La #Corse aux côtés des parlements catalan, gallois, écossais, et flamand pour agir en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes – #GestionInstitutionnelle

(Unità Naziunale Publié le 10 novembre 2020) A l’invitation du Président du Parlement de Catalogne, Roger Torrent, le Président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a participé le 6 novembre 2020 à la Conférence des Présidentes et Présidents des Parlements sensibles à l’égalité entre les femmes et les hommes aux côtés du Président du Parlement du Pays de Galles, Elin Jones, de la vice-présidente du Parlement écossais, Linda Fabiani et de Katia Segers, députée de Flandre.

 



Mesdames, Messieurs,
Avant tout je tenais à dire que je suis heureux d’associer l’Assemblée de Corse à la démarche portée par des parlements d’Europe qui se déclarent solennellement sensibles à la question des inégalités entre les femmes et les hommes.
Cette démarche est essentielle, en l’état des inégalités persistantes.

Inégalités dans le monde du travail. L’emploi des femmes est globalement peu qualifié, moins rémunéré et concentré dans des secteurs à plus faible valeur ajoutée. Leurs parcours professionnels sont ainsi moins valorisants et valorisés.

Inégalités salariales. En Corse, les différences de salaires s’établissent en moyenne à moins 14% en défaveur des femmes. Ces différences ont à long terme, des répercutions sur les niveaux des retraites des femmes.

Inégalités sociales. Les familles monoparentales essentiellement composées de femmes, sont les plus touchées par la précarité. Les aidants des personnes handicapées ou âgées sont en grande majorité des femmes qui arrêtent de travailler et d’avoir une vie sociale pour s’occuper de leurs proches.

Inégalités dans la prise en charge par la Justice et dans l’acceptation d’un phénomène, les violences faites aux femmes, qui n’épargne aucune catégorie sociale, aucune tranche d’âge.

Ce sont là autant de symptômes pathologiques d’une situation inégalitaire ancrée dans le long terme et qui n’a commencé à reculer que depuis quelques décennies, pas suffisamment, pas dans tous les domaines, à force de luttes.
En effet, depuis les années 60, les droits des femmes ont été progressivement reconnus en droit français par de nombreuses lois visant à promouvoir l’égalité professionnelle ou à lutter contre les violences sexuelles et sexistes. Des droits qui nous semblent aujourd’hui élémentaires, n’étaient tout simplement pas des évidences. Je ne parle pas de temps anciens. Jusqu’en 1965, une femme mariée ne pouvait pas exercer une activité professionnelle sans l’autorisation de son mari. Ce n’est qu’en 1972 que le principe « à travail égal, salaire égal » a été reconnu.

Siégeant dans une assemblée, je retiendrai particulièrement la loi dite sur la parité en politique de 2000. Les objections philosophiques exprimées à l’époque pouvaient s’entendre. Le critère du sexe prévalant sur celui de la compétence pour figurer sur une liste électorale, n’avait rien d’évident. Aujourd’hui, force est de constater que, sans cette loi, les assemblées auraient probablement continué à être presque uniquement composées d’hommes. En ce sens, les effets de cette loi ont été positifs.
Mais beaucoup reste à faire. Par exemple, lors de la discussion sur la collectivité unie, nous avions tenté d’introduire la parité hommes-femmes dans la Chambre représentative des différents territoires de la Corse. Nous n’avons pas été suivis. Autre exemple, on observe que là où la parité n’est pas imposée par la loi, les femmes sont peu présentes. Nous n’avons aucune femme sénateur ou député. Les exécutifs des plus grandes collectivités de Corse sont exclusivement dirigés par des hommes. Seulement deux intercommunalités sur dix-neuf, sont présidées par des femmes.

Depuis que nous sommes arrivés aux affaires en 2015, l’égalité femmes-hommes et la condition des femmes sont des questions qui ont constamment été au cœur des débats de l’Assemblée et des politiques publiques de la Collectivité de Corse.
En mars 2017, nous avons voulu introduire dans la statuaire civile corse, une figure féminine, celle de Maria Gentile, héroïne insulaire du XVIIIème siècle, aux côtés de Pasquale Paoli et Napoléon Bonaparte.

La Commission « Violences » de l’Assemblée de Corse a mené des travaux qui ont débouché sur le vote en avril 2019, d’une délibération portant création d’un observatoire territorial des violences faites aux femmes. En juin 2019, l’Assemblée a décidé de sanctuariser des logements pour l’accueil d’urgence de femmes en danger.

Ne voulant pas limiter les droits de femmes aux violences, nous avons ouvertement et fortement marqué notre engagement en faveur de l’égalité femmes-hommes, en signant la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale, le 8 mars 2019. Nous l’avons signée pour deux raisons principales : d’une part agir concrètement et d’autre part nous inscrire dans un cadre européen. Car, même au sein de l’Union européenne, on ne peut pas ignorer que les femmes voient aujourd’hui certains de leurs acquis remis en cause par des forces politiques archaïques.

En fin de compte, nulle part dans le monde, les droits des femmes ne sont définitivement acquis. Nous devons donc poursuivre nos efforts pour démonter les mécanismes inégalitaires qui conduisent à une hiérarchisation du féminin et du masculin. Nous devons continuer à faire progresser le droit, tout en menant des politiques de sensibilisation et d’éducation.

L’égalité entre les femmes et les hommes est une exigence démocratique. Elle est l’affaire de tous, femmes et hommes, responsables politiques et citoyens, collectivités locales et entreprises. Elle est une cause commune qui doit être soutenue par un engagement quotidien, résolu et déterminé. Elle est partie intégrante d’un projet culturel, européen et de justice sociale.
Je vous remercie.

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