(Unità Naziunale Publié le 9 septembre 2019) Nouvelle procédure pour : Non justification de domicile dans le cadre du FIJAIT contre Jean Marc Dominici.
« Aléria, le 09 septembre 2019
Arrêté et incarcéré fin 2006, j’ai été condamné en 2010 à 11 années de réclusion criminelle. J’ai été détenu pendant 8 ans, quatre en région parisienne puis à la prison de Borgu. Placé ensuite sous bracelet électronique pendant 6 mois avant de bénéficier d’un an de liberté conditionnelle, en 2015 ma peine était purgée. Je redevenais, du moins le croyais-je, un homme libre.
J’ai été, comme bien d’autres paisani, incarcéré pour mon engagement politique et patriotique. Cet engagement quelle que soit la forme qu’il revêt, s’inscrit dans une continuité historique, celle d’un Peuple dont la liberté et la souveraineté ont été confisqués par l’Etat français. J’aurais supposé que la prison, la répression, seraient derrière moi une fois ma peine exécutée. Que malgré les séquelles consécutives à la longue détention, mon insertion civile, sociale et professionnelle se passerait sans embûche, ni contrainte. C’était mal connaitre la réalité des mécanismes répressifs qui continuent de me poursuivre, sur fond de #Fijait…
Lorsqu’on a décidé de m’appliquer, de façon rétroactive, cette loi conçue pour répondre aux attaques barbares de novembre 2015, j’ai fait savoir avec d’autres que je refusais de me soumettre à ce qui s’apparente à un contrôle judiciaire perpétuel. Ce choix, comme je l’ai déjà maintes fois expliqué, est dicté par l’honneur et le refus de l’amalgame, mais aussi par la volonté d’alerter sur l’usage liberticide de lois promulguées sous prétexte de sécurité et qui ouvrent la voie à la répression des opinions et des idées.
Alors que ce combat, mené au vu et au su de tous, a été largement médiatisé et partagé, déclenchant la manifestation du 13 avril dernier, j’ai eu la surprise d’être informé avant l’été qu’une enquête préliminaire était ouverte car j’étais, « soupçonné d’avoir commis ou tenté de commettre l’infraction de Non justification de son adresse par une personne enregistrée dans le fichier d’Auteur d’Infraction Terroristes ».
Voilà qui pourrait porter à sourire s’il n’en résultait que le parquet a désormais autorisé ses sbires à « user de la force publique pour me faire comparaître ».
La répression française s’inscrit dans un esprit revanchard qui vise à vous isoler….
C’est pour cela qu’avec d’autres nous avons décidé de créer le collectif » Patriotti » auquel je suis fier d’appartenir.
Tenter de nous isoler ne sert à rien au sein d’une communauté qui malgré le poids du colonialisme a su conserver l’essentiel de ses valeurs.
Si aujourd’hui en Corse, les idées que nous avons pendant des décennies portées et défendues sont désormais majoritaires et surtout indéracinables c’est grâce à la persévérance de notre engagement et aux sacrifices consentis.
Que nul ne l’oublie. Que l’on ne nous demande pas de nous soumettre sous prétexte de préserver un « processus de paix » dont nous cherchons en vain les effets. S’agissant du Fijait comme dans tous les domaines, la victoire n’aura de sens que si elle est collective, que si nous faisons admettre que c’est le principe même du fichage des patriotes qui est inique.
La répression française a fait le choix d’un comportement ciblé. Les membres du collectif Patriotti font l’objet de procédures à répétition, d’arrestations et de condamnations disproportionnées. C’est cette logique, celle de l’Etat, qui est mortifère et non notre action de résistance.
Comme tout parent je nourris pour mes enfants l’espoir d’un avenir de paix et de liberté.
Cette jeunesse, la nôtre, il est de notre devoir de lui préparer un chemin dont les mesures d’exception, la répression politique, le fichage ADN ou autres seront exclus. Cela passe par une solution politique globale. Nous le lui devons, comme nous le devons à ceux qui ont donné des années de leur vie. Leur vie parfois. Le « processus de paix » que d’aucuns invoquent est à ce prix.
Je suis un homme libre, et j’entends le rester. Le parquet peut bien donner l’autorisation d’user de la force publique pour me contraindre, les murs n’enferment pas les idées. Ils pourraient même leur donner un écho, une caisse de résonance.
Libertà !
Jean-Marc Dominici