(Unità Naziunale – Lutte de masse – Publié le 10 mars 2021) Lettre de l’APC concernant la crise sanitaire dans les établissements scolaires depuis mars 2020 :
Madame la Rectrice,
Voici maintenant un an, en mars 2020, que les écoles fermaient à Ajaccio entrainant un confinement de fait d’abord à Ajaccio puis sur l’ensemble de la Corse avant que le ministre Blanquer ne revienne sur ses propres propos et ferme les écoles avec un confinement généralisé sur l’ensemble de la France. L’APC avait grandement contribué à cette décision précoce et nous avons eu raison. L’épidémie galopante en Corse a ainsi été stoppée dans sa progression qui aurait pu être dévastatrice, eu égard la faible couverture hospitalière de l’île et sa moyenne d’âge.
Au mois d’avril nous pensions nous orienter vers une sortie apaisée et progressive du confinement. Que n’a pas été notre surprise d’entendre la décision unilatérale du président Macron de réouvrir les écoles dans une situation sanitaire délicate. Nous nous y sommes opposés avec une majorité de maire et la CDC et nous avons été largement suivis. Nous aurions pu nous épargner ce rapport de force inutile vu la gravité de la crise, mais des logiques politiciennes sur notre île comme sur le continent en ont voulu autrement. Grâce à notre ténacité tant au début qu’au mois de mai la Corse n’avait -pratiquement- plus de cas au sortir de l’été. Nous aurions pu aborder différemment cette période mais la politique gouvernementale et sa logique verticale ultra jacobine, ainsi que des logiques politiciennes en Corse ne l’ont pas voulu ainsi et nous le regrettons.
Par la suite l’épidémie est répartie de plus belle dans l’ensemble des régions durant l’été 2020, la rentrée s’est effectuée sous des auspices que nous aurions souhaité meilleurs mais nous l’avons faite car il fallait qu’elle se fît. Nous n’avons jamais relayé des thèses fumeuses. Nous avons fait preuve d’un grand sens des responsabilités dans une période où les rumeurs et les affabulations les plus fantaisistes allaient bon train. Cependant, nous avons toujours critiqué une certaine gestion de la crise par le gouvernement relayée sur notre île par l’ARS et le rectorat à savoir :
– l’absence de gestion territoriale de la crise où les mesures appliquées en Corse n’étaient que le dérivé de celles appliquées au niveau français;
– le déni concernant la circulation du virus et sa contamination dans les écoles dont nous avons de multiples exemples que nous pouvons étayer;
– les changements incessants de protocole, tel celui intervenu lors des vacances de février 2021, où la décision de fermer une classe serait prise non plus avec la présence d’un cas de variant britannique mais de trois, et ce alors que ce variant est devenu majoritaire dans l’île;
– la non prise en compte des cas contacts en milieu scolaire sous prétexte d’utilisation du port du masque.
En revanche nous sommes satisfaits :
– Du comité de suivi et d’information avec l’ARS et la CDC, dont nous avions demandé la création depuis septembre et qui s’est déjà réuni deux fois. Nous souhaitons une réunion au plus tôt, ce mois-ci, avec cette fois-ci la présence d’un membre du comité scientifique constitué par la CDC.
– De la mise en place de l’enseignement semi distanciel pour les lycées même si nous aurions souhaité une extension à certains collèges.
– De la mise en place de tests salivaires, mesure que nous demandons depuis décembre. Nous pensons qu’ils doivent se généraliser et être massifs dans les établissements scolaires le plus vite possible.
L’école est un lieu de contamination même si les mesures prises ralentissent quelque peu celle-ci, notamment avec le variant qui, ces derniers jours, accélère la propagation de la maladie. Il faut prendre les mesures nécessaires pour stopper l’épidémie et arrêter de faire l’autruche.
Nous ne voulons pas fermer les établissements scolaires mais nous souhaitons que l’économie, la vie sociale et culturelle repartent afin d’essayer de régler la crise ou, tout au moins, l’atténuer le temps que la vaccination fasse son œuvre. L’école doit participer à l’effort collectif sans s’enfermer dans le déni ou un quelconque dogme mais en faisant preuve de responsabilité.
C’est pourquoi nous demandons une réunion d’urgence du comité de suivi, que vous avez constitué, afin d’évaluer la réalité de la situation épidémiologique en milieu scolaire en Corse, faire un bilan des actions déjà réalisées (mesures prises établissement par établissements, bilan des campagnes de test, …) et voir les mesures à prendre rapidement.
Veuillez agréer Madame la Rectrice de nos sincères salutations.
Le Président de l’APC Denis Luciani