(Unità Naziunale – Lutte Institutionnelle – Publié le 26 septembre 2024, mis à jour le 24 octobre 2024) Une motion prévue pour février dernier, et reportée en septembre 2024, qui demande d’inscrire la Corse sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser.
Motion rejetée, la droite a voté contre, les modérés (Femu et PNC) se sont abstenus (équivaut à voter contre), seul le bloc indépendantiste a voté pour (Nazione, et Core In Fronte).
Voici l’intervention de Josepha Giacometti Piredda
La position de Paul Félix Benedetti expliquant son soutien à la motion et sa défiance à Bakou.
Nouvelle position de Paul Félix Benedetti, suite aux positions mitigées de Femu A Corsica et du Partitu di a Nazione.
(Corse Matin) Assemblée de Corse : la motion de Nazione qui embarrasse les autonomistes…
(Alta Frequenza) Pour Nazione la motion qui sera présentée ce jeudi doit recueillir un assentiment le plus large possible
(FR3Corse)
(Corse Matin) « Ce que la Constitution française nous refuse, nous comptons aller le chercher du côté du droit international et des Nations Unies »
(Corse Net Infos) Hasard du calendrier, la motion de Nazione sera étudiée alors que Catherine Vautrin, ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, en charge du dossier corse, entamera sa première visite en Corse.
(RcfM)
(Stampa Paese)
(Journal de la Corse)
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Voici la motion qui sera présenté à l’Assemblée de Corse :
Les discussions en cours entre les élus de l’Assemblée de Corse et le gouvernement français doivent, afin de connaître une nouvelle impulsion, être replacées dans la dynamique historique d’une lutte de plusieurs décennies.
Si l’on veut s’acheminer vers une solution politique globale et entrer dans une démarche de résolution du conflit, il convient d’en poser clairement les termes, Depuis les années 1960, toutes les tendances de cette lutte nationale ont clairement affirmé que la situation faite à la Corse était de nature coloniale, tant le courant indépendantiste que le courant autonomiste, S’agissant du premier, on peut se reporter au « Petit livre vert » du FLNC (A libertà o a morte, 1977) qui est particulièrement clair sur le sujet, S’agissant du second, parmi de nombreux exemples, on rappellera le plus emblématique : le fameux discours d’Edmond SIMEONI du 17 août 1975 à Corti, préfigurant les événements d’Aleria et de Bastia.
#Corse @EdmondSimeoni « êtes vous prêts à assumer la lutte dure, inégale, à nos cotés? »
« La Corse est-elle une colonie ? La Corse doit-elle être décolonisée ? »
Le leader de l’ARC s’adressa ce jour là aux militants et sympathisants en ces termes : « La Corse est-elle une colonie ? La Corse doit-elle être décolonisée ? » et la foule répondit naturellement et sans hésiter par l’affirmative.
Ce point constitue l’un des fondamentaux communs à l’ensemble du mouvement national. L’occasion est aujourd’hui donnée aux nationalistes de l’affirmer dans un cadre institutionnel, se hissant ainsi au niveau des enjeux historiques de la lutte nationale contemporaine, En ce qui concerne les précédents politiques et juridiques, rappelons que, le 18 août 2011, l’Assemblée de Polynésie vota par 30 voix la résolution demandant la réinscription de la Polynésie sur la liste de l’ONU des pays à décoloniser. Des élus de l’Assemblée polynésienne défavorables à la démarche demandèrent l’annulation de la résolution devant le tribunal administratif de Papeete, estimant que l’Assemblée Nu 2024/O1/004 de Polynésie n’avait aucune compétence en la matière.
Toutefois, ces élus n’obtinrent pas gain de cause : le président du tribunal administratif écarta leur requête par une ordonnance du 9 février 2012, suivant en cela la position du rapporteur public ayant considéré qu’un tel vœu ne « constitue pas un acte faisant grief ». Le 17 mai 2013, la Polynésie était réinscrite sur la liste de l’ONU.
