(Unità Naziunale – Lutte Internationale – Publié le 27 avril 2021) Aux peuples, aux individus, aux communautés et territoires en lutte et en résistance. A celles/ceux qui se révoltent, face à ce présent d’oppression et de misère. A nos bandes, nos familles, nos ami.e.s, nos complicités, compas et amours, à travers le monde. A tout le monde !
Les prisonnier. e.s anarchistes et subversif.ve.s de la guerre sociale Mónica Caballero Sepúlveda, enfermée dans la prison pour femmes de San Miguel, Marcelo Villarroel Sepúlveda, Juan Flores Riquelme et Joaquín García Chanks, dans la prison de Haute sécurité (CAS), Francisco Solar Domínguez, dans la Section de sécurité maximale et Pablo Bahamondes Ortiz, dans le module 2 de la prison-entreprise Santiago 1, ainsi que Juan Aliste Vega, dans le CAS, qui y adhère mais n’est pas en grève, pour des raisons médicales :
nous déclarons notre complète détermination à continuer dans cette juste mobilisation ; nous sommes déjà au 31ème jours, depuis qu’à 9 compas emprisonné.e.s depuis des dates diverses et dans différentes prisons chiliennes, nous avons décidé de commencer cette mobilisation, par une grève de la faim (tout en continuant à ingérer des liquides) de durée indéfinie, en mettant ainsi en pratique une exigence très ressentie dans le monde carcéral et, de la même manière, une lutte qui unit différentes générations de compas dans une preuve irréfutable de la continuité du conflit avec l’État, la prison et le Capital, dans le contexte indéniable de Guerre sociale.
Après 17 et 18 jours de ce parcours, dans lequel nos corps sont des armes, les compagnons Tomás, José et Gonzalo, arrêtés dans le cadre de la révolte permanente et aujourd’hui emprisonnés dans le troisième module de la prison-entreprise Santiago 1, ont arrêté leur mobilisation pour « des raisons de santé et de manque d’expérience » ; cependant ceux/celles d’entre nous qui continuent leur lutte se rendent compte de la claire volonté, exprimée par ces compagnons, de nous accompagner dans cette étape nécessaire de la lutte collective et nous les saluons dans leur apprentissage d’une résistance qui se fait millimètre après millimètre, face au quotidien de l’enfermement carcéral.
D’autre part, dans un lien indestructible de complicité insurrectionnelle, depuis l’isolement de la section de Haute sécurité de la prison de Terni, en Italie, le 12 avril le compagnon anarchiste espagnol Juan Sorroche Fernandez a commencé une grève de la faim en solidarité avec nos revendications, en rendant tangible la beauté de cette fraternité internationaliste anti-autoritaire.
Nous embrassons son geste complice et le faisons nôtre, l’invitant à parcourir ces territoires de lutte et de résistance.
Le chemin tracé dans cette période intense de lutte est la concrétisation de la parole qui devient action.
Depuis les prisons chiliennes, notre cri de guerre parcourt à nouveau le monde, en universalisant notre appel subversif et anarchiste.
Au cours de cette nouvelle époque de combat qui, sur toute la planète, passe par l’utilisation répressive de la pandémie et malgré toutes les limitations et le contrôle, nous avons assisté à tous les nombreux, beaux gestes d’action solidaire qui s’expriment à chaque instant et partout, à travers lesquels nous retrouvons nos sœurs et nos frères, nos compas et nos complices qui agissent dans la même tension vers le conflit :
les mots, les tracts, les tags, les affiches, les textes, les banderoles, les drapeaux, les autocollants, les émissions radio et en direct, les forums, les réunions, les barricades, la conspiration, les incendies et les attaques, la solidarité, la musique, les démonstrations à vélo et la créativité constante pour faire preuve de solidarité ; tout cela fait partie des nombreux gestes et actes qui nous lient à tou.te.s celles/ceux qui nous accompagnent aujourd’hui sur ce chemin.
