(Corsicainfurmazione, Gestion Institutionnelle, publié le 28 janvier 2025) » Le groupe Avanzemu présentera, lors de la session de l’Assemblée de Corse de janvier 2025, une motion soutenant la demande de reconnaissance du Chjam’è rispondi par l’UNESCO comme Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) et son inscription sur la Liste de Sauvegarde d’urgence.
Le long combat d’une revendication culturelle et linguistique, engagé par le Riacquistu des années soixante-dix, a permis en 2009 cette reconnaissance pour le «Cantu in paghjella » portée par le regretté Petru Guelfucci.
Face au lent déclin de la transmission intergénérationnelle de la langue corse, il y a une urgence absolue à structurer autrement une politique linguistique propre à répondre aux enjeux.
Dans ce difficile chantier de reconquête, la pratique du Chjam’è rispondi est emblématique: elle a tenu jusqu’à nos jours une place essentielle dans l’expression chantée et plus largement dans les rapports sociétaux du peuple Corse.
À l’instar de la langue corse, cet art populaire du chant improvisé est désormais en danger de mort et ce, pour les mêmes causes, notamment l’effondrement de la vie rurale (considérée comme le vecteur principal de ce chant) et son corollaire, la rupture de transmission des savoirs et pratiques.
Plus globalement le fonctionnement d’une société Corse en perte de repères, subissant des bouleversements mettant en péril son identité multiséculaire, aggrave la tendance.
Le Chjam’è rispondi, qui fait partie de cette longue liste d’une improvisation poétique chantée dans tout le bassin méditerranéen, ne doit pas être considéré pour autant comme un simple marqueur culturel.
Il a vocation à participer à ce travail considérable d’apprentissage de la langue, à travers la pratique du chant improvisé en milieu scolaire.
En effet, loin d’être réductrice, notre démarche entend rejoindre le camp des réussites liées à l’enseignement du chant improvisé à l’école, du Pays Basque aux Baléares, où il est même enseigné officiellement.
Notre motion entend ainsi soutenir la pétition lancée en ce début d’année 2025 par l’Associu di u Chjam’è rispondi, le Centre National de Création Musicale VOCE de Pigna et l’ADECEC de Cervioni, s’appuyant sur les travaux universitaires menés depuis plusieurs années sur le sujet.
En conclusion, cette campagne de sauvegarde de ce volet identitaire requiert un soutien solennel de la part de l’Assemblée de Corse mais également des acteurs institutionnels, associatifs, culturels… et de la société corse toute entière. »