(Unità Naziunale Publié le 8 septembre 2020) Le 9 septembre 1943 la résistance corse se libérait de la double occupation allemande et italienne et ce malgré les désaccords des états majors français de Londres ou d’Alger.
Ce 10 septembre, le chef d’état français organise en Corse un sommet européen et méditerranéen. Ce sommet aurait été une occasion Historique pour Emmanuel Macron, d’inaugurer devant les 6 autres chefs d’état Européens de méditerranée, une nouvelle ère dans les relations politiques entre la Corse et la France, celle de la construction d’une société émancipée et en mesure de décider librement de son destin.
Or, le fait qu’aucun élu de la Corse ne soit présent à cette réunion, nous invite à douter sur les intentions du président de la République Française, concernant l’avenir institutionnel de notre île.
Il est à noter, que la visite du Président Macron débutera le jour de l’anniversaire du début de l’opération pour la libération de la Corse.
En effet, il y a 77 ans, les Corses sans rien attendre de Paris qui était alors encore sous occupation allemande, prenaient en Conscience la décision de se soulever contre l’occupant Fasciste et marchèrent sur l’ensemble du territoire pour libérer pas à pas notre nation.
A propos de la Corse dans l’environnement méditerranéen
La biodiversité méditerranéenne est un enjeu majeur pour l’Union Européenne et pour le monde. À ce titre et en raison d’un taux élevé d’espèces endémiques (20 à 30%) et des nombreuses menaces qui pèsent sur elle, la Méditerranée fait partie des « points chauds de la biodiversité» identifiés sur la planète.
Au cœur de notre mare nostrum, notre île présente une grande naturalité et une diversité unique de milieux naturels.
Les corses possèdent des liens particuliers avec la nature. Nous souhaiterions le communiquer aux chefs d’Etats qui viendront sur notre terre.
Si cette île est aujourd’hui si bien préservée, c’est bien parce que ses habitants ont toujours respecté et utilisé la nature avec un sens aigu du bien commun jusqu’à la défendre, y compris par tous les moyens en leur possession, dans l’histoire moderne.
Depuis les années 1960 avec les oppositions populaires au centre d’essais nucléaires de l’Argentella, aux boues rouges de la Montedison impactant le Capicorsu, au passage des pétroliers dans les Bouches de Bunifaziu mais aussi contre l’accaparement du littoral pour des projets immobiliers faramineux, les réelles questions ont été posées en Corse sur la nécessité de protection, de gestion et de développement durable de ces milieux littoraux et marins tellement menacés en Méditerranée. Il ne faut pas nier l’évidence, le prix de cette protection du littoral depuis les années 1970 est encore payé aujourd’hui par des militants politiques emprisonnés.
Le contexte politique particulier de notre île en a fait également un territoire d’excellence pour la mise en œuvre locale de mesures environnementales protectrices de cette biodiversité mais également soucieuse de son développement économique… des premières réserves naturelles à notre Plan d’Aménagement de Développement durable de la Corse, le chemin fût long mais aujourd’hui reconnu internationalement.
Les mesures de protection et de gestion de la biodiversité sont anciennes sur notre île. La création du Parc naturel régional de la Corse dans les années 1970 avec ses missions pionnières d’études et de gestion d’espaces naturels, tout comme la création des réserves naturelles de Scàndula et des Lavezzi, ont été soutenues par une population soucieuse de la préservation de son environnement naturel. L’étendue de la protection par acquisition foncière d’espaces littoraux est très significative en Corse avec 21% du linéaire côtier protégé (contre 13,1% pour le territoire métropolitain français) pour près de 18 000 ha terrestres.
Si la préservation du capital de biodiversité littoral et marin de Corse est véritablement reconnue comme un exemple dans le bassin méditerranéen aujourd’hui, c’est donc par le sacrifice des militants politiques, par le long travail de proximité effectué par les gestionnaires de l’environnement et aussi d’une volonté indéniable de la société corse tout entière de prendre en compte très tôt dans l’histoire cette impérative nécessité de protection et de développement durable de notre environnement.
Jusqu’à la dernière décennie, les impacts du tourisme étaient peu sensibles et limités à quelques zones littorales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et les effets du tourisme (nautisme, ancrage, perturbations, tourisme de cueillette, surexploitations de certaines espèces à haute valeur commerciale liés à la saisonnalité touristique, dégradations et dérangements en montagne) menacent actuellement notre environnement. Les effets extérieurs globaux constituent également une menace (exploration et extraction d’hydrocarbures, transport maritime, effets du global change et des espèces invasives).
C’est aussi parce que nous l’avons préservé que l’Europe entière veut découvrir cette nature. Si certaines tentatives déstabilisatrices visent à cibler les corses en les rendant responsables de certaines dégradations environnementales, l’Etat français serait bien inspiré de constater que c’est bien parce que le processus de dévolution réglementaires est à l’arrêt que nous ne pouvons pas mettre en œuvre certaines mesures fortes pour réguler les pressions et faire cesser toutes menaces sur notre patrimoine. Il sait très bien aussi qu’il ne peut imposer ses propres règles, inadaptées sur notre île et mises en œuvre souvent par des fonctionnaires en poste pour quelques mois.
La Corse doit vivre et se développer d’une économie durable et la biodiversité constitue une richesse importante pour aujourd’hui et demain. Les paysages et les éléments de la biodiversité sont générateurs d’emplois et de richesses économiques mais également de bien-être social. L’organisation de la gestion de l’environnement associant localement les acteurs générera du profit mutuel, du bien-être et permettra d’éduquer pour mieux préserver cette biodiversité exceptionnelle.
L’Assemblea di Corsica sous l’impulsion de son président JG Talamoni, a décrété à la fin de l’année dernière l’état d’urgence climatique et écologique. Pour arriver à gérer ces grands défis pour notre île, la France devra poursuivre son processus de dévolution législatif et réglementaire pour la Corse, y compris dans le domaine environnemental.
Nous devons rappeler inlassablement que les pans de souveraineté que notre peuple a réacquis avec son statut depuis 1982 ne sauraient être remis en cause directement et indirectement. Cette visite nous donne l’occasion de rappeler qu’en Corse, la coordination de la politique environnementale par la protection, la mise en valeur, la gestion, l’animation et la promotion du patrimoine de la Corse est bien sous la responsabilité de la Collectivité de Corse comme l’avait voulu le législateur en 1991 et pour la collectivité unique en 2018.
A l’heure historique du choix démocratique des corses sans cesse exprimé depuis 2015, nous en appelons aujourd’hui aux chefs d’état qui seront présents jeudi en corse, enfin qu’ils impulsent une vrai dynamique politique commune et permettre aux îles méditerranéennes de devenir la référence internationale en matière de défense et de protection de notre patrimoine commun, la méditerranée.
CORSICA LIBERA