(www.unita-naziunale.org) : « Le football constitue en Corse un phénomène social, politique dont les premiers échos, il y près d’un siècle, sur des stades de fortune, -à Bastia, a Piazza Santu Niculaiu o u « Stadu » di a Citadella-, galvanisaient les foules, déchaînaient les passions.
Joueur du Sporting dans les années 1950, je me souviens notamment de mémorables SCB – Aca Ajaccio où la puissance de tir de Mimi Gentili nous procurait des insomnies. Ce sport était un lien social important et les qualités de combattivité, de volonté, d’esprit d’équipe avaient trouvé sur les terrain insulaire le terreau propice à sa réussite et à l’intégration dont les entraineurs, les Cahuzac, les Redin, les Abderrhamane, Brusseau furent emblématiques…. En y précédant les Hantz et le flot exceptionnel de joueurs comme, Rep ou Djazic, Lacuesta, Larios…
On ne compte plus nos compatriotes qui se sont distingués, essentiellement en France : les Mori, Franceschetti, les Marcialis, les Papi, les Dumè Colonna, les Tagliacozzi, les Cornu, les Sinibaldi et tant d’autres dont l’inoubliable Claude Papi … Nous avions un chroniqueur et un écrivain sportif, notre ami Victor Sinet qui affûtait les plumes de la passion et de la compétence pour analyser, exalter, transporter le sentiment collectif d’identité et de fierté nationales ; sans excès. Un grand dirigeant, Jules Filippi, réalisait des prouesses…
Le peuple Corse n’oubliera ni la finale de la Coupe de France ni la fastueuse Coupe d’Europe : nous étions ébahis des résultats, de la notoriété, de la preuve évidente que nous n’étions pas condamnés à la médiocrité.
Nous n’oublierons pas non plus le drame de Furiani, montrant la vanité et la fragilité des entreprises humaines. Mais, même ce terrible coup d’arrêt brutal à nos ambitions, fruit amer de nos limites collectives, n’a pas pu tarir l’ascension du foot-ball corse vers la qualité.
Certes les instances françaises du foot supportent mal les résultats insulaires, obtenus dans la souffrance, avec des moyens modestes ; elles sont aigries par la promotion des clubs ; le caractère partisan de certaines décisions est incontestable. Les succès de l’Aca, du SCB, du CAB, du GFCOA en 2011-2012 accroissent l’hostilité de l’establisment du Foot français.
Pourtant, cette année, un danger considérable, extra-sportif menace gravement notre foot-ball ; il est interne à notre société et constitue un signal d’alerte supplémentaire. Le match SCB-ACA, derby coloré n’échappant pas à la tradition de passion, a pris une pente dangereuse : polémique sur le nombre de places attribuées, communications venimeuses sur Internet, confusion entre un combat de pancrace et un match de foot-ball, incidents à Ajaccio la veille du match… Les réunions de conciliation, de paix apparente, entre les présidents ou sous l’égide curieuse du Préfet, entouré du President de l’Exécutif et du Président de l’Assemblée de Corse – nous n’avions pas oublié les sottises de Vals lors du match SCB-Nice ou le comportement des forces de l’ordre lors du match Bastia-PSG,- n’ont pas pacifié la rencontre.
Spectateur du match à Timizzolu, j’ai vu l’incident entre deux joueurs ; il relève du domaine sportif et de la sanction de l’arbitre. Elle a eu lieu. Rien ne peu justifier que quinze supporters maximum de chaque club, cèdent à une ire démentielle, heureusement contenue par les stadiers des deux clubs. On frémit en pensant à la suite si les barrières avaient cédé…
U troppu stroppia ; c’était un sentiment unanimement partagé dans les stade, devant la fête gâchée et l’hypothèque mortelle que certains comportements rédhibitoires font peser sur l’avenir du foot-ball en Corse.
Ici aussi, dans ce sport comme ailleurs dans la société corse, dont il est un marqueur, il va falloir du courage, aux dirigeants, aux clubs, aux véritables supporters, au public, aux joueurs, à la presse pour exiger, imposer le sens des responsabilités pour endiguer, contenir, désarmer les factions ; l’enjeu est majeur pour notre peuple : son avenir ne peut pas être hypothéqué par des poignées de gens déraisonnables et pour lesquels le foot est un prétexte. ; c’est un acte de paix, de joie et non pas la guerre. Il faut une coalition de la lucidité, de la raison, de la détermination pour s’extraire du piège mortel qui nous est tendu par nos propres incohérences.
Ava Basta. »
Blog Dr Edmond Simeoni
25 octobre 2012
L’information Corse, Corsica Infurmazione
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