#Corse – Kurdistan La nouvelle « guerre d’Espagne » ? @F_Alfonsi

bre(Unità Naziunale – 27 février 2018 – publié à 10h28) Olivier Le Clainche alias « Kendal Breizh » avait 41 ans. Il était le frère de Bruno, fidèle ami d’Arritti et militant de la cause bretonne comme il l’était lui-même.

Il est mort sous un bombardement de l’armée turque qui a envahi le territoire kurde d’Afrine sur le sol syrien, afin « d’éliminer » les YPG, combattants et combattantes kurdes de Syrie, homologues de ceux du PKK qui regroupe les Kurdes de Turquie. Olivier s’était engagé comme volontaire dans leurs rangs.

La nation kurde a vu son destin basculer avec les guerres d’Irak et de Syrie menées pour éradiquer le terrorisme de l’Etat Islamique.

Quand l’Etat Islamique a pris son essor en Irak, les forces kurdes ont tenu bon quand tout l’arsenal de l’armée irakienne en déroute tombait entre les mains de Daech. C’est dans les territoires montagneux qu’ils contrôlent que les minorités persécutées par Daech, Yézidis, Chrétiens d’orient, etc… ont trouvé refuge.

En Syrie, Daech a récupéré à son compte une bonne part de la révolte contre la dictature de Bachar El Assad, tandis que les Kurdes ont en Syrie aussi fait preuve de leur formidable capacité de résistance et de combat. C’est même dans leur région du Rojava, à la frontière entre Syrie et Turquie, qu’a eu lieu le fait d’armes le plus glorieux de la résistance à l’Etat islamique, à Kobané, sous le regard des envoyés spéciaux des médias du monde entier qui stationnaient à quelques kilomètres des combats en territoire turc.

Dans la résistance contre le fanatisme islamiste, les Kurdes ont alors pris le premier rang, et gagné la reconnaissance de leurs forces armées dans la coalition formée autour des Etats Unis et de leurs alliés occidentaux.

Depuis sa frontière limitrophe, la Turquie d’Erdogan a multiplié les messages d’hostilité à cette nouvelle réalité politique des forces kurdes, notamment en Syrie. Le plus spectaculaire avait été la passivité calculée des forces turques positionnées à quelques centaines de mètres à peine quand les habitants de Kobané étaient menacés d’un massacre collectif. Puis lors des batailles de Raqqa et de Mossoul, où les forces kurdes ont été déterminantes, la Turquie a voulu s’interposer à nouveau. Mais la lutte contre Daech était en cours et ne pouvait souffrir aucune entrave de la part d’un « allié » de la puissance américaine.

C’est depuis que la victoire sur Daech est acquise que l’armée turque a décidé de passer à l’offensive contre les Kurdes, dans un secteur non garanti par la coalition internationale commandée par les occidentaux. C’est dans ces combats que l’engagé volontaire venu de Bretagne a trouvé la mort.

Pourquoi cet engagement ? Pour aider un peuple qui depuis un siècle se bat pour la reconnaissance de ses droits : c’est là la base classique d’une solidarité internationale. Mais, en ces temps modernes, la cause kurde trouve un écho bien plus large, qui, à bien des égards, évoque celui qui avait court dans les années 30 lors de l’engagement de milliers de volontaires aux côtés de la République en Espagne. Car les républicains espagnols vivaient une guerre menée au nom de valeurs universelles de liberté et de progrès : c’est cette aura qui avait fait venir jusqu’à eux les Malraux, Rol-Tanguy, Capa, Hemingway et autres George Orwell, avant que la puissance militaire nazie ne finisse par imposer sa loi en Espagne, et par faire basculer l’Europe dans l’horreur de la guerre.
A Kobané, la résistance kurde a marqué les esprits progressistes de par le monde, montrant un peuple de tradition musulmane capable de résister, et de vaincre, contre une forme renouvelée de la barbarie nazie, l’islamisme fondamentaliste de Daech. Dans l’image portée par les Kurdes, celle des femmes est sans doute le plus enthousiasmante, et la plus « idéologiquement » destructrice pour Daech quand des combattantes héroïques arrivent à battre des armées de fanatiques qui veulent leur imposer la charia du voile intégral et de l’esclavage conjugal.

Dans notre époque, le combat des Kurdes est celui de la résistance à un monde que nous refusons, et que les attentats terroristes veulent imposer y compris en Europe. C’est aussi un combat essentiel pour l’avenir du monde, celui d’un monde musulman qui tourne le dos à la régression intégriste et qui assure un avenir d’égalité pour la femme musulmane. Les plus militants, comme en 1936, ont décidé de s’engager dans ce combat pour la liberté.
Arritti tenait à rendre hommage à Olivier Le Clainche, Kendal Breizh.

François Alfonsi
26 février 2018

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