(Unità Naziunale – Lutte institutionnelle – Publié le 17 juin 2021 à 12h35) Vous trouverez ci-joint un texte résumant notre position sur les sujets que vous évoquez dans votre lettre et répondant, nous semble-t-il, à vos différents questionnements.
Mesdames et Messieurs les représentants du Conseil de l’Ordre des Architectes Corses,
Par votre courrier vous sollicitez la liste Corsica Libera dans le cadre des élections territoriales afin qu’elle se positionne sur un certain nombre de points.
Sur la question du logement, nous proposons I création d’un Office de l’Urbanisme, du Foncier et du Logement, via lequel nous développerons I droit de préemption ou l’achat de bâtiments par le communes, afin de les proposer ensuite à la location à bas prix.
Les PLU doivent également réserver des espace dédiés à l’accession à la propriété des personne résidant en Corse depuis 3 ans au moins.
Pour que les Corses puissent se loger décemment’ nous proposons en outre de mettre en place un politique d’avance de cautions en faveur de ménages aux revenus les plus bas.
En ce qui concerne plus particulièrement le ma! logement : la détection de l’habitat indigne doit faire l’objet d’une attention particulière. C’est pourquoi nou proposons de déployer la plateforme de signalement Histologe afin de procéder à la réhabilitation de ce habitats grâce aux aides disponibles.
Enfin, pour permettre à chacun de se loge correctement, de participer à la préservation d l’environnement, et d’augmenter son pouvoir d’achat, nous devons lutter contre la précarité énergétique en consolidant les aides dédiées au travaux d’isolation.
Pour le logement social, et la politique de concours d’architecture systématique que vous souhaite voir impulsée par la Collectivité de Corse nous sommes favorables, notamment pour préserver la cohérence architecturale de la Corse, et permettre au bâti de s’intégrer au paysage et à l’Histoire patrimoniale de l’ile. Une cohérence, dont on ne cesse de s’éloigner. Nous souhaitons également voir l’accès aux personnes à mobilité réduite garanti au sein de chaque logement social.
Au sujet des marchés publics, l’opportunité d’avoir recours à des partenariats public-privé plutôt qu’à une maîtrise d’ouvrage publique doit être évaluée au cas par cas. Toutefois, dans les secteurs stratégiques, dont fait partie le logement, nous sommes en faveur d’une maîtrise par la puissance publique.
Vous le relevez dans votre courrier, la mise en application du PADDUC a fait l’objet de nombreuses difficultés, voire a donné lieu à des situations d’incohérences et d’injustices. Sa révision, prévue par les textes, doit être l’occasion de corriger ces absurdités en maintenant la philosophie qui a guidé sa rédaction, à savoir maintenir l’objectif de préserver la Corse d’un développement anarchique et irrespectueux de l’environnement.
Rappelons que Corsica Libera a présenté et fait voter à l’Assemblée de Corse une motion prévoyant que la Collectivité agisse en justice contre tout PLU ou document d’urbanisme contrevenant au PADDUC.
Conscients de devoir agir en amont, et outre les modifications qui auront lieu lors de la révision légale, il est absolument nécessaire d’aider les communes et intercommunalités dans la rédaction des Plans Locaux d’Urbanisme en mettant à leur disposition les moyens d’ingénierie qui leur sont nécessaires. Cette mise à disposition passe par l’action de l’Office de l’Urbanisme, du Foncier et du Logement, déjà cité, qui centralisera les compétences dans ces trois domaines. Le poids du CAUE doit également être renforcé à cet endroit.
La révision du PADDUC. est aussi l’occasion de mettre au cœur du débat les conséquences des événements naturels dus au changement climatique.
Afin de prévenir l’aggravation de ces événements, Corsica Libera continuera de se prononcer contre une artificialisation effrénée des sols, laquelle augmente les risques d’inondations, et met à mal notre biodiversité. Cependant, ce principe de non-artificialisation doit être appliqué avec discernement et de façon adaptée dans les zones urbaines et les zones rurales.
