(Unità Naziunale – Lutte Internationale – Publié le 17 janvier 2021 à 18h00 – source) Nous publions ici un billet de Charles Wea, militant du Palika (Parti de libération kanak), parti politique du FLNKS (Front de libération national kanak socialiste), qui est membre du cabinet politique de l’UNI (Union nationale pour l’indépendance) au Congrès de la Nouvelle-Calédonie où il est chargé des questions internationales.
Le ministre des Outre-mer a donné une allocution le lundi 11 janvier 2021, durant laquelle il a donné le ton et les contours des actions que le Gouvernement central entend engager pour les semaines et les mois à venir, notamment sur les dossiers suivants :
- L’usine du sud
- La SLN
- La solidarité de l’État
- L’avenir institutionnel
On s’attendait à recevoir des orientations gouvernementales nouvelles ; mais le ton avec lequel cette allocution a été prononcée a démontré véritablement l’attitude de l’État, son repositionnement sur un certain nombre de dossiers, sa volonté de donner une nouvelle dimension de l’État sur sa capacité à contrôler et à maîtriser les enjeux politiques de KNC à travers la question de l’usine du sud. Pour les indépendantistes, ce discours peut être considéré comme « paternaliste » ou « donneur de leçons » lorsque les argumentaires avancés par le ministre lui-même sont relativement infondés, tendant ainsi à formater une allocution orientée sur la responsabilité des indépendantistes.
La neutralité ou l’impartialité jusqu’ici considérés comme étant « le paradigme » de l’État dans le cadre de l’application de l’ADN et, notamment, vis-à-vis des partenaires, semblent s’éloigner progressivement dans ce discours, laissant ainsi la place à une radicalisation de l’État à l’encontre des indépendantistes, comme s’ils étaient les responsables de la situation. De plus, lorsque l’on analyse le contenu du discours, il convient de signaler que le ministre s’est contenté de manière générale de rappeler le rôle de l’État dans ce contexte difficile, sans toutefois éclairer les erreurs de chacun dans la gestion de l’usine du sud.
Usine du sud et SLN
Dans son discours, le ministre a non seulement monté le ton sur la fermeté de l’État, sur « l’État de droit, l’ordre républicain, la paix civile et l’indépendance de la justice » en relation avec la question de l’usine du sud, mais il a oublié de pointer l’erreur stratégique que la volonté de l’État à ne pas donner une attention particulière à la revendication exprimée par l’ICAN et les collectifs, représente. Pourquoi et comment le ministre pouvait-il ignoré l’importance de la question du nickel qui demeure fondamentale pour les indépendantistes dans le processus de décolonisation ? Dans son allocution, il ajoute, « que le sujet de l’usine du sud s’est imposé après son départ du caillou » alors qu’il a refusé de rencontrer les responsables de l’ICAN. Il a donc préféré recevoir les « sans voix ». Sur ce sujet, le ministre ne peut se permettre de dire qu’il a découvert la question après son départ alors que des actions (marches, etc.) avaient été organisées depuis juillet 2020 et que la vente de l’usine du sud était déclenchée en décembre 2019.
Il est donc regrettable que, dans le cadre de ce conflit lié à la reprise de l’usine du Sud, le ministre n’ait fait que condamner les exactions, en pointant les contestataires et en les traitant de « délinquants », tout en se dédouanant de ses responsabilités, et de dire que la paix n’est plus négociable alors qu’il a prêté plus attention à la droite coloniale sur l’ensemble du dossier sans véritablement faire des propositions de sortie bien qu’il ait prononcé avoir fait des nombreuses concessions. Nous voulons savoir quelles ont été ces concessions faites par l’État pour sortir par le haut de ce conflit ?