La cour d’assises des mineurs de Corse-du-Sud à Ajaccio va juger à partir de lundi une affaire hors-norme. Andy, aujourd’hui âgé de 19 ans, comparaît pour avoir tué, alors qu’il avait 16 ans, ses parents et ses frères, des jumeaux âgés de 10 ans, avec le fusil paternel une nuit d’août 2009.
« La famille est en attente du procès car elle a toujours des interrogations », a expliqué à Sipa Me Aljia Fazaï, avocate des grands-parents, de deux oncles et d’une tante du côté maternel. Une famille « très affectée », car l’accusé est un de leur proche mais qui ne se situe « pas dans la vengeance », selon leur avocate qui ajoute: « Ils ont tout perdu ». Les trois avocats du jeune homme n’ont pas souhaité s’exprimer avant le procès.
Le 11 août 2009, après une journée sans incident, Andy a expliqué s’être couché vers 1h du matin, en même temps que ses parents, revenus d’une soirée chez leurs voisins. Réveillé dans la nuit vers 3h du matin, il écoutait de la musique avant de prendre brusquement la décision de quitter la maison familiale. Il enfilait une paire de gants en latex, préparait deux sacs, un de linge, un autre d’objets de valeur. Puis, avait-il expliqué, ses pas l’avaient conduit vers les armes de son père et à la vue du fusil à pompe, il avait eu envie de tirer, affirmant même aux enquêteurs qu’il « devait le faire ».
Il se rendait dans la chambre de ses parents, les tuait tous les deux avant d’aller dans celle de ses frères, âgés de 10 ans, tirant une balle sur chacun d’eux. Il affirmait ensuite être revenu les achever après les avoir entendu gémir. Il aurait ensuite ramassé les cartouches, vidé le coffre-fort de ses parents, puis, prenant conscience de ses actes, il se tailladait les veines sans succès. Après une journée à errer dans le maquis, Andy racontait sa « grosse bêtise » à des amis, son envie de se suicider. Il était enfin découvert la nuit suivante par son oncle sur une plage. En état de choc, vêtu d’un short, d’un t-shirt et pieds nus, il était conduit avec un autre de ses oncles à la mairie où il révélait avoir tué sa famille aux gendarmes.
Me Fazaï décrit Andy comme une personne « très froide » dans l’incapacité d’exprimer ses regrets. « Il ne souhaite pas répondre aux questions et voudrait qu’on oublie cette histoire. La famille se demande où est sa place dans la société et s’il pourrait réitérer les faits ».
Trois collèges d’experts psychiatriques se sont penchés sur le cas d’Andy pour savoir s’il pouvait répondre pénalement de ses actes. Des psychiatres, psychologues et neurologues sont attendus à la barre lors de la semaine d’audience car tous n’ont pas la même vision du dossier.
Andy aurait une tumeur au cerveau mais elle n’aurait pas joué sur son comportement. Certains médecins concluent à l’abolition totale du discernement et du contrôle des actes du mineur au moment des faits quand d’autres estiment qu’il est exempt de toute anomalie sur le plan mental et qu’il n’était pas atteint de troubles psychiques la nuit des meurtres.
Aujourd’hui âgé de 19 ans, il poursuit ses études en prison. Présenté par les experts comme étant d’une intelligence moyenne supérieure, Andy a été reçu au baccalauréat scientifique en juillet 2011. Il envisage désormais l’avenir et « désire être dentiste à Ajaccio », selon Me Fazaï.
Mis en examen pour assassinats, Andy comparaîtra devant la cour d’assises des mineurs pour meurtres, la préméditation n’ayant pas été retenue.
Se pose dorénavant la question de l’attitude de l’accusé devant ses juges. Face aux gendarmes et au magistrat instructeur il n’avait pu expliquer son geste. Il avait ensuite refusé de participer aux reconstitutions. Durant cinq jours, la cour d’assises des mineurs devrait le confronter à son passé qu’il dit vouloir oublier.
L’information Corse, Corsica Infurmazione
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