Le vendredi 14 septembre 2012 [www.unita-naziunale.org] (10h30) : C’est sous le slogan « La Catalogne, nouvel Etat de l’Europe ! » qu’une marée humaine a déferlé depuis Passeig de Gracia jusqu’au siège du parlement pour revendiquer sans équivoque l’indépendance de la Catalogne.
Une indépendance soutenue par plusieurs citoyens basques et galiciens, eux aussi victimes d’une minorisation culturelle et identitaire. Le mouvement amazigh n’a pas manqué ce rendez-vous historique et a tenu à être présent afin de réitérer son adhésion a un état indépendant avec le slogan « Pour une Catalogne indépendante avec une égalité des droits pour toutes les personnes qui y vivent », allusion faite à la discrimination et au mépris qu’a affiché récemment l’Espagne envers la communauté immigrée dont le dernier épisode est la persécution que subissent les immigrés en situation irrégulière. Il faut reconnaitre que le pouvoir central a été loin en interdisant l’accès aux soins à plus de cinquante-mille immigrés, mettant ainsi leurs vies en péril. Seuls la Catalogne, l’Euskadi et les Iles Canaries ont réfuté cette loi qu’ils considèrent comme une atteinte grave aux droits fondamentaux d’un être humain.
Les militants amazighs de Catalogne affirment que l’Espagne est en train d’étouffer la Catalogne et avec elle toutes les personnes qui y vivent. Par conséquent, ils ont la volonté et la détermination d’accompagner la naissance d’une nation dans le respect du droit international à l’autodétermination car il s’agit d’un droit fondamental mais aussi dans l’espoir de trouver une terre d’adoption plus respectueuse des droits de l’homme. En plus du caractère légitime de la revendication, l’atteinte à l’identité catalane en remettant en cause le modèle d’immersion linguistique ainsi que l’étouffement fiscal ont ravivé la fibre patriotique latente de plusieurs citoyens.
L’appel de l’Assemblée Nationale Catalane (ANC), principale instigatrice de cette grande manifestation, ainsi que de plusieurs associations catalanes indépendantistes a été massivement suivi. En effet, jamais dans l’histoire de la Catalogne une marche n’a drainé autant de monde. Les principales artères de Barcelone étaient tellement saturées que les premiers sont arrivés au siège du Parlement alors que les derniers n’ont pas quitté Passeig de Gràcia, lieu de départ de la manifestation.
C’est dans une ambiance bon enfant que des drapeaux catalans, basques, galiciens, occitans et amazighs ont fusionné pour défier les auteurs d’une spoliation économique et identitaire d’un peuple et à travers lui tous les peuples qui s’y reconnaissent. Le drapeau de l’Azawad libre et indépendant a également été brandi lors de cette manifestation suscitant la curiosité des manifestants qui étaient nombreux à s’approcher du carré du mouvement amazigh pour s’informer. Lesquels manifestants ont témoigné de l’admiration pour un peuple qui a su se battre pour son indépendance malgré l’hostilité des grandes puissances et ont tous exprimé leur solidarité au peuple touareg.
Trente-cinq ans après la marche historique de 1977 pour l’autonomie, la Catalogne prend un autre rendez-vous décisif avec l’Histoire, et cette fois-ci c’est l’indépendance qui est exigée. En effet, les Catalans se sont rendu compte que le modèle autonomiste est un leurre à cause des limites de ce statut qui les empêchent de jouir pleinement de leur identité.
Tout au long de la marche, la musique amazighe au son des tambours a fusionné avec les trompettes des « castellers » (les tours humaines) qui ne se sont pas lassé d’ériger des tours sous les applaudissements des manifestants. Une halte est systématiquement marquée à chaque fois qu’un drapeau espagnol est aperçu : les manifestants scandent alors « fora la bandera espagnola » (dehors le drapeau espagnol). Néanmoins, le mot qui revenait tel un leitmotiv reste « independècia » et ce tout au long de la marche qui se termine inévitablement par le retentissement de « els segadors » l’hymne national catalan.
L’émotion a atteint son paroxysme lorsque la présidente de l’ANC prend la parole pour réitérer à la présidente du Parlement catalan la détermination du peuple pour l’indépendance, et celle-ci de la féliciter pour la forte mobilisation et de lui répondre que le président catalan a entendu le message.
En ce onze septembre, jour de la diada nacional (la journée nationale) qui célèbre trois siècles de domination espagnole, la Catalogne a donné une leçon au monde entier mais surtout aux peuples qui aspirent à leur liberté, une leçon de patriotisme, de détermination et de fermeté dans une atmosphère de paix et de civisme qui ont prévalu durant cette manifestation. Reste à espérer que l’Espagne et le reste du monde puissent comprendre le message…
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