(Publié sur Unità Naziunale le 7 octobre 2019) J’ai appris avec consternation un projet d’implantation de la plate forme Uber Eat à Ajaccio et Bastia.
Alors que nous commençons à voir les effets délétères à long terme sur la société de ces types de travail précaire, je constate une nouvelle fois que ce genre d’initiatives économiques arrive en Corse alors que pourtant nous en connaissons déjà les conséquences négatives.
Longtemps la Corse a été préservée des grands surfaces, et c’est au moment où la société continentale commençait à rejeter ce modèle de grande distribution qu’il s’est multiplié en Corse, détruisant les petits commerces et participant à la désertification des centres-villes, créant in fine une société de voisins anonymes qui ne se parlent plus et n’ont plus rien à partager.
Je parle souvent avec mes collègues parlementaires des effets à long terme du phénomène appelé « uberisation » dans leur circonscription, souvent à l’oeuvre dans des territoires urbains où des classes très aisées côtoient de loin des publics très précaires : au départ tout le monde est content, des emplois sont crées, des personnes qui étaient au chômage ont tout à coup une source de revenu. Et puis à long terme, on se rend compte que les emplois créés ont induit la disparition d’autres emplois, ceux des employés de sociétés concurrentes qui paient des charges, ont un revenu minimum assuré, et tout simplement un contrat de travail. La création d’emplois qu’on laissait miroiter se révèle en fin de compte une substitution de l’emploi digne par de l’emploi précaire.
On a souvent loué la Corse pour avoir su préserver une certaine qualité de vie dont l’élément central serait un authentique lien social malgré une grande pauvreté économique. Cette image d’épinal est en train de laisser la place à une Corse périphérique, précaire où la pauvreté digne des villages est remplacée par la misère infâme de communes dortoirs pavillonnaires constellées de grandes surfaces entourant des centres villes fantômes aux terrasses des cafés désertes. Ce n’est pas la Corse que je veux pour nos enfants, ce n’est plus une société dont les continentaux veulent déjà aujourd’hui. N’ayons pas une guerre de retard.
Député Paul André Colombani
L’arrivée brutale d’Uber eats en Corse inquiète de nombreux acteurs. L’uberisation de l’économie, au travers des transports notamment, trouve ses limites partout dans le monde. Attention là aussi à l’implantation d’un modèle hostile à une croissance maîtrisée et durable. pic.twitter.com/txDsJvbKo3
— Jean-Christophe Angelini (@JC_Angelini) October 7, 2019
L’arrivée brutale d’Uber eats en Corse inquiète de nombreux acteurs. L’uberisation de l’économie, au travers des transports notamment, trouve ses limites partout dans le monde. Attention là aussi à l’implantation d’un modèle hostile à une croissance maîtrisée et durable.
JC ANGELINI
Produit CORSU E RIBELLU
