Le 24 novembre 2009 [12h42] : (Unità Naziunale, www.unita-naziunale.org – Corse – Lutte de Masse) Le navire, prestigieux par sa filiation, est au centre d’un procès qui se déroule à Marseille, les 19 et 20 Novembre 2009 ; les protagonistes réels sont l’Etat et les marins syndicalistes du STC, coupables d’avoir « détourné » le navire le 27 Septembre 2005.
Ce jour là, le STC réalise une action importante en se rendant maître du navire dans le port de Marseille , sans aucune violence ; puis, il vogue sur la Méditerranée en direction de la Corse. L’opération n’est pas improvisée : elle vise surtout à dénoncer les conditions de cession d’un bien public à une compagnie privée, pour un prix symbolique et dérisoire.
Le charroi est grand dans le landernau politique : taxés de pirates, accusés de détournement de navire, adeptes de la séquestration, habitués de la prise d’otages, nos marins sont couverts de tous les péchés du monde. Et pourtant, la vérité est plus prosaïque : Alain Mosconi, ses deux frères, Patrick et Jean-Marc, Felix Dagregorio et les autres marins du Pascal Paoli, ont occupé, comme des centaines de milliers de fois en France et dans le monde, leur outil de travail – une usine mobile- pour protester contre une vente indigne, attentatoire au droit, à la morale, aux intérêts légitimes du peuple corse.
Devant la dégradation de la situation, je me préoccupe, le soir même de contacter le Président du Conseil Exécutif qui a, lui aussi, le souci légitime de voir se dénouer la crise, sans aucune violence. Celui-ci prend contact avec Paris. Je me rapproche de Jean Guy Talamoni : nous apprenons que les marins ont décidé de ne pas accoster dans la nuit à Bastia. Sage décision , mesurée et apaisante, tant la situation sur le port était tendue et les protestataires nombreux.
La réponse de Paris, provenant d’un échelon majeur de l’Etat, ne tarde pas : il n’y aura pas d’intervention de la force publique si le bateau n’accoste pas la nuit Cela va dans le même sens que le choix des marins. L’engagement est aussi pris par Paris de donner une suite judiciaire mesurée à ce conflit hors-normes, pacifique.
Le 28 Septembre 2005, rassuré, je me rends à l’Université de Corse pour participer à la Faculté mondiale de l’eau ; j’apprends à Casamozza que les forces du GIGN ont investi, par hélicoptères, le Pasquale Paoli, au large de la Corse .Les marins ont fait face à l’agression sans aucune violence, en dépit des promesses de l’Etat, bafouées, mais la Corse en a l’habitude. Nous serions redevables de cette manœuvre honteuse, de cette parole non respectée, au préfet de la Corse, en poste à Ajaccio.
L’épilogue judiciaire approche ; quatre ans après une instruction somnolente, car assise sur un dossier fragile et sulfureux, les quatre marins ont été traduits en correctionnelle, à Marseille les 21 et 22 Novembre 2009. Le Président Vincent Turbeaux est un magistrat de qualité. Il refait soigneusement l’instruction à la barre, aidé en cela par la déclaration claire, argumentée et sincère d’Alain Mosconi. Il est certain que la plus value scandaleuse de 63 Millions d’euros- réalisée en trois ans sans aucun risque, par Butler Partner, le prédateur financier, cornaqué par les cercles proches du Pouvoir, a créé un sentiment de malaise, d’écoeurement, dans le public et chez les journalistes.
La Parquet avait abandonné les accusations de détournement, de piraterie pour se rabattre sur l’accusation de séquestration. Le Président s’est interrogé sur la pertinence d’un tel grief. Les marins ont été excellents, mesurés, les témoins corrects et crédibles. Quant à la défense, elle a montré avec Rosa Prosperi, Jean-Guy Talamoni, Aimée Mamberti et maître Alain Molla (LDH), l’étendue de ses talents et la force de son engagement.
Un acte politique fort,significatif qui s’inscrit dans la logique d’émancipation nationale et dans le recherche de la maîtrise de nos principaux outils de développement. Une leçon s’impose : quand la cause est bonne, la lutte déterminée, menée de manière responsable, le peuple corse ne ménage pas son soutien….. et l’injustice recule.
Nous attendons sereinement le verdict.
source http://edmondsimeoni.blog.lemonde.fr/