De même, l’action conjointe des différents réseaux, coordinations, collectifs et espaces, organisés dans l’actuelle lutte contre la prison, a permis l’amplification correcte et nécessaire de la voix des prisonnier.e.s et sa mise en avant, en faisant de celle-ci l’une des nombreuses urgences qui nous guident aujourd’hui. Rappeler et dépoussiérer les vieilles expériences de la prison politique d’antan, rendre visible la situation de tous les affaires répressives à la suite de la révolte permanente d’aujourd’hui et faire un récit clair et sans ambiguïté de notre résistance autonome, subversive et anarchique dans les prisons de la démocratie chilienne, de manière ininterrompue, le long des 12 dernières années.
Aujourd’hui, on comprend avec plus de force et de clarté qu’au Chili la prison politique n’a jamais cessé d’exister, en tant que conséquence réelle et possible d’un choix de lutte subversive, rebelle et insurrectionnelle. De même, la nécessité d’élargir l’activité et la complicité du combat anti-carcéral à ceux/celles qui luttent en ce moment difficile de répression étatique est devenue plus claire.
De 1990 [date du retour de la démocratie au Chili ; NdAtt.] à aujourd’hui, les prisons politiques continuent à enfermer celles/ceux qui se rebellent contre l’ordre existant et passent des mots aux actes, par le biais de différentes pratiques illégales.
Il y a d’abord eu les groupes armés de gauche, puis les cellules d’action autonomes et informelles et les individualités anarchistes, ainsi que la digne Résistance des Mapuches, pour arriver aux prisonnier.e.s de la Révolte [commencée en octobre 2019 ; NdAtt.] ; pour toutes ces personnes il y a toujours eu des lois spéciales, des procès viciés, des traitements juridiques et carcéraux et des couverture médiatiques différenciés. Tout un cadre prédisposé pour punir celles/ceux qui passent à l’offensive et pour les maintenir en détention au bon vouloir de la raison d’état.
La notion de séquestration devient tangible dans nos cas, lorsque, au fil du temps et de manière systématique, l’État, au-delà de sa propre légalité, nous maintient enfermé.e.s par des procès remplis d’irrégularités et avec l’animosité manifeste de tout son appareil, en modifiant nos sentences, en falsifiant des dates et des documents, en criminalisant nos familles et nos enfants, en maintenant un suivi spécial de punition et de diabolisation publique qui vise à l’extermination de nos pratiques et de nos histoires de lutte ; cependant ils n’ont réussi.
Une fois de plus nous sommes début, le poing levé, en osant lutter, contre toute attente, nos corps fatigués mais pleins de fierté et notre force [le mot utilisé est « newen », terme mapuche qui, sauf erreur, devrait signifier « force » ; NdAtt.] intacte. Avec l’énergie vitale de tous nos frères et sœurs tombé.e.s dans la lutte subversive, révolutionnaire et anarchiste. Avec une conviction subversive claire qui se nourrit, s’alimente et résiste dans les cachots les plus toxiques des prisons de la démocratie chilienne, celle qui se blinde aujourd’hui dans un état de siège médiatique, pour invisibiliser notre mobilisation urgente et nécessaire.
« La liberté fleurira sur les ruines des prisons ».
Notre cri d’aujourd’hui est fort et clair !
– Abrogation de l’article 9 et rétablissement de l’art. 1 du décret-loi n°321 !
Simplement, qu’il n’y ait pas de rétroactivité dans la modification de la loi qui réglemente la « libération conditionnelle ».
Et que celle-ci redevienne un droit acquis, pour la personne emprisonnée, et pas un bénéfice.
– Liberté pour Marcelo Villarroel !
Sa situation juridique ne tient pas débout, face à un examen.