Ces raisons nous amènent à privilégier les réhabilitations aux constructions nouvelles et à être favorables au développement de l’habitat collectif plutôt qu’individuel, dans le respect de l’Histoire et l’esthétique corse.
Concernant le littoral, si la cartographie des terrains inconstructibles doit être revue dans l’intérieur, le littoral, lui, doit être entièrement préservé des constructions. Seules doivent être autorisées les restaurations de sites ayant un intérêt patrimonial.
Les côtes, et d’une façon plus générale, notre terre, sont en effet notre bien commun et nous sommes conscients des menaces et des violations qu’elles subissent par l’action irraisonnée de l’Homme. L’Assemblée de Corse a voté la déclaration d’urgence climatique et écologique sur proposition de Jean- Guy Talamoni. dans laquelle la problématique du littoral était soulignée. Ayant pour but de placer la question écologique au cœur des politiques publiques à mener, cette déclaration prévoyait, entre autres, la création d’un comité d’experts chargé d’étudier, de suivre et d’anticiper les modifications des paramètres de l’environnement liées au changement climatique. Un document comprenant l’étude d’impacts du réchauffement ainsi que les mesures à prendre devait également être rédigé. Ainsi, il ne s’agissait pas d’une déclaration d’intention, mais bien d’une déclaration d’actions.
La question de la promotion d’un tourisme raisonné est intimement liée à celle de l’environnement. Il est absolument essentiel de préserver les sites naturels sensibles d’une sur-fréquentation. C’est pourquoi, des quotas devront impérativement être mis en place, de même que l’obligation, pour les non-résidents corses, de payer pour accéder à certains sites. Cette politique tarifaire permettra de donner les moyens à la Collectivité d’entretenir les espaces.
Le modèle touristique doit aussi sensibiliser et impliquer les voyageurs à la préservation de notre nature, permettre au touriste de s’interroger sur ses pratiques, sa consommation, et l’amener à en changer parfois, comme propose de faire le tourisme « réflexif ».
Aussi, il est important d’œuvrer pour l’étalement de la saison touristique. Cela passe notamment par une politique culturelle ambitieuse. Inhérente à celle- ci : les projets architecturaux qui portent en eux un grand potentiel d’attractivité. C’est ce que l’on appelle communément I’ « effet Bilbao ».
Le projet Paoli-Napoléon. multiformes, participe à atteindre les objectifs de promotion d’un patrimoine commun, et d’un tourisme tourné vers la culture et l’Histoire. Un tourisme également rééquilibré géographiquement, c’est-à-dire tourné vers l’intérieur, valorisant nos villages, et non plus uniquement concentré sur les côtes.
Ce tourisme réflexif, culturel, patrimonial, doit aussi guider la réorganisation de l’espace public notamment au sein des villes, avec la création de zones ombragées, la végétalisation de l’espace urbain, de son habitat, des établissements scolaires, pour éliminer les pollutions visuelles que l’on sait.
Concernant la régulation des surfaces commerciales, loin d’adhérer au développement de grandes surfaces sur l’ile, comme en attestent ses prises de position depuis de nombreuses années (opposition à l’extension de grandes surfaces au sein de la Commission Départementale d’Equipement Commercial, vote à l’Assemblée de Corse en faveur de la fusion des CDAC en une seule Commission territoriale, et autres multiples oppositions aux projets de création de nouvelles GMS). Corsica Libera prône la mise en place de circuits courts et souhaite mener une politique de soutien envers les producteurs locaux, comme envers les petits commerces afin d’asseoir de véritables filières, de la production à la vente.
Aussi, il n’est plus question selon nous de créer de nouveaux points d’accès principaux et centralisant pour acquérir des biens alimentaires. Il s’agit plutôt de favoriser l’itinérance, et notamment, en concertation avec les communes, le développement de marchés, dans différents quartiers des villes, comme dans le rural, pour aller à la rencontre des consommateurs et non l’inverse. Cela réduirait les effets de pollution liés à la circulation automobile- étant donné que seuls les vendeurs se déplaceraient et non les consommateurs- et participerait à la revitalisation de nos villages.
