Il y a 30 ans, un certain feu de 1994 : L’Ospedale le 12 août #Corse

En 94 j’effectuais ma « troisième deuxième saison » en tant que pompier volontaire à Sari-Solenzara.

J’adorais ce métier, même si, je n’étais qu’un pompier volontaire médiocre… Loin d’avoir la condition physique et le reste…

Malgré tout, ce 12 août 1994, c’était une journée « rouge », puisque de bonne heure le matin, tous les volontaires du centre avaient été répartis en dispositif sur les routes du secteur.

Un été particulièrement incendiaire, comme toutes les années précédentes.

Je ne me souviens plus exactement des heures, mais peu importe, le 415 était « armé » (notre véhicule à essence et moto pompe qui fonctionnait à peu près). Dans un premier temps nous avons été appelé à rejoindre la base militaire qui était touché par les incendies… Nous sommes rentrés dans l’enceinte pour aller, si mes souvenirs sont bons, défendre le secteur de la soute à munitions…

Il faut dire que les incendiaires dans les années 80 et 90 n’y allaient pas de main morte… Il m’a semblé que ce jours-là dans le secteur de la B.A 126, plusieurs mises à feu volontaires avaient eu lieu, mais je peux me tromper.

Finalement nous n’avons jamais atteint la soute à munition, nous avons été envoyé en dispositif le long de la route entre Sulinzara et Foni (l’endroit reste à vérifier)

Là aussi nous ne sommes pas restés très longtemps en surveillance.

Nous avons été appelé avec notre 415 à rejoindre les pompiers de l’extrême Sud pour un feu de véhicule dans la forêt de l’Ospedale.

Là encore nous ne sommes jamais arrivés à l’Ospedale.

« Nous sommes arrivés vers l’embranchement d’Arragio »

Je ne sais plus pour quelles raisons, nous nous sommes retrouvés seuls à ce moment-là dans le brasier d’Araggio, mais la photo (en bas de l’article) parle d’elle-même, le 415 est sur la route, Alain au volant, Yann au moto pompe sur le camion, C. tient la lance, et je l’accompagne.

Médiocre je l’étais parce que j’étais un gros fainéant, j’ai rarement écouté les consignes et surtout fait la formation feux de forets en touriste, et pas sportif du tout.

Ce baptême du feu, je m’en rappellerai toute ma vie, déjà parce que ces images ne sortiront jamais de ma mémoire. Puis parce que l’équipage avec lequel j’étais, était composé de types qui portaient leurs couilles et qui tenaient la route en tant que pompier. Ce n’était pas forcement mon cas.

Nous avons avons attaqué un incendie, qui était partout autour de nous, au fur et à mesure qu’on « pissait » avec la 45.

A chaque fois que C. se baissait et que je prenais 2 secondes à le suivre je me prenais toute la chaleur de l’incendie dans la faccia, ce qui me rappelais de suivre les gestes de mon ami.

Nous nous sommes mis un peu à l’abris dans un endroit en forme de cuve… (si mes souvenirs sont bons), juste le temps de récupérer.

Nous avons été dans un village (ou un lotissement) où nous avons croisé d’autres personnes (pompiers et civils), un chien au bord de la piscine, des maisons brûlées (photos), nous avons essayé plusieurs fois d’intervenir sur ces maisons en proie aux flammes, pour déplacer des bouteilles de gaz…

Puis nous avons rejoint la nationale, je ne serais pas dire qui on a croisé, mais y avait des pompiers de partout…

Nous avons été refaire le plein à une borne sur la route de RIBBA, pendant ce temps-là je regardais le panache de fumée gigantesque descendre sur nous, avec un hélicoptère qui avait l’air d’une mouche tellement l’incendie était monstrueux.

Quand j’ai posé la question de la suite des événements en ce qui concernaient notre mission… Je ne sais plus si c’est Alain Soletti ou Yann Pini qui m’a dit qu’on allait là-bas. Là où arrivait le feu afin de défendre les maisons.

Pour moi à ce moment-là je ne me souviens que peu de choses, le moto-pompe du 415 pris à « pugni » pour qu’il démarre, les pins (ou autres arbres) qui prenaient feu autours de nous comme des allumettes, la fumée sur nous, des explosions comme lors d’une nuit bleue, le mur d’une maison qui nous aurait servi de protection. Le feu est passé, nous n’avons pas eu le temps de quoi que ce soit. Si mes souvenirs sont bons, nous avons été déclarés «Missing in action » à ce moment-là.

Nous avons rejoint une colonne sur la route pour, si mes souvenirs sont bons, faire un rempart contre les flammes qui arrivaient sur nous, le feu à sauter par dessus la route, on a couru un moment derrière. C’est là que je me suis fait remplacé.

Ce n’est que le souvenir que j’en ai, je n’ai jamais été un super pompier, rien qu’un volontaire avec ses qualités et ses défauts.

Les pro et les volontaires qui ont composé les équipages ce jours-là… Mes respects.



Photo 1 : Le 415 de Solenzara avec Yann Cyril et Alain (je cherche toujours le photographe de Corse Matin)
Photos 2/3/4 : Les pompiers de Santa Lucia et de Porto Vecchio?
Photos 5/6 : Une des maisons qu’on aura essayé de sauver.
Photos 7/8 : Prises d’un hélico quelques jours après, photos du chef de centre de Solenzara en 94, Jean Louis Baccellini.

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