Les tribulations d’un supporter corse en Corse. Cela fait environ 12 ans que la Corse subit la politique du bâton sans la carotte. Elle touche tous les domaines de la vie courante, sport compris. En Corse on ne parle plus d’emplois : il n’y en a pas.
On ne parle ni de soins hospitaliers, ni de pollution, ni de cherté des prix, ni de services publics, ni de rénovation rurale, ni de transports, ni d’enseignement, et encore moins d’avenir. Ne font semblant d’en parler que les flics, les journalistes et la préfecture. Dans ce pays mort-né à cause d’une guerre perdue, ruiné par une administration indigne, le seul opium du peuple corse c’est le football. Encore faut-il aller au stade !
En Corse le mot transport en commun a disparu. Il n’existe que dans le chapitre subvention des conseils généraux. Voilà pourquoi le supporter corse est automobiliste par obligation. Se rendre aux stades d’Aiacciu ou Bastia est une odyssée sur ces routes moyenâgeuses à la signalétique énigmatique et aux radars vindicatifs. Une fois arrivé au stade une autre épreuve commence : le parking. La capacité des stades a dû être augmentée, pas celle des parkings.
Et désormais le stationnement hors parking est réprimé ! Quand il pénètre dans l’enceinte du stade, le supporter corse n’est encore que l’automobiliste qui paie le double de la moyenne française en contraventions routières en roulant sur les pires routes du monde civilisé. Une fois à l’intérieur, il devient un aficionado à mettre au pas. Pour le big brother de la ligue, il faut aseptiser l’ambiance de tous les stades en général.
En Corse c’est particulier : la ligue est du côté du manche. Pour suivre la politique de répression à la mode à Paris, elle sanctionne plus lourdement qu’ailleurs, confondant à dessein hooligans et supporters corses. Un spectateur de la tribune Est à Furiani a même remporté le titre de champion du monde de crachat avec un jet d’au moins 20m. La ligue ne lui a pas donné son trophée mais elle a suspendu la tribune !
Peccadille en deçà de la mer, péché mortel au-delà : l’ACA a commencé le championnat avec deux points de pénalité, sanction extravagante pour une broutille ! Pendant ce temps certains entraineurs maintiennent la pression médiatique avec des déclarations stupidement racistes. N’est pas Pep Guardiola ou Ancelotti qui veut ! Sur le terrain et dans les tribunes tout parait normal ; mais pour les instances parisiennes le football doit rester une guerre qui doit permettre le triomphe de la norme et du politiquement correct. Et cette région de misère avec ses trois clubs pro est un défi à l’une comme à l’autre. La mise au pas des supporters fait partie de cette stratégie de normalisation. Ce qui explique que pour soutenir son club en Corse il faut avoir la santé !
Ghjacumu Faggianelli
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