Nous souhaitons de plus créer un marché d’intérêt national numérique permettant aux consommateurs d’acheter des produits locaux et de proximité sur une même plateforme. La distribution des produits devra privilégier les moyens de transports « doux ».
L’un des objectifs prioritaires de Corsica Libera est d’atteindre l’autonomie alimentaire afin de rompre avec les importations excessives.
Sur le projet de nouveau port de Bastia, Corsica Libera se positionne résolument contre. A ce sujet, nous vous renvoyons au programme de campagne présenté lors des dernières élections municipales de la ville et à notre programme actuel. Notre proposition consiste en la reprise des aménagements actés par la Collectivité à savoir l’extension de parking de 3ha, le dragage du bassin, la démolition d’un tenon, l’aménagement du quai des martyrs pour la grande plaisance. Il s’agit aussi de prolonger de 250 mètres la jetée actuelle en Sud-Est pour protéger le Vieux Port et augmenter sa capacité d’accueil de 300 anneaux.
De façon plus générale, la politique de transport interne de la CDC doit être réétudiée et faire la part belle à l’intermodalité afin de rapprocher les différents territoires de l’ïle. Cela passe par l’amélioration du maillage du réseau d’autobus, et par une nouvelle stratégie ferroviaire, deux objectifs inscrits également au sein de notre programme.
Vous nous interrogez ensuite sur l’économie circulaire au sein du BTP. Concernant les projets de constructions en eux-mêmes. nous souhaitons qu’ils soient réalisés à partir de matériaux biosourcés, notamment en développant la filière bois, mais aussi celle d’autres matières naturelles permettant aux logements d’être mieux isolés (paille, liège, laine…). Ainsi les projets de constructions, réhabilitations, extensions, doivent tendre vers des objectifs éco- responsables en privilégiant autant que faire se peut, les matériaux disponibles en Corse.
Pour développer les filières locales absentes, des carrières doivent être créées et soutenues financièrement, la mise en valeur et la gestionbvertueuse de nos forêts par l’ODARC et l’ONF Corse doit aussi permettre de créer de la valeur économique, et écologique dans ce secteur. Le transport interne des matériaux doit en outre être facilité, et la consommation des matériaux naturels dans le domaine du BTP doit être encouragée via une politique d’incitation, d’information, de sensibilisation, de soutien financier vers les privés et les entreprises.
La tâche est immense mais nous ne pouvons nous priver de ces ressources jusqu’à présent inexploitées.
Aussi, la politique de tri à la source doit s’appliquer aux entreprises du bâtiment, et les matières utilisées sur les chantiers, pouvoir être réemployées, ou reprises par les fournisseurs en cas de surplus. Des clauses d’éco- conditionnalité plus exigeantes peuvent ainsi être ajoutées au sein des marchés publics. La Collectivité de Corse pourra inscrire aux cahiers des charges des critères écologiques, exigeant qu’une partie importante des matériaux utilisés soient recyclés, soient des produits naturels et corses lorsque cela est possible. Les entreprises respectueuses de l’environnement pourront bénéficier d’une bonification au niveau de leur notation lors de la réponse aux appels à projets.
Enfin, l’ultime question de votre lettre nous interroge sur notre volonté de voir la Collectivité de Corse accroître ses compétences en matière patrimoniale. En tant que parti indépendantiste, nous sommes convaincus que la Collectivité doit se doter de tous les moyens nécessaires pour piloter ses politiques, éviter les entrelacs de compétences qui grèvent ou retardent l’aboutissement de nombreux projets entrepris.
Afin de vous offrir une vision plus globale de notre projet, nous vous invitons à consulter notre programme disponible sur le site : www.corsicalibera.corsica.