J’ai pris connaissance avec effarement des dernières communications de Paul Giacobbi et Maria Giudicelli, à propos du démarrage de la centrale de Lucciana au fioul léger en 2013.
Comme de coutume depuis leur élection en 2010, c’est avec un culot à toute épreuve, que les membres de l’Exécutif régional se parent aujourd’hui de toutes les vertus et, sur la base d’un courrier de la ministre de l’Energie Delphine Batho qu’ils auraient reçu le 31 Octobre, s’attribuent la paternité du changement de combustible à Lucciana. Bien que conscient que notre population est lasse des polémiques politiciennes, je ne peux cependant laisser ces élus réécrire aujourd’hui l’histoire à leur façon, et travestir les réalités.
La vérité sur ce dossier, c’est qu’en Septembre 2010, lorsqu’a été pris l’arrêté préfectoral autorisant le démarrage de Lucciana au fioul lourd, les membres de l’Exécutif, complètement alignés sur la position de la CGT, se sont félicités de cette décision en soulignant la prépondérance du maintien de l’emploi sur toutes autres considérations, notamment environnementales. Et si le dossier, considéré alors comme « perdu » par tous les observateurs, a pu être rouvert en Octobre 2010 par le ministre de l’époque Jean-Louis Borloo c’est uniquement à mon initiative, avec le concours du député européen François Alfonsi et en soutien des revendications légitimes des associations de défense de l’environnement et des médecins insulaires.
Nous avons ainsi obtenu de l’Etat une anticipation de la réalisation des études technico-économiques (qui n’étaient prévues par l’arrêté préfectoral qu’à l’horizon 2016) nécessaires à un changement de combustible, ainsi que la réalisation d’un audit concernant l’état d’usure avancée de la canalisation qui acheminait (depuis 1972) le fioul lourd jusqu’à la centrale, ouvrage déjà sujet à plusieurs incidents, avec des conséquences environnementales qui pourraient être graves.
Enfin, au terme de deux années de travail acharné et permanent auprès des ministres successifs Borloo, Kosciusko-Morizet et Besson, c’est finalement le 13 Avril 2012 à Ajaccio que le Président de la République en personne avait annoncé le démarrage au fioul léger de la centrale thermique de Lucciana, pour toute la période transitoire (2013-2018) préalable à l’arrivée du gaz naturel dans l’île.
Suite à cet engagement du Chef de l’Etat en personne, l’exploitant EDF-PEI a alors immédiatement réagi, en déposant dès le Lundi 16 Avril une nouvelle demande d’exploitation de la centrale de Lucciana, en tenant compte du changement de combustible. Cette demande d’EDF est depuis instruite par les autorités préfectorales dans le cadre d’une procédure devant durer 18 mois, avec enquête publique et passage en CODERST « Conseil de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques »
Au terme de la procédure un nouvel arrêté préfectoral d’autorisation d’exploitation sera pris, qui viendra remplacer l’arrêté du 14 Septembre 2010 qui autorisait le démarrage au fioul lourd. Quant à la prise en charge des surcoûts induits par le recours au fioul léger, qui sont estimés à 30 Millions d’€ par an, leur validation par la CRE (Commission de Régularisation de l’Energie) puis leur financement attendu par la CSPE c’est à dire tous les Français sur leur facture d’electricité, est quasiment acté depuis belle lurette.
J’ai personnellement informé de tout ceci l’opinion insulaire dès le 18 Avril (voir ci-dessus les articles de presse), ce qui a d’ailleurs fait titrer au journaliste Jean-Marc Raffaelli dans l’édition du 30 Avril 2012 du quotidien « Corse-Matin » : Centrale de Lucciana : le fuel léger et rien que le fuel léger.
Comme tenu de tout ce qui précède, je dénonce donc aujourd’hui l’énième récupération politique qui est faite par l’Exécutif de Corse, autour de décisions prises par le Gouvernement précédent et notamment par le Président Nicolas Sarkozy. Ce qui a été acté au Printemps ne relevait aucunement d’« intentions » ou de « consignes » comme osent l’affirmer désormais M. Giacobbi et Mme Giudicelli
Les mesures prises actuellement par le ministère de Mme Batho (qui, au mépris de tous les usages républicains, n’a même pas daigné adresser au parlementaire que je suis un exemplaire de son courrier) relèvent donc de la simple continuité d’une action portée à bout de bras puis entérinée par la droite, alors que le candidat François Hollande demeurait une fois encore désespérément muet sur ce dossier crucial pour l’avenir de la Corse.
Député de la Haute-Corse
Maire de Biguglia
Corsica Infurmazione, L’information Corse
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