Cet épisode conforte la présente démarche sur le plan juridique, puisque le projet de résolution présenté ci-après reprend très exactement, adaptés à la Corse, les termes de la résolution polynésienne,
CONSIDERANT que par sa résolution n° 1514 (XV) du 14 décembre 1960, l’Assemblée Générale des Nations-Unies a reconnu le désir passionné de liberté de tous les peuples dépendants et a réaffirmé son rôle pour mettre fin au colonialisme,
CONSIDERANT que par sa résolution n° 1654 (XVI) du 27 novembre 1961, l’Assemblée Générale des Nations Unies a chargé un comité spécial d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux,
CONSIDERANT qu’aux termes des résolutions des Nations-Unies n° 43/47 du 22 novembre 1988 et n° 55/46 du 8 décembre 2000, l’Assemblée Générale de l’ONU a proclamé les périodes 1990-2000 et 2000- 2010 décennies internationales de l’élimination du colonialisme,
CONSIDERANT que l’inscription de la Corse sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser participe de cet objectif et qu’il appartient aux membres de l’Assemblée de Corse, élus du peuple corse, d’œuvrer pour l’atteindre,
CONSIDERANT que cet acte doit s’accompagner d’une évolution institutionnelle concertée afin de permettre à la Corse d’atteindre, dans un premier temps, la pleine autonomie,
CONSIDERANT que toute évolution statutaire doit se fonder sur la reconnaissance du peuple corse et de ses droits,
CONSIDERANT que celui-ci, ainsi reconnu, devra à terme pouvoir se déterminer librement,
L’ASSEMBLEE DE CORSE MANDATE Madame la Présidente de l’Assemblée de Corse, Monsieur le Président du Conseil exécutif pour entamer toutes les démarches nécessaires auprès du secrétaire général des Nations Unies afin de demander d’inscrire la Corse sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser.
APPELLE les Etats membres de l’Assemblée générale de l’ONU à soutenir cette demande exprimée démocratiquement par les institutions représentatives de la Corse.
APPELLE le Président de la République française à bien vouloir respecter les obligations internationales de la France en ce qu’elles découlent de l’article 73-e de la Charte des Nations-Unies et en conséquence, à communiquer à l’Assemblée Générale des Nations Unies les informations relatives à la situation de la Corse.
APPELLE le Président de la République française à bien vouloir faciliter l’inscription de la Corse sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser.
APPELLE le Président de la République française à donner, à travers la prise en compte de la présente démarche, une nouvelle impulsion aux discussions avec les institutions corses en vue de permettre la conclusion d’accords dans la perspective d’une évolution statutaire.
DEMANDE au Secrétaire Général des Nations-Unies de bien vouloir inscrire cette demande d’inscription de la Corse sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, à l’ordre du jour d’une prochaine Assemblée Générale. La présente résolution sera publiée et transmise, accompagnée de son rapport de présentation, au Président de la République française, au Secrétaire Général des Nations-Unies, aux Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat et aux parlementaires de la Corse.
(Unità Naziunale – Lutte Institutionnelle – Publié le 23 octobre 2024) Conférence de presse de Nazione, ce mercredi 23 octobre dans les locaux de la CdC.
