(Unità Naziunale Publié le 18 novembre 2020 à 13h01) Le 12 octobre dernier, u Cullettivu per a furesta corsa composé d’élus de communes forestières, de syndicalistes, d’acteurs associatifs et économiques était créé à Vizzavona. A cette occasion, nous avons alerté les institutions de la corse et plus largement l’opinion publique sur les dangers qui guettent nos massifs forestiers. D’une part, des carences en ressources humaines pour en assurer une gestion durable, mais également l’absence d’un véritable projet intégrant les aspects économiques, environnementaux, culturels et patrimoniaux de la forêt corse.
Pour faire face à ces enjeux majeurs, plusieurs commissions de travail thématiques ont été créées, et sont désormais en ordre de marche. Au cours des prochaines semaines, malgré les contraintes liées à la crise sanitaire, nous devrions être en mesure de présenter les premières pistes de réflexion pour la préservation et le développement de nos massifs, atouts majeurs de la montagne corse.
Au-delà de ce travail de fond, qui sera long et fastidieux compte tenu du constat alarmant effectué par l’ensemble des acteurs : l’abandon manifeste d’une forêt corse totalement oubliée de toutes les grandes orientations politiques depuis plusieurs années. La filière bois insulaire, qui devrait être un des axes stratégiques du développement économique de la corse, est à l’heure actuelle non pas sur le déclin ou à l’agonie, mais a quasiment disparue. Il ne reste, en effet, qu’une poignée de professionnels en bois d’œuvre qui tentent de maintenir une activité avec beaucoup de difficultés et un parcours semé d’embûches.
Un plan exceptionnel de relance de la filière bois
Il y a donc une urgence de créer à court terme, les conditions d’un redémarrage effectif de ce secteur d’activité par des mesures opérationnelles et pragmatiques. Le contexte sanitaire et ses impacts négatifs sur l’ensemble de l’économie ne sont pas des indicateurs favorables à une inversion de cette mauvaise spirale.
A l’instar d’autres secteurs importants de la Corse, que ce soit l’agriculture ou le tourisme, la filière bois et plus globalement la forêt corse, doivent pouvoir bénéficier d’un plan exceptionnel de relance. Celui-ci doit comprendre des moyens financiers suffisants pour permettre une restructuration de la filière, mais également des adaptations législatives et fiscales pour prendre en compte différentes contraintes dont l’insularité.
Dans quelques semaines, a Cullettività di Corsica présentera son plan «Salvezza è Rilanciu », déclinaison territoriale du plan « France-Relance » 2020-2022 déjà en phase de mise en œuvre et qui a pour ambition une refondation économique, sociale et écologique. La question forestière ne peut être absente de cette planification de la CdC, et doit absolument y être intégrée avec un volet spécifique en adéquation avec les besoins de la forêt corse. Notre revendication d’un plan exceptionnel de relance pourrait s’intégrer à ce plan territorial, à la condition que les mesures définies ne soient pas un énième saupoudrage institutionnel sans effets concrets et viables.
Nous regrettons d’ailleurs, que les acteurs économiques de la filière bois n’aient pas fait l’objet d’une consultation, dans le cadre des ateliers réunissant plus de 80 socio-professionnels à l’IMF de Borgu à l’initiative de la Cullettività di Corsica.
L’utilisation du bois insulaire dans les projets publics
En même temps qu’un plan de relance, il est également indispensable de pouvoir donner des perspectives et des débouchés à cette filière. Cela n’est actuellement pas le cas, avec le constat accablant et parfois surprenant d’un refus d’utilisation du bois insulaire dans des projets publics portés par les institutions de la Corse ou des organismes en charge du développement rural.
Sauf pour des contraintes techniques qui doivent clairement être présentées, cela est totalement inacceptable.
Divers projets, malheureusement trop peu nombreux, sont là pour montrer les possibilités d’utilisation du bois insulaire dont les qualités ne sont plus à prouver. Cela est notamment le cas du marché couvert d’Aiacciu, de logements sociaux de Cristinacce, de l’auvent de l’école d’Evisa et de la passerelle de Corte dans la vallée de la Restonica (ces deux derniers ouvrages ont d’ailleurs reçu le premier prix de la construction bois). Quelques projets se font également jour dans le privé, mais une véritable dynamique reste à être accompagnée.
Pour u Cullettivu per a furesta corsa, l’utilisation du bois corse doit devenir un principe fondamental dans chaque projet sous maîtrise publique comprenant ce matériau. L’intégration du bois doit également devenir un réflexe dès l’élaboration des dossiers, dans la construction de bâtiments publics mais également de diverses infrastructures (passerelles ; rambardes de routes, panneaux de signalisation, …etc).
D’autre part, après une certification, qui pour l’heure tarde à aboutir, une règle intangible doit pouvoir s’appliquer lors de la décision d’attribution de subventions. A savoir, l’obligation d’une utilisation du bois insulaire pour pouvoir bénéficier de la participation de la CdC et de l’Etat au plan de financement des collectivités locales.
Il appartient à la puissance publique d’impulser un redémarrage de la filière bois insulaire, non seulement attendue par la profession mais qui est également un élément indispensable pour l’amélioration et la protection de nos peuplements forestiers.
La forêt est un bien commun, elle fait partie du patrimoine corse et doit être sauvegardée pour les générations futures. Fragilisée par les aléas naturels, souvent dévastée par les incendies, elle se retrouve désormais face aux changements climatiques et son lot de sècheresses répétitives et d’attaques sanitaires incontrôlables.
Les élus ont le devoir de s’en inquiéter, protéger la forêt c’est protéger la biodiversité dans son ensemble, la ressource en eau, la qualité de l’air et la protection des sols. Il s’agit d’un enjeu de société.
Cullettivu Per A Furesta Corsa
Revue de presse
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