un différend sur fond d’affaire immobilière avait opposé Paoli à Leoni, présenté comme un proche de l’un des piliers de la Brise de mer, Francis Mariani, mort en 2009 dans l’explosion d’un hangar agricole. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, attendu de nouveau dimanche et lundi en Corse avec sa collègue de la Justice Christine Taubira, avait dénoncé, le 15 novembre à Ajaccio, « l’immobilier, le BTP, le tourisme » comme autant de secteurs en proie à « des dérives mafieuses » contre lesquelles l’Etat entend lutter pour enrayer la spirale de la violence criminelle. Longtemps région agricole à l’écart du boom touristique et immobilier, la plaine orientale, qui borde la mer Tyrrhénienne entre Corse et Italie, est devenue, après la Balagne (Haute-Corse), l’extrême-Sud et la région d’Ajaccio, le théâtre d’une spéculation foncière et immobilière effrénée, sur fond de règlements de comptes. Cinq assassinats y ont été commis en un an.
Avec la flambée des prix à Bastia et Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), de nombreux villages champignons ont ainsi poussé en plaine orientale permettant aux insulaires de se loger à meilleur prix, mais aussi à des investisseurs d’édifier des dizaines de complexes touristiques parfois cibles d’attentats ces dernières années. Pour lutter contre le crime et l’économie souterraine, le gouvernement a décidé de renforcer les « moyens d’enquête spécialisés » en Corse en envoyant notamment des policiers et des gendarmes spécialisés dans les enquêtes économiques et financières.
Corsica Infurmazione, L’information Corse sur France 3 Corse
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