Depuis plusieurs mois maintenant, Nazione a initié une démarche en vue d’obtenir l’inscription de la Corse sur la liste des « territoires non autonomes » à décoloniser de l’ONU. Les dernières Ghjurnate Internaziunale di Corti ont d’ailleurs été l’occasion d’étayer cette proposition et de démontrer, à la fois la faisabilité et l’opportunité d’une telle revendication. Le droit international, et plus précisément la résolution 1514 du 14 décembre 1960 de l’Assemblée générale des Nations Unies, consacre le principe selon lequel « tous les peuples ont le droit de libre administration » et qu’ « en vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel ». Afin de garantir l’exercice effectif de ce droit des peuples à l’autodétermination, la Charte des Nations Unies a donc instauré une liste des « territoires non autonomes », c’est-à-dire des peuples qui sont toujours privés du droit fondamental à décider librement de leur avenir. À l’évidence, la Corse y a toute sa place. Elle répond à tous les critères juridiques et politiques afin d’y figurer à l’instar de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie, pays actuellement sous domination française, ou encore à l’instar de Malte, Etat indépendant et membre de l’Union Européenne qui y fut inscrit de la fin de la Seconde Guerre Mondiale à son indépendance en 1964. En effet, la Corse est bien un territoire « non autonome » à décoloniser au sens du droit international. Ces dernières années, l’Etat français a constamment démontré combien il méprisait l’expression démocratique des Corses et leurs droits en tant que peuple. Malgré les résultats électoraux sans appel en faveur du mouvement national et l’existence de délibérations adoptées à de très larges majorités par l’Assemblée de Corse, la volonté du peuple corse de choisir son statut politique, de voir sa langue reconnue comme officielle sur sa propre terre, de protéger son patrimoine foncier à travers l’instauration d’un statut de résident prélude à une citoyenneté corse, ou encore de maîtriser sa fiscalité et donc son modèle économique et social, s’est systématiquement heurtée aux vétos et autres « lignes rouges » parisiennes. En outre, les récentes discussions de Beauvau ont démontré que l’Etat français demeurait toujours maître de la plume constitutionnelle et des horloges parlementaires dès lors qu’il est question de déterminer l’avenir de la Corse. Dans ce contexte de négation constante des droits du peuple corse, l’inscription officielle de la Corse sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser vaudrait reconnaissance officielle de son droit à l’autodétermination et engagement de la communauté internationale de veiller à son effectivité. Elle doit permettre au peuple corse de choisir lui-même, sans ingérences extérieures, son statut politique. Cette évolution statutaire pourra potentiellement, si les Corses le souhaitent, prévoir des étapes transitoires, en garantissant toutefois, en toutes circonstances, le droit imprescriptible du peuple corse à la pleine souveraineté, c’est-à-dire à l’indépendance nationale. Ce cadre offrira la possibilité à Nazione de défendre la création d’une République corse indépendante et, le cas échéant à d’autres forces politiques de porter des options différentes. Pour Nazione, cette démarche a donc vocation à être au cœur d’une stratégie nouvelle pour le mouvement national en vue de constituer un véritable rapport de force politique et démocratique avec l’Etat français qui, jusqu’à présent nous a fait sérieusement défaut. C’est la raison pour laquelle, de notre point de vue, cette demande ne doit, en aucun cas, constituer un enjeu de parti ou de faction. Elle doit, au contraire, devenir un projet porté à l’échelle de la Nation corse par l’ensemble des forces qui s’en réclament. Car par-delà les différences stratégiques profondes qui peuvent exister au sein du mouvement national, la dénonciation du fait colonial, l’existence d’un peuple corse et de son droit à décider librement de son destin font partie de nos fondamentaux idéologiques communs. Cette position politique, assumée par les indépendantistes, a été également réitérée par le père fondateur de l’autonomisme corse, Edmond Simeoni, plus de quarante ans après Aleria dans les derniers moments de sa vie d’homme et militant lorsque celui-ci déclarait en 2016 « j’affirme avec conviction qu’il existe un peuple corse, une nation corse, c’est-à-dire ayant une langue, une culture, un territoire, la volonté de vivre un devenir commun ; la Corse est une colonie française ». En janvier dernier, par l’intermédiaire de notre élue, Josepha Giacometti Piredda, nous avons déposé une motion devant l’Assemblée de Corse afin que cette demande puisse devenir celle de tous les Corses. Dans quelques heures, cette motion sera enfin examinée par les élus de la Corse. Il s’agit là d’un moment extrêmement important pour l’avenir de notre peuple et de son droit à vivre libre sur sa terre. C’est la raison pour laquelle nous appelons l’ensemble des élus se revendiquant de la Nation à s’approprier cette démarche et à la soutenir par le vote afin de lui permettre de poursuivre son chemin devant les Nations Unies. Après des décennies de combat et le lourd tribut payé par les patriotes ayant consenti tous les sacrifices, y compris pour nombre d’entre eux celui de la liberté et de la vie, le mouvement national se doit d’offrir une perspective majeure afin de voir enfin reconnus les droits du peuple corse. Désormais, et pour paraphraser une fois encore les mots d’Edmond Simeoni, prononcés à Aleria en 1975, l’heure n’est plus à « transiger avec le colonialisme » mais bien à l’ « abattre » avec les armes du droit et de la démocratie.