(Unità Naziunale Publié le 25 juillet 2019) « Da lu biancu luminellu Simbulu di luce chjara, À l’incendiu natu in celu Quandu s’accende la fiara, Castagniccia si ribella. »
Nous connaissons tous les paroles de cette chanson d’I Muvrini, « Castagniccia ribella ».
Elles ont été écrites par Petru Vachet-Natali. Petru était un militant nationaliste de toujours, mais aussi un auteur et un grand poète. Il nous laisse aujourd’hui son oeuvre, un trésor pour notre langue et pour la Corse.
Le Docteur Buresi, ancien élu nationaliste de cette assemblée, nous a quittés aussi la semaine dernière. Nous l’avions rencontré à plusieurs reprises ces dernières années car il était encore très engagé pour son pays et pour son peuple. Nous pensons à lui et aux siens. Je vous demande d’observer une minute de silence.
— Le « tsunami » est arrivé : + 138% en 7 ans Au cours de cette session, le Président de l’Agence d’Urbanisme et d’Energie, Jean Biancucci, présentera le rapport établi par ses services sur les marchés du foncier et de l’immobilier en Corse. Je ne développerai pas ici le contenu de ce document de grande qualité mais je veux juste évoquer un chiffre : 138 %. C’est l’augmentation en 7 ans du prix du mètre carré pour un terrain constructible. J’ai choisi ce chiffre à dessein car il permet d’exprimer parfaitement notre inquiétude quant à la possibilité pour les jeunes de continuer à vivre en Corse.
Je me souviens des mots de Jean-Claude Guazzelli, il y a dix ans, aux journées internationales de Corte. Au sujet des constructions, il avait dit : « dans quelques temps, il y aura un tsunami ».
A l’époque, nombre d’élus n’y croyaient pas. Pourtant, le tsunami est arrivé. Et nous nous retrouvons face à lui, sans aucun moyen pour le combattre.
Le rapport de l’Agence apporte la preuve de ce que nous dénonçons depuis de nombreuses années :
– Les prix du foncier et de l’immobilier qui ne cessent d’augmenter,
– L’artificialisation des terres agricoles,
– Le nombre de permis de construire démesuré par rapport aux besoins des Corses,
– Des conditions de vie et, plus particulièrement, de logement, de plus en plus difficiles pour les Corses…
Tout cela met en péril l’équilibre économique, social et culturel de l’île. Le gouvernement : entre silence et logements sociaux pour les Corses A plusieurs reprises, nous avons envoyé notre constat et nos demandes au gouvernement.
Au printemps 2016, le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable a écrit un rapport d’analyse de nos propositions pour lutter contre la pression foncière et immobilière. Celui-ci a seulement affirmé le besoin de la Corse en logements sociaux. Il est vrai que ce besoin existe car il y a beaucoup de pauvreté en Corse. Mais la création de logements sociaux ne suffira pas.
A ce jour, face à la très forte augmentation des prix, même ceux qui ne sont pas considérés comme étant pauvres ont des difficultés à payer leur logement, qu’ils soient propriétaires ou locataires. La priorité doit être de permettre aux Corses de vivre dignement sur leur terre, c’est-à-dire, en premier lieu, de pouvoir y travailler et s’y loger. La priorité doit être d’augmenter le niveau de vie.
Nous travaillons beaucoup sur cette question sociale à travers différents dossiers : au niveau des démarches de fond, je veux parler de l’éducation et de la formation, du revenu universel, de la charte pour l’emploi local et, de manière générale, de développement économique.
En termes d’urgence sociale, je pense à la Carta ritirata, au fonds Corsica sulidaria ou à Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée. Toujours en faveur d’un statut de résident Une des solutions pour le logement, à notre sens, et selon cette assemblée était – et demeure – le statut de résident voté en 2014. Il serait une réponse à des problématiques différentes, tant au niveau social qu’au niveau agricole et économique, et en matière de préservation de l’environnement.
Cette proposition, nous le savons est, pour l’heure, refusée par le gouvernement.
Face à ce refus, nous avons fait une seconde proposition à Paris, au commencement de la démarche de révision constitutionnelle. Il s’agissait de la résidence administrative et fiscale qui permettrait d’appliquer une fiscalité plus lourde aux seules résidences secondaires spéculatives et pas aux résidences secondaires patrimoniales et familiales que les Corses possèdent dans leurs villages.
Nous n’avons eu aucune réponse.
Je veux rappeler que des dispositions similaires existent en Europe et dans le droit français pour réduire les inégalités liées à la situation de certains territoires. Il faut tenir compte des régimes spécifiques de la Polynésie, de Saint-Barthélemy ou de Saint-Martin dans la mise en oeuvre d’un statut protecteur pour améliorer les conditions de vie des Corses. Que faire lorsque tout nous est refusé ?
Nous continuerons à demander l’adaptation des dispositifs fiscaux et une autre organisation de la transmission du patrimoine. Mais si nous voulons parvenir à un résultat, les élus et les institutions ne suffiront pas. Dans le cadre de la « conférence permanente économie et sociale », faisant suite à nos travaux sur la fiscalité du patrimoine, je proposerai au mois de septembre une réflexion collective avec la société civile, les syndicats, les associations, les élus etc.
L’objectif serait de mettre en oeuvre une mobilisation populaire pour défendre le patrimoine corse et le droit au logement pour tous. Le rapport qui sera présenté aujourd’hui par le Président de l’Agence d’Urbanisme et d’Energie nous met tous face à nos responsabilités.
Il nous faut répondre à cette question : accepterons-nous ou pas de laisser la force de l’argent expulser nos jeunes de leur pays ?
Je vous remercie.
*Seul le prononcé fait foi