#Corse – Le FLNC revendique la nuit bleue sans menacer François Hollande

Il faut en faire des concessions avec la logique pour comprendre le sens des revendications du FLNC. Dans un communiqué à paraître in extenso dans le numéro du mensuel Corsicadu mois de juin, le groupe revendique à demi-mot les attentats survenus ces derniers jours. Assume la violence nocturne, mais dit ne pas menacer le pouvoir en place.

Dans un texte qui ressemble à une drôle de main tendue au gouvernement socialiste, les clandestins ont justifié leurs actions en reprenant les grands thèmes de leur idéologie : lutte contre la spéculation immobilière, dénonciation de la dérive mafieuse, appel à une solution politique. Tout en évoquant la« détresse » de la jeunesse corse. Citant parfois les valeurs de gauche et plus précisément l’héritage de François Mitterrand, cité dans le texte, le positionnement du FLNC s’inscrit dans une démarche« d’attente ». Comme il l’avait écrit en décembre dans sa publication Ribellu, il renouvelle sa volonté que l’assemblée de Corse prenne des« mesures essentielles. »Et que l’État engage « un processus de règlement politique de la question nationale corse ».

Une revendication sans liste précise

Quatre jours après l’élection de François Hollande à la présidence de la République, entre le 10 et le 28 mai, 26 attentats à l’explosif visaient des résidences secondaires dans toute la Corse. La quasi-totalité appartient à des étrangers et à des continentaux. Pour la seule « nuit bleue » intervenue du 10 au 11, dix-neuf explosions avaient retenti dans toute la Corse. On ne découvrait des signatures « FLNC » que sur deux portes de bâtisses à Giuncheto, dans le Sartenais. Les autres murs étaient vierges de toute inscription.

Tout en affirmant ne pas avoir voulu peser sur l’élection présidentielle, les clandestins soutiennent que leurs« actions de ces derniers jours étaient programmées de longue date et reportées pour cause d’élections ».Mais le FLNC persiste :« En aucun cas, elles ne constituent une mise en garde ou une menace en direction du nouveau pouvoir en place. Elles s’inscrivent dans notre combat de ces dernières années face à l’accroissement programmé des menaces spéculatives sur notre terre ».Le discours du Front n’a pas changé en ce sens depuis sa création, le 5 mai 1976 : « La terre corse doit rester possession entière du peuple corse ».Le rédacteur met deux chiffres en parallèle : la construction de « 4 500 résidences étrangères par an »et les «300 000 âmes du peuple corse ». Autrement dit, d’un côté la communauté de destin est reconduite, mais de l’autre, tous les non-Corses sont des étrangers.

Le FLNC salue d’autre part les personnes qui combattent ces menaces« sur le terrain public ». Si la « dérive spéculative »est pointée comme la cause de mécanismes mortifères, le communiqué reste muet sur les tentatives d’assassinats qui ont visé des nationalistes, comme celle qui a ciblé le 30 mai à Patrimonio Pierre-Ferdinand Casanova. Sans parler de la série de six homicides qui ensanglante le Fiumorbu depuis 18 mois.

Disparition des justices d’exception

Après la divulgation des chiffres de l’augmentation des prix de l’immobilier dans l’île en 2011 (+25 % en Haute-Corse et +12% en Corse-du-Sud), le FLNC met également en perspective la spéculation immobilière avec les difficultés de se loger ou de devenir propriétaire. « Trop de jeunes vivent dans la détresse de ne pas trouver un logement décent, n’osant même pas construire leur propre maison ».

Attentif aux résultats des élections législatives du 10 et 17 juin, le FLNC attend une position des candidats sur ce point et exige« de la clarté ».Mais il ne donne pas non plus de consigne de vote concernant les quatre indépendantistes engagés dans la bataille sous la bannière Corsica Libera. Condamnant sans la nommer la droite (« une classe politique discréditée et souvent dévoyée »), le FLNC rappelle aux socialistes qu’ils sont« des héritiers ayant construit les deux statuts précédents ».

Soulignant que François Mitterand avait dissous la cour de sûreté de l’État, les clandestins attendent « la disparition des justices d’exception ».Autrement dit, la suppression de la sous-direction antiterroriste, mais aussi de la juridiction interrégionale spécialisée. Mais le FLNC ne dit pas un mot sur l’actualité judiciaire des militants nationalistes. N’évoque pas même les « prisonniers politiques ».

Menaces aux groupes mafieux

La veille du procès du « canal gamin » qui se tiendra pendant plus d’un mois devant la cour d’assises spécialement composée de Paris, les clandestins ne disent pas un mot sur cette affaire. Dans ce dossier, vingt nationalistes membres de près ou de loin du FLNC-UC sont accusés notamment d’actes de terrorisme et de tentative d’assassinat.

Indiquant enfin être« attentif et vigilant », le FLNC, tout en affirmant n’être qu’une « organisation politique », estime que les menaces faites aux « groupes mafieux restent d’actualité ».Il affiche, une fois encore sa« capacité de riposte ».A l’heure où des tensions et voire même des scissions étaient évoquées au sein du FLNC, avec d’un côté les tenants du 22-Octobre, de l’autre ceux du canal historique, il affiche apparemment son unité. Peut-il toujours porter un projet politique ?

Il faudra attendre pour savoir si les matins calmes succèdent aux nuits bleues en Corse.

Paul ortoli

 

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