L’autonomie et la citoyenneté corses sont dans les cartons

Les tabous sont tombés en Corse. Les idées d’autonomie et de citoyenneté culturelle font désormais partie du débat public. Une mission universitaire «validée» par le président français Nicolas Sarkozy a rendu un rapport le 26 avril dernier qui propose de dépasser le cadre institutionnel actuel. Une initiative en deux phases, la reconnaissance de la Corse étant la condition sine qua non de la réalisation de l’ensemble du projet.

Cette mission universitaire de réflexion stratégique «pour fonder le droit à l’avenir de la Corse» trouve son origine dans l’université citoyenne organisée en 2009 par l’université de Corse. Un manifeste avait alors été rendu public et une lettre ouverte avait ensuite été adressée au président de la République lors de son passage en Corse en février 2010.

Celui-ci avait, dans la foulée, validé la mission universitaire dont le suivi a été assuré par Marie-Hélène Debart, correspondante permanente de l’Elysée. Un an plus tard et à la suite d’une trentaine d’auditions d’acteurs de la société civile, les sept rapporteurs ont présenté un document d’une quarantaine de pages.

Statut d’autonomie

«On ne résout pas un problème à partir des modes de pensée qui l’ont engendré». La citation d’Albert Einstein a inspiré la mission Aiello, du nom du président de l’université de Corse, Antoine Aiello. Dans son rapport, elle suggère : «Posons la perspective d’une métamorphose de la société corse». L’innovation sociale qu’elle souhaite s’appuie sur la continuité culturelle et historique. Par ailleurs, la société civile serait partie prenante «du nouveau contrat social».

La mission évoque également un nouveau contrat avec l’Etat français. Elle propose de «faire évoluer le statut de la Corse, en le faisant passer du régime de libre administration au profit du régime de l’autonomie». Consciente que «cette évolution nécessite une volonté commune, en Corse comme dans la représentation nationale», elle considère que l’autonomie est la «seule solution juridique permettant la définition des solutions politiques spécifiques et durables». Par ailleurs, «elle facilite, sur le plan économique, la définition, avec l’Etat et l’Union européenne, d’un nouveau positionnement de la Corse dont l’objectif consiste à faire sortir la Corse du schéma de dépendance qui condamne, depuis longtemps, toute politique sérieuse de relèvement, notamment en matière de production locale», selon les universitaires.

Les rapporteurs ne se contentent donc pas de l’inscription d’une collectivité territoriale de Corse dans la liste des collectivités territoriales énumérées dans l’article 72 de la Constitution. Ils expliquent : «Elle ne serait pas de nature à régler les problèmes de fond qui se posent à la Corse dans la mesure où l’organisation administrative autant que le régime juridique appliqués à l’île ne changeraient pas». En conséquence, ils proposent la modification de l’article 75.

Avec le cadre d’autonomie, l’objectif est la reconnaissance de la dimension historique, politique et culturelle de la Corse «dans l’ensemble français» et du droit de défendre ses intérêts «afin de garantir les moyens pérennes et dynamiques d’accompagnement de son administration et de son développement».

Citoyenneté culturelle

Jusque-là uniquement défendue par les indépendantistes de Corsica Libera, la citoyenneté culturelle est une des propositions clé de la mission Aiello. «Cette idée généreuse entend démocratiser l’accès des personnes à l’offre socioculturelle et artistique des politiques publiques et des programmes de coopération internationale», d’après le document.

Cette citoyenneté est soumise à certaines compétences culturelles et linguistiques et à la résidence continue sur l’île durant une période de dix ans, «l’accès à la citoyenneté culturelle ouvrirait de facto l’accès exclusif à la propriété foncière et immobilière, ainsi qu’à un corps électoral corse».

Une fois l’étape de la reconnaissance aboutie, le processus de «métamorphose» de la société corse pourrait se poursuivre dans une seconde étape concernant l’éducation et la formation. Les auteurs proposent également la sortie de la seule «économie d’échange» (voir encadré).

Etat des lieux : une logique de dérive

Le rapport produit par les sept universitaires s’appuie sur une démarche scientifique qui a sollicité l’expertise des acteurs de terrain. Ainsi, les auteurs ont constaté le manque de politique foncière “efficiente et adaptée à l’île”, engendrant la spéculation. Les déséquilibres spatiaux accentuent une économie peu productive et fortement dépendante de l’extérieur, selon eux. Le secteur tertiaire représente la moitié de la production et les produits locaux s’élèvent à 20 % de la consommation des ménages résidents.

Le rapport relève, par ailleurs, de fortes inégalités entre la Corse et le continent “notamment en matière de revenus et d’accès aux services collectifs”. Avec 300 000 habitants, la Corse compte 30 000 précaires. La crise économique s’accompagne d’un fléchissement des indicateurs de santé. La situation engendre une fracture culturelle au détriment de la langue corse.

En outre, un Corse sur trois serait âgé de plus de 65 ans en 2040 selon l’Insee et “l’accroissement de la population est uniquement dû au seul solde migratoire”. Situation dont le premier effet serait le phénomène de spoliation aussi bien patrimoniale que foncière qui provoque de graves sentiments de dépossession des Corses. Le rapport conclut que la Corse suit une “logique de dérive” : “On ne peut que constater l’impossibilité de tout projet et la nécessité d’un traitement global de ces questions”.

Goizeder TABERNA

http://www.lejpb.com/paperezkoa/20110520/267404/fr/Lautonomie-et-citoyennete-corses-sont-dans-les-cartons

 

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