Assemblée de #Corse : « A propos du débat sur les transports à la CTC » Par Pierrot Poggioli

Les transports constituent pour la Corse un dossier stratégique. Pour s’émanciper, tout territoire, surtout insulaire, doit pouvoir maîtriser sa politique des transports en fonction de ses intérêts prioritaires (droits de pouvoir transporter ses habitants hors de l’île, aller et venir, et droit de pouvoir commercer, en s’approvisionnant par l’importation des produits non présents sur place et exportation de ses productions en fonction des besoins des producteurs locaux..)… d’où le débat récurrent sur le coût du transport des passagers et du fret de marchandises à travers les prestations offertes par la SNCM, la CCM et aujourd’hui la Corsica Ferries, et la concurrence que ces compagnies se livrent pour arracher les aides financières de la Collectivité de Corse (délégation de Service public avec aides au passager transporté et aides au frêt) au titre de la dotation de continuité territoriale (supposée compenser « le handicap de l’insularité » ;

Pour un véritable service public des transports dans l’île.

A l’issue du débat sur les transports (aide sociale et DSP) et ses conclusions, nous devons réaffirmer un certain nombre de principes.

Tout d’abord, la corse n’a pas vocation à être par tous les moyens (financiers entre-autres) éternellement rivée au port de Marseille, n’en déplaise à la CGT marins.. au port de Marseille (monopole de destination) ou de la PACA et des lobbys marseillais de l’importation (concurrençant les productions corses alors que les exportations corses ne sont pas aidées en conséquence, et accentuant ainsi la dépendance de l’île par rapport à l’extérieur français).

La Corse doit pouvoir offrir des prestations en matière de transport de passagers et de marchandises sur tout le pourtour méditerranéen, dont y compris un port français (Marseille, Toulon ou Nice..) mais ni uniquement ni à tout prix.

A l’occasion de ces débats à la CTC, le Front de gauche et la CGT marins ont été lâchés par leurs alliés radicaux. Leur volonté effrénée de vouloir à tout prix sauver la SNCM n’a pas pu emporter le soutien de toute la gauche, contrainte de céder sur le service minimum et de sauver les meubles grâce aux propositions de service social et solidaire du STC (prenant plus en compte les besoins des usagers et de l’économie corse, tout en préservant les drois des salariés marins). De même la volonté de la majorité de gauche de la CTC de vouloir à tout prix imposer la SNCM sur Toulon, n’a pas tenu. Mais pourquoi un autre port de destination (subventionné) pour la Corse à quelques encablures de Marseille (déjà en position de monopole de destination imposée à la Corse) ? A ce moment-là n’eut’il pas été plus judicieux d’aller à Nice, nettement plus éloigé de Marseille ?

Sauver la SNCM ?

En fait, le débat essentiel était ramené au sauvetage de la SNCM à tout prix, surtout si à partir de propositions de Marc Dufour (PDG) on pouvait obtenir le soutien des pouvoirs publics dans la perspective d’une manne pour les chantiers navals français en difficultés (vieille recette déjà maintes fois utilisée) grâce à la perspective de construction de nouveaux navires (revenant moins cher ailleurs en Europe). D’une pierre, deux coups (SNCM, CGT et chantiers navals sauvés) et le gouvernement français n’aurait plus qu’à soutenir.

Mais là où le bât blesse, c’est que si hier, la SNCM pouvait compter en Corse de nombreux soutiens de tous bords du fait de sa vocation de compagnie de service public, aujourd’hui, depuis les manœuvres de ces dernères années, la perception par les Corses de la SNCM a changé[1] : Aujourd’hui, la SNCM n’est plus de facto que considérée comme une compagnie privatisée comme la Corsica Ferries, et, que seules les subventions de la continuité territoriale peuvent la préserver de la concurrence, au vu de sa politique vis-à-vis des transports de passagers et du frêt corse.

Le seul point plaidant encore en sa faveur n’est plus aujourd’hui que la survie des 400 emplois corse (et non pas 800 comme se plaît à le mettre en avant sa Direction)

Seule stratégie de survie : Une compagnie corse au service de la Corse et des Corses

La CTC doit se donner les moyens de décider :

– de la gestion et de l’emploi de la dotation de la continuité territoriale (des évolutions en perspective au vu des positions des divers groupes politiques)

– d’une véritable politique des transports privilégiant les intérêts de la Corse et des Corses (usagers des transports et exportations de nos produits, mpriorité aux résidents et non aux touristes) en matière d‘aide sociale et de DSP. Elle doit refuser le monopole de destination via Marseille imposée à la Corse en matière de DSP des transports (fret et passagers).

Pour l’heure, elle doit :

– Privilégier au titre de l’aide sociale les résidents corses (ce qui semble en bonne voie).

– Intervenir sur les coûts du fret et aider les exportations (un effort a été consenti, mais les Corse doivent aussi pouvoir s’approvisionner en Italie, Sardaigne ou ailleurs qu’en France).

– obtenir des compensations par rapport aux navires que Veolia (via le fonds d’investissement Butler Capital Parters) a obtenus pour un prix dérisoire grâce à l’action de l’ancien 1er ministre Dominique de Villepin à l’époque, ami du président Walter Butler (une ouverture vers cet objectif a été obtenue, mais insuffisante).

– Accélérer la mise à l’étude d’une Compagnie corse sous forme de société d’économie mixte (1ère motion déposée par les élus nationalistes à l’Office des transports sur cette compagnie en 1985). Une compagnie publique corse en charge du service public est la seule solution pour que la Corse ait enfin la maîtrise de ses transports maritimes, et ce au bénéfice tant des salariés, que des usagers et de l’économie de l’île.

La collectivité de Corse devra y être actionnaire majoritaire en capital (CMN, SNCM et autres actionnaires privés éventuels minoritaires). Son Conseil d’administration serait composé entre-autres de représentants de tous les groupes politiques de l’Assemblée (la Collectivité territoriale étant toujours majoritaire) appliquant la politique des transports définie par la CTC pour la Corse, et gèrerait l’enveloppe de la Continuité territoriale.

Cette compagnie devra :

-Appliquer une politique décidée en Corse et pour les Corses (avec des répercussions bénéfiques pour les usagers des transports, sur le fret et le panier de la ménagère, en atténuant ainsi la cherté de la vie en Corse, et les exportations).

-Recruter prioritairement les marins et salariés corses des compagnies actuelles

-Avoir son siège social dans l’île

– Mettre fin au monopole de destination (Marseille) en rayonnant sur tout le pourtour méditerranéen avec l’ouverture de lignes pérennes, dans le cadre d’un Service Public international et Communautaire (autoroute de la mer en partenariats avec d’autres compagnies d’autres îles) avec la Sardaigne, l’Italie, la Catalogne et les différentes îles de la méditerranée.

Cela n’interdit pas la présence de compagnies chargées du transport des touristes (sur toute l’année et non pas qu’aux périodes de pointe de juillet-août) mais sans aucune aide publique, dans le cadre d’une concurrence entre-elles au vu de leurs prestations.

Pierre Poggioli

Article U Ribombu Octobre 2012

 

L’information Corse, Corsica Infurmazione

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