(Unità Naziunale – Lutte Internationale – Publié le 20 janvier 2024 – Source) Les indépendantistes du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Mouvement pour l’autonomie de l’Azawad, des Amazighs du monde entier ont marché main dans la main à Paris ce dimanche 14 janvier. Cette marche internationale amazighe a réuni plusieurs milliers de personnes.
Les manifestants ont scandé des slogans en faveur de l’indépendance de la Kabylie et de l’Azawad, deux pays du nord de l’Afrique qui revendiquent leur autonomie ou leur indépendance. Ils ont également dénoncé la répression dont ils font l’objet par les gouvernements algérien et malien.
L’Université d’Été d’Agadir, une des premières associations amazighes au Maroc, était présente à la marche. Dans un communiqué publié à l’issue de la marche, l’Université Amazigh d’Agadir a déclaré : « Nous sommes solidaires des peuples kabyles et azawadiens dans leur lutte pour l’indépendance. Nous condamnons la répression dont ils font l’objet et nous exigeons que leurs droits soient respectés. Nous dénonçons également les génocides qui se déroulent en Kabylie et au Mali. Nous demandons à la communauté internationale d’intervenir pour mettre fin à ces crimes.«
Plusieurs intervenants ont pris la parole dont des militants Azawadiens et touaregs en diaspora, Ferhat Mehenni pour l’Anavad et le MAK.
L’activiste libyen Fethli Benkhelifa a aussi fait le déplacement, ainsi que Belkacem Lounès du Congrès Mondial Amazigh.
Des représentants des Iles Canaries ont pris la parole pour transmettre un message de solidarité chaleureuse envers les Amazighs du monde entier. Ils ont rappelé qu’ils ne veulent pas que leur région serve de base militaire pour l’OTAN, et qu’ils exigent le respect de leur culture et de leur identité, ainsi que la reconnaissance des crimes commis par le colonialisme espagnol et les discriminations en cours.
Le résistant touareg Agufan Ayoub Imuhar, originaire de Kidal, a pris la parole lors de la marche. Il a déclaré que la lutte pour l’indépendance de l’Azawad ne faisait que commencer, et il a exhorté la communauté internationale à prendre ses responsabilités. Il a fustigé le silence complice de l’Algérie sur les crimes perpétrés en Azawad.
En marchant dans le froid, Ferhat Mehenni a été plongé dans ses souvenirs. Il a repensé à son arrestation le 2 janvier 1986, et aux cinq jours qu’il avait passés dans les prisons algériennes, son transfert à la prison de Tazoult-Lambese et ce que subissent aujourd’hui à leur tour injustement les prisonniers kabyles.
Dans son allocution le Président du MAK a annoncé la proclamation d’une République Fédérale de la Kabylie, d’un Etat kabyle le 14 juin 2025 si d’ici là l’Algérie n’entame pas des négociations sur des modalités par voie référendaire sur le droit à l’autodétermination du pays kabyle.
Dans sa déclaration passionnée Ferhat Mehnni a déclaré « Vous êtes tous des héros. Le fait de braver le froid alors que Paris connaît des températures négatives est remarquable. Pourtant, tout le monde est venu pour marcher, défier aussi bien la nature que les hommes, surtout les dictateurs qui sont en Algérie et qui, ne l’oublions pas, font le malheur de la démocratie en Afrique, chez nous le malheur des peuples d’Algérie comme le peuple kabyle. Je salue aussi parmi nous la présence des Chaouis, des Mozabites et des Touaregs.
Je souhaite exprimer un mécontentement quant à l’absence des médias français. Est-ce du mépris pour nos peuples, est-ce du mépris pour le combat pour la démocratie ou est-ce du mépris pour les valeurs qui fondent même la France ? Nous sommes au jour de l’An Amazigh. Nous avons organisé cette initiative, nous avons pris cette initiative pour unir les forces, solidariser les combats, les mutualiser en vue de constituer une force suffisante pour être entendue par le monde entier.
Nous, les Berbères, la colonisation ne nous a pas permis d’avoir un État souverain dès le départ. C’est maintenant que l’Histoire doit être rectifiée. Je voudrais parler de l’Algérie, qui est devenue le plus grand pays d’Afrique après que le Soudan ne soit divisé en deux. C’est une menace permanente sur la sécurité internationale, sur le développement de la démocratie à travers toute l’Afrique. Il est important que cette dictature soit démantelée pour que les peuples d’Algérie et le peuple kabyle puissent accéder à leur souveraineté et participer à la construction de la paix, de la liberté et de la démocratie à travers le monde.
L’Algérie est un danger, c’est un danger pour la France. Le Président algérien vient de menacer la France en disant qu’il va activer la jeunesse immigrée d’origine algérienne pour déstabiliser la France. J’appelle la jeunesse kabyle issue de l’immigration à rester kabyle et non pas algérienne. La France est notre deuxième patrie, nous l’aimons et nous la chérissons, et nous voudrions construire avec la France une Kabylie indépendante, une Kabylie de la démocratie et des droits de l’Homme.(…) »
Le message est clair : l’histoire doit être rectifiée, les droits doivent être protégés, et la démocratie doit prévaloir. Tous les prisonniers Kabyles doivent être libérés, les autorités maliennes doivent se retirer de l’Azawad. Lors de cette manifestation les médias français ont encore été critiqués pour leur mutisme face à la répression des peuples amazighs.