Les Ghjurnate internaziunale de Corte se tiendront ce week-end. Outre l’incontournable meeting de clôture de Corsica Libera, un débat réunira, pour la première fois dimanche, des politiques de tous bords.
Changement, espérance, ouverture, dialogue. Tel est le credo de Corsica Libera qui organise, samedi 4 et dimanche 5 août, à Corte, les traditionnelles Ghjurnate internaziunale (Journées internationales). Un week-end qui s’apparente « plus encore que les années précédentes comme l’événement politique de l’été », selon Jean-Guy Talamoni. Outre un samedi qui sera consacré aux délégations étrangères, avec un accent tout particulier sur la situation politique en Irlande et au Pays Basque, ce rendez-vous se veut déjà symbolique.
À l’occasion de cette 31e édition, Corsica Libera a convié l’ensemble du paysage politique insulaire à se retrouver dimanche à 17 h 30 (en amont du grand meeting de Corsica Libera prévu à 19 heures), pour un grand débat sur le thème « Quelle évolution institutionnelle pour la Corse ? »
« Considérant les enjeux politiques de l’avancée institutionnelle en cours que nous ne cessons de revendiquer depuis plusieurs décennies, nous avons souhaité inviter toutes les forces politiques de l’île à ce débat »,explique Jean-Guy Talamoni.Des personnalités politiques ont d’ores et déjà annoncé leur présence : Pierre Chaubon, président de la commission de la CTC, Laurent Marcangeli, député de la Corse-du-Sud, François Alfonsi, député européen, Emmanuelle De Gentile, conseillère exécutive en charge des affaires européennes, Jean-Sébastien De Casalta, président du comité de soutien à François Hollande, Pierre Ghionga, conseille exécutif en charge de la langue corse, Jean-Baptiste Luccioni, président du groupe Corse social démocrate à l’Assemblée de Corse, Jean-Martin Mondoloni, président du mouvement Une nouvelle Corse, Paul Colonna, maire de Guagno, Jean Chiappini, président du parc régional de la Corse, Paul-Jo Caitucoli, conseiller général de la Corse-du-Sud et un représentant de Femu a Corsica.
« Avancées positives »
Au regard de certaines éditions, l’ambiance s’annonce plus apaisée. « Nous sommes satisfaits de voir les choses avancer de manière positive. L’assemblée de Corse est en passe de trouver une majorité autour de revendications relativement audacieuses qui étaient inscrites dans le programme de Corsica Libera », souligne Jean-Guy Talamoni. L’espoir de réforme et de changement apparu ces derniers mois dans le cadre de nombreux dossiers n’est évidemment pas étranger à ce « rapprochement ».
Les votes sur la co-officialité de la langue au printemps dernier, sur la notion de citoyenneté ou encore sur le Padduc, la semaine dernière, sont des signaux concrets du dialogue noué avec les élus de l’Assemblée de Corse.« Ces derniers mois, nous avons su faire preuve de beaucoup de pédagogie à l’égard de certains élus qui étaient réticents à certaines évolutions. Avec d’autres, je crois pouvoir dire que nous investissons toutes nos forces dans cette bataille qui vise à offrir un avenir différent au peuple corse », souligne Jean-Guy Talamoni.
À cet égard, l’ensemble du paysage politique semble conscient qu’avec l’échec du processus de Matignon, la Corse a perdu une occasion en or.« Nous avons perdu dix ans. La Corse ne peut se permettre d’en perdre dix de plus, surtout en matière linguistique et foncière. Nous ne voulons même pas envisager la possibilité d’un échec. C’est une question de survie. Dans dix ans, il n’y aura peut-être plus rien à sauver. C’est pourquoi la démarche qui s’amorce aujourd’hui et devrait arriver à son terme dans les mois à venir est cruciale. Si nous loupons le coche, ce moment ne se représentera peut-être pas avant longtemps », affirme Jean-Guy Talamoni.
Un constat partagé par Pierre Paoli : « Chacun peut y aller de son petit refrain. Mais aujourd’hui les discussions menées dans le cadre de l’Assemblée de Corse existent. J’ai confiance en nos représentants. Il convient désormais de convaincre la majorité des élus de Corse du bien fondé de notre démarche ».
Échaudés à plusieurs reprises, les représentants de Corsica Libera n’en demeurent pas moins prudents. « Il est indéniable que quelque chose est en train de se passer. Un consensus apparaît. Maintenant, il est encore trop tôt pour connaître le fin mot de l’histoire, assure François Sragentini.Nous avons connu, depuis 1981, de nombreux moments, où le processus de règlement n’était finalement pas assez important à nos yeux. Il convient de rester mesurer. Il faudra voir dossier par dossier. »
« Les prisonniers intégrés à la solution »
Quid de la question des prisonniers ? Est-elle un préalable à la discussion ? « Non, rétorque Jean-Guy Talamoni. En revanche, il ne peut y avoir de conclusion d’un processus sans prise en compte des prisonniers. Nous l’avons toujours dit et répété. Les prisonniers font partie de la solution. Ils sont intégrés à la solution. Et il ne peut y avoir de solution politique sans prise en compte des prisonniers. »Sargentini et Pierre Paoli affirment aussi qu’« il est impossible d’arriver à un accord si la question des prisonniers n’est pas réglée ».
Là encore, les représentants de Corsica Libera veulent croire que les positions « extrêmement claires exprimées ces derniers mois par l’ensemble des composantes de l’assemblée de Corse » sont à même de signer une évolution. Jean-Guy Talamoni insiste sur le fait que « l’assemblée de Corse va prochainement nouer en son nom des contacts avec le nouveau ministre de la Justice. »Moment fort de la vie politique insulaire en général et du mouvement national en particulier, les Journées de Corte 2012 annoncent sans doute un tournant majeur. Les prochains mois en décideront.
E. C. ecapomaccio@corsematin.com
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