(Corsica Infurmazione – Publié le 27 mars 2022) La très vive émotion et la colère profonde qu’a suscité l’assassinat d’Yvan Colonna dans la prison d’Arles, se traduisent désormais par une défiance envers l’Etat largement partagée et durablement installée.
Le moindre évènement en rapport avec cet assassinat est passé au crible de cette méfiance comme en témoigne une vidéo sur le comportement de CRS à la caserne de Furiani le jour de l’enterrement d’Yvan Colonna.
Si ces faits sont avérés, ils impliquent des sanctions.
D’autres questions traversent la société corse : qui sont les auteurs de tags contre l’islam totalement étrangers aux messages portés par les mobilisations de ces dernières semaines ; le renfort policier dans l’île n’est-il pas lié à une possible surveillance généralisée de la société corse par les forces de l’ordre … ?
Une situation de tous les dangers
Dans le contexte actuel, la méfiance des citoyens corses envers l’Etat et leur vigilance doivent être comprises à l’aune de cinq années de dénis de justice, de mépris de la loi et des élus qui ont fortement marqué la politique du gouvernement. L’Etat ne peut rester silencieux notamment sur ce qui s’est réellement passé à la caserne de Furiani au risque d’entretenir la suspicion et la colère.
Mais au-delà, la famille Colonna et la société corse attendent des réponses publiques sur les faits qui ont conduit à l’assassinat d’Yvan Colonna et sur les responsabilités engagées. Les familles d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri ainsi que la société corse attendent la réinsertion familiale et sociale des deux hommes.
La société corse demande que soit enfin posé sur le fond l’avenir de la Corse, dans ses dimensions politique, culturelle, sociale et économique, avec la participation de tous les élus et de la société civile. Le calendrier annoncé par le gouvernement suscite des interrogations. Il semble faire fi des élections présidentielle et législative en chevauchant ces échéances. Mais peu importe leur résultat. Celles et ceux qui auront en responsabilité la conduite de l’Etat ne pourront s’opposer à ce débat sinon à vouloir refuser la construction d’un dialogue durablement apaisé entre la République et la Corse et faire ainsi le choix politique de nouveaux cycles d’affrontement. »