Ses peines très élevées, qui arrivent aujourd’hui à 46 ans, émanent des tribunaux militaires, pour des faits survenus il y a 29 ans. Un changement des temps de sa demande [de libération conditionnelle ; NdAtt.], a cause de la modification du décret-loi n°321, ce qui prolonge ses condamnations de plus de 16 ans. Il a vécu plus de 25 ans enfermé, en trois périodes distinctes. Dans sa situation juridico-politique se concrétisent les éléments d’une séquestration d’État, car ils le considèrent comme un ennemi en raison de sa position anti-autoritaire et anti-étatique claire et radicale.
– Pour l’extension de la solidarité active avec les prisonnier.e.s subversif.ve.s, anarchistes, de la révolte et de la libération Mapuche !
– Pour la fin de la détention préventive comme instrument de punition !
– Nous soutenons la demande des Mapuches d’appliquer la Convention n°169 de l’OIT à la situation des peñi et lamngen [frères et sœurs, dans la langue mapuche ; NdAtt.], emprisonné.e.s à cause de leurs luttes.
– Pour la fin des sentences émises par la justice militaire contre Juan et Marcelo !
Voici les motivations qui nous guident dans le quotidien de l’enfermement carcéral.
Des préoccupations communes à des compas en lutte et qui résistent dans différents labyrinthes carcéraux.
De même, nous avons pu savoir qu’en ce moment même, dans différentes prisons de ce territoire, plusieurs grèves de la faim sont en cours, avec des revendications et des portées différentes. Nous saluons tou.te.s ceux/celles qui ont décidé de rompre avec les temps morts de l’enfermement et de s’activer de l’intérieur pour rendre visible leur situation.
Nous exprimons également notre préoccupation constante face à la précarisation de la vie, à l’utilisation militaire-policière de la pandémie, dans un contexte de répression permanente, et à la détérioration généralisée de la vie des opprimé.e.s et des exploité.e.s, pendant que les puissants s’enrichissent en étouffant toute la vie, pour leurs énormes profits. D’où la justesse des protestations et des émeutes, du fait de s’organiser et de lutter, de l’action directe pour la libération totale.
« Je suis une partisane de la violence ! Complètement partisane de la violence. Sinon, ils vont nous arracher la peu à nouveau, ils vont nous tuer à nouveau, ils vont nous enfermer à nouveau et ils vont nous faire disparaître à nouveau. »
Luisa Toledo Sepúlveda
Nous gardons un lien profond avec les nombreux territoires en guerre et en conflit pour la libération de la terre et contre le capital.
Nous saluons tou.te.s celles/ceux qui ont manifesté le samedi 17 avril, par la propagande, par l’agitation et par l’action multiforme.
Renforçons le lien insurrectionnel avec toute.s les frères et sœurs à travers la planète qui, avec des langues différentes, parlent le même langage de fraternité révolutionnaire internationaliste.
En gardant à l’esprit nos mort.e.s !
Avec la détermination pour une lutte éternelle !
Tant qu’il y aura de la misère, il y aura de la rébellion !
Mort à l’État et vive l’anarchie !
Tissons des réseaux, multiplions les complicités, faisons avancer l’offensive insurrectionnelle et subversive !
Ni coupables, ni innocent.e.s, insurrection permanente !
Contre toute autorité, autodéfense et solidarité !
Pour l’extension de la solidarité avec les prisonnier.e.s de la guerre sociale, de la révolte et de la libération mapuche !
Que les prisons explosent !
Pour l’abrogation de l’article 9 et rétablissement de l’art.1 du décret-loi n°321 !
Liberté pour Marcelo Villarroel et tous les prisonniers subversif.ve.s, anarchistes, de la révolte et de la libération mapuche !
Jusqu’à la destruction du dernier rempart de la société carcérale !
Jusqu’à la libération totale !
Jeudi 22 avril 2021
Santiago du Chili
Mónica Caballero Sepúlveda
Marcelo Villarroel Sepúlveda
Joaquín Garcia Chanks
Juan Flores Riquelme
Francisco Solar Domínguez
Pablo Bahamondes Ortiz
Juan Aliste Vega
(source)
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