(Unità Naziunale, Archivii, corsicainfurmazione.org, publié le 26 janvier 1980) Une manifestation générale a été annoncée pour ce samedi 26 janvier, à 15 heures, à Ajaccio, par les collectifs de Bastia, Corte et Ajaccio, au total plus de 40 mouvements appellent à se mobiliser (CGT, FDSEA, CFDT, nationalistes, culturels, associatifs, politiques, syndicales..).
Le samedi 26 janvier 1980 : Dès 15h, les commerçants ont baissé leurs rideaux. Journée ISULA MORTA (initialement prévue le 24 janvier 1980) en Corse pour obtenir la libération des prisonniers corses, l’arrêt des poursuites, le démantèlement des polices parallèles ainsi que la démission du ministre de l’Intérieur et du préfet de la région Corse. Un grand rassemblement organisé par l’ensemble des mouvements nationalistes s’est tenu dans le calme à Ajaccio avec la participation de 5 000 personnes selon la police et 30 000 selon les organisateurs.
Mais l’évènement majeur restera une manifestation mémorable : 20 000 à 30 000 personnes selon les chiffres rassemblées sur le cours Napoléon ( mieux que lors de la visite du général de Gaule en 1948) avec une seule banderole en tête du cortège : LIBERTA, et de nombreux slogans scandés par tous les manifestants : LIBERTA PER TUTTI I PATRIOTI, LIBERTA PER I CORSI, CORSICA NAZIONE, I BARBUZI FORA, FLN… Le tout encadré par des personnes portant A TESTA MORA, des centaines de drapeaux corses flottent au vent.
En tête, les responsables des principales organisations qui ont appelé à se mobiliser avec les familles des prisonniers politiques juste derrière, ainsi que des militants nationalistes et autonomistes. Puis les représentants des partis de gauche et des syndicats…
Un discours en langue corse a lieu en début de manifestation par Pierre Beretti, puis un second par Félicie Lorenzoni, conseillère municipale de Bastelica, épouse de l’un des détenus.
Les organisateurs distribuent un journal avec la liste des prisonniers politiques et un constat qu’en 10 ans, il y a eu plus de 500 interpellations, 143 personnes ont été inculpées par la Cours de Sureté de l’Etat, et qu’au moment de cette manifestation, il y avait 100 personnes en prison.
C’est vers 16 heure 30 que le gros des manifestants se dispersent mais la nuit voie des affrontements violents opposant des petits groupes aux forces de l’ordre.
Le mot d’ordre de cette manifestation est » la libération de tous les militants encore emprisonnés, la mise hors d’état de nuire des polices parallèles et autres barbouzes, la levée du dispositif policier, la démission du préfet de région et la suppression de la Cour de sûreté de l’État « .
102 prisonniers politiques corses
https://www.corsicainfurmazione.org/69193/corse-affaire-bastelica-fesch-janvier-1980-fevrier-1981/2025/