A l’invitation de Corsica Libera plusieurs élus de l’UMP du PS et du PRG ont échangé à la tribune des journées internationales de Corté avec les élus ou dirigeants nationalistes toutes tendances confondues. Les élus communistes et citoyens du Front de gauche étaient absents pour deux raisons la première relative à la violence indépendantiste et à l’affirmation de son maintien, la deuxième qui tend à faire de la réforme institutionnelle voire constitutionnelle le préalable à tout changement de politique en Corse.
A l’écoute des organisateurs cet échange, débarrassé des « lourdeurs idéologiques » mais surmédiatisé, s’est déroulé autour de leurs propositions politiques de toujours ce qui implique, non pas une confrontation ouverte sur ce que sont les attentes et les aspirations populaires, mais bien la recherche de consensus pour imposer un rapport de force susceptible, dans l’immédiat, de faire plier l’Etat « le plus centralisé d’Europe », selon le député EELV François Alfonsi.
Nous savons depuis longtemps que la neutralité, l’objectivité, n’existent pas. Il y a seulement des points de vue. Confrontons-les, sans caricature, au-delà du tintamarre médiatique et des manœuvres de recompositions politiques pour accéder au pouvoir régional, afin que les Corses puissent eux-mêmes se faire une opinion.
Les dirigeants nationalistes demandent ainsi aux autres représentants des partis « traditionnels », on ne sait jamais trop ce que ça veut dire, de régler une problématique qui leur est propre s’agissant du rapport de la Corse à la France qu’ils entretiennent. Les uns veulent l’indépendance, les autres une région européenne autonome.
Dans les deux cas la reconnaissance juridique du peuple corse est la revendication centrale de laquelle découlent une citoyenneté, une fiscalité spécifiques, des droits afférents et enfin l’officialisation de langue en articulation avec la corsisation de l’emploi…
Aucune trace ne subsiste dans ce débat s’agissant du pouvoir d’achat, de la cherté de la vie, des bas salaires de ce qui fait que ce peuple corse est lui aussi traversé par des contradictions de classes qui font que « l’exploiteur et l’exploité » ne sont jamais sur un pied d’égalité en ayant la même origine.
Faut-il disposer de droits spécifiques pour tourner radicalement la page de la désanctuarisation et faire des choix nouveaux d’aménagement et de développement pour produire plus et mieux sur place et passer d’une économie de rente et de cadeaux fiscaux à une économie productive ?
Ce questionnement semble-t-il a fait défaut. Or c’est bien à partir de celui-ci que nous devons imaginer le PADDUC dans le cadre d’une responsabilité unique et essentielle conférée à la CTC et non le contraire en partant du préalable de la réforme institutionnelle.
Voila comment nous voyons le débat après le vote de l’Assemblée de Corse le 26 juillet dernier sur les axes stratégiques de ce document de planification à 20 ou 30 ans. Et si réforme il doit y avoir ce que nous n’écartons pas à priori c’est avant tout en répondant à la question sociale et à la nécessité de réduire la pression spéculative et ses corollaires les dérives affairiste et mafieuse.
Au demeurant nous sommes satisfaits de constater qu’il aura fallu moins d’un an pour convaincre de la nécessité de consulter les Corses sur toute réforme institutionnelle de portée constitutionnelle. Notre amendement en ce sens de la Fiche 27 des orientations adoptées à l’occasion des Assises du foncier et du logement avait été rejeté par tous les autres groupes de l’Assemblée de Corse.
A plus forte raison en cette période de crise où les critères des dirigeants libéraux de l’Europe se déclinent en une austérité accrue pour les peuples. Nous mettons la solidarité au cœur de notre projet l’humain d’abord et nous ne croyons pas que le cadre de son expression la plus pertinente puisse être l’Union Européenne dès lors qu’on traite de la santé, de l’éducation, du logement et des transports.
Notre réflexion porte en conséquence sur la nécessité absolue de changer l’Europe pour substituer à celle des marchés et de la concurrence celle des peuples solidaires. De même nous nous sommes battus pour changer de politique en France parce que nous ne nous reconnaissions pas dans celle de Sarkozy, Bolloré, Bouygues et Bettencourt celle des privilèges aux riches et du mal vivre pour les autres.
Les Corses d’ailleurs ne s’y trompent pas ils placent en tête de leurs préoccupations l’emploi, la santé, le logement, l’éducation et pour cela font confiance au service public plus qu’au secteur privé. Ils attendent une régulation protectrice de la puissance publique qui suppose moins de concurrence et plus de transparence sur les réfactions de TVA ou la continuité territoriale par exemple.
Au moment où se précise l’acte III de la décentralisation l’arrêt de la RGPP et l’abrogation de la réforme Sarkozy Fillon des collectivités locales se pose à la Corse comme aux autres régions de France notamment pour favoriser le retour des services publics sur tout le territoire, le maintien de la clause de compétence générale et les moyens financiers.
Sur cet aspect on voit bien que la difficulté ne vient pas du prétendu millefeuille administratif mais de la contraction des dépenses publiques utiles aux populations pour satisfaire aux exigences budgétaires de la Commission européenne inscrites au Traité de Lisbonne.
Autant dire qu’il ne peut y avoir d’issue positive dans la négation de cette réalité et du combat indispensable à mener contre cette politique à tous les niveaux, sauf à considérer qu’il peut exister une solution corso corse à la précarité, à la pauvreté aux fractures sociale et territoriale.
La solidarité nationale trouve ici tout son sens dans l’esprit où elle fut définie par les rédacteurs du programme du CNR conformément à une République affirmant les valeurs de liberté d’égalité et de fraternité.
Michel STEFANI
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