(Corsicainfurmazione.org, I Scrianzati, publié le 13 janvier 2025) Dans un mail adressé à Corsica Infurmazione, Pierre Poggioli livre son analyse sur l’actualité récente.
« L’éternité de la Corse.. Pianu pianinu.. tout a tremblé et quasiment rien n’a bougé.. malgré le sang et les larmes qui ont « pétri » et marqué notre génération..
U clanismu oghje le clientélisme, les lobbies, les groupes de pression, le piston, les fraternités, les alliances contre nature.. avec en plus u soldu, l’individualisme, l’égoïsme.. une minorité (monde des affaires et affidés) se partagent le gâteau, œuvrant pour plus de dépendance avec l’état (surtout les aides et subventions allant avec) la pauvreté elle, a progressé (i nostri, mais aussi de plus en plus les accidentés de la vie, les familles désarticulées, tuyaux de poêle, les apeurés des grandes villes et des banlieues hexagonales, les laisser pour compte croyant que la misère se vit mieux au soleil..).. venus de toute l’Europe.. et nous apportant leurs façon de vivre et de penser.. Quant à la politique, alors que l’île se vend aux riches marchands européens en recherche de bonnes affaires.. avec des relais et complices nustrale, exit un vrai Projet collectif (Autonomie mirage sans grandes lignes politiques pour un contre-projet et un vrai contenu nous permettant de dire basta à tant de dérives et de situations insupportables pour le peuple qui aspire à mieux vivre avec ses droits collectifs et un mieux-être sur sa terre.. ce sont toujours les sempiternelles et traditionnelles courses à l’élection qui reprennent le dessus (ôtes toi que je m’y mette !) les nationalistes s’étant coulés dans le moule du droit commun dans les actions, positions, revendications et pratiques au quotidien.. les anti d’hier devenant presque plus évolutionnistes, « plus corses » (institutions et langue..) que les héritiers des années de feu 1970-2000..
Le milieu, devenu mafia, profite de cette situation, pourrissant une jeunesse hier contestataire, mais aspirant au travail et à la dignité, avec pour projet une famille heureuse sur sa terre et des enfants portés par des valeurs de solidarité, d’humanité et de corsitude apaisée, se préoccupe désormais prioritairement de loisirs, sur fond d’alcoolisme et de drogues diverses, privilégiant l’argent facile et la débrouillardise (voire magouilles et passe-droits) pour tirer son épingle du jeu et cultiver l’art du paraître.. et son destin-avenir, surtout sa réussite personnelle, quitte à écraser les autres, se fichant de plus en plus du destin collectif des Corses.. Sans oublier nos rivalités sportives grotesques qui n’apportent pas grand chose de positif et nous divisent quand la maison s’écroule. Nous sommes d’ailleurs plus que jamais rivés à la tambouille politique parisienne et à Marseille (via les transports).. et d’autres arrivent désormais en nombre, prenant les places, nous remplaçant et finalisant l’œuvre colonisatrice-mondialiste de la cage sans les oiseaux.. Et la Corse ne rêve plus que de modernité (tour de passe-passe avec le progrès), de toujours plus de constructions, population et touristes, (nuisances et déstructurations environnementales, patrimoniales et humaines diverses en contrepartie) d’argent, de richesses matérielles, alors que tout s’écroule autour de nous, et que les institutions arrachées par nos luttes, reprennent le train-train et les pratiques-habitudes du ronronnement de la cooptation entre amis-frères aux commandes, se sclérosant et perdant leurs originalités-spécificités fondatrices.. veillant volens nolens à vouloir changer tout (départ) pour que rien ne change en profondeur.. L’écume des vagues des modifications en surface évitant de se pencher sur les maux rongeant et détruisant notre corse et sa société qui va à malavia .. Finalement, au-delà des échecs individuels et collectifs de notre génération, serons-nous condamnés à n’avoir été que les acteurs d’une « période de la longue histoire de notre Corse », et serons-nous condamnés comme celles et ceux de la Résistance en 39-45, fiers de leurs idéaux de liberté et de partage, qui doivent se demander « quid de notre héritage ? Alors sursaut collectif ou éternité mortifère pour les droits du peuple corse, sachant que la situation que nous dénonçons en arrange plus d’un.. et de Corses profiteurs aussi, (au-delà de l’Etat et de ses représentants) la survie et l’épanouissement de la majorité des Corses n’ayant jamais été leur motivation vitale.. Pierre Poggioli »