(Unità Naziunale publié le 6 mai 2019) « 250 ans après la nation corse est toujours là, car elle demeure à jamais une réalité humaine qu’aucun appareil d’Etat ne pourra détruire ou faire oublier.
Ces 250 ans doivent nous permettre même de réaffirmer dans cette période les grands principes de l’héritage paolien auxquels nous sommes fondamentalement attachés et qui restent d’actualité : l’exigence de liberté pour un peuple Corse maître de sa destinée, mais aussi de Démocratie, d’équité et de justice pour construire une société insulaire qui s’engage vers l’émancipation, le respect et le progrès.
En conclusion, en cette année particulière, nous appelons notre peuple à être massivement présent à Ponte Novu, dès 14h, pour redire notre attachement au souvenir de cette période et plus encore, à la construction d’une nation Corse libre et apaisée.
Più ch’è mai, pè a memoria di tutt’i nostri, cascati luttendu per a libertà di a Nazione, dumane, libera. »
PER A CORSICA
« Il y a 250 ans
Le 8 mai 1769 fut pour la Corse un jour sombre, et si les faits historiques qui s’y rattachent sont aujourd’hui bien connus, c’est grâce au remarquable travail de générations d’historiens et de militants de la cause nationale car même la réappropriation de notre vraie Histoire, et de notre mémoire commune, a dû être un âpre combat politique. C’est pourquoi, au-delà des faits eux-mêmes, souvent admirablement relatés par les spécialistes compétents, c’est à la signification profonde de l’événement que se réfère la commémoration de la bataille de Ponte-Novu. En cette seconde moitié du XVIIIe siècle, un peuple, précurseur en matière de démocratie, tenait tête, courageusement, jusqu’au bout de ses ultimes forces, à l’armée d’un Roi qui se prétendait toujours de droit divin. Une partie des espoirs de l’humanité se trouvaient là, concentrés à un endroit, à un moment précis, au sein de « ce brave peuple » dont « la valeur et la constance » à « recouvrer et défendre sa liberté » furent saluées par Jean-Jacque Rousseau. Ils furent balayés par la mitraille et noyés dans le sang par la force illégitime de la plus puissante armée du monde.
La Corse connut une répression féroce, et les exactions des troupes françaises font l’objet de recherches mettant en lumière, cette époque, et des épisodes équivalents.
Un homme politique français, une fois n’est pas coutume, a eu le courage de préciser quelle fut l’action de l’Etat depuis cette violente annexion. Michel Rocard, en son temps, avait reconnu le caractère destructeur et avilissant des politiques menées en Corse, et précisé comment on avait rendu le pays exsangue, en mobilisant à l’extrême ceux qu’on considérait comme de la chair à canon, comment on l’avait rendu dépendant en usant d’artifices comme ces criminelles lois douanières qui obéraient toute possibilité de développement. Si l’on y rajoute les années de répression politique de la période contemporaine, avec leur cortège de décisions de « justice » aussi aveugles qu’arbitraires, de coups tordus aussi illégaux que criminels, combien de vies brisées, voire détruites, doit-on comptabiliser? Les calculs froids et le cynisme à courte vue de l’appareil d’Etat en Corse ont toujours engendré des drames et créé les conditions objectives pour que puisse survenir le pire Nous n’en demanderons pas pour autant, quant à nous, repentance au peuple français dans son ensemble, car cela serait aussi inutile qu’absurde. La Corse du 21eme siècle a besoin de Paix, de Démocratie, d’Autonomie pour impulser et maîtriser un développement viable, durable, équitable et solidaire pour son peuple de même que garantir notre culture, notre langue. La Corse a besoin d’une solution globale qui reconnaisse la dimension symbolique et historique du problème politique qui se pose entre cette île, son Peuple, et Paris depuis des décennies. Tourner la page suppose de ne pas « regarder l’Histoire en face » qu’à sens unique. Cela suppose aussi de sortir de la vengeance d’État et de permettre des solutions judiciaires normales pour les prisonniers ou poursuivis pour faits politiques, prélude à la discussion qui viendra nécessairement sur l’Amnistie. La Corse a aussi besoin, au travers de cette solution globale, de construire son projet d’émancipation et d’autonomie en Méditerranée avec les droits institutionnels reconnus par la Loi de le porter au service du Peuple Corse. 250 ans après Ponte Novu, c’est ce qui est en jeu aujourd’hui. Force est de constater qu’une volonté de mise au pas de toute une société, et de déni de démocratie auquel notre peuple reste confronté, et qui perdure dangereusement, malgré les errements du passé.
Le contexte actuel, avec sa série de provocations répétées de la part de l’état et de ses services, de tensions larvées au sein de secteurs importants et historiquement sensibles (agriculture, tourisme, jeunesse…) doit nous inciter, non pas à tomber dans les pièges du passé, mais au contraire à redoubler d’efforts et d’engagement sur les voies de la construction nationale
Car sans renouer avec la logique du conflit ou pire encore, de l’affrontement entre corses que l’on semble appréhender dans certains propos ou attitudes préfectorales, le temps est venu de se mobiliser, sur des bases démocratiques, pour conduire l’état vers la seule option possible: le dialogue, en vue d’initier un véritable processus d’autonomie. » La commémoration de Ponte Novu prend donc, ici et aujourd’hui, tout sons sens: il ne s’agit ni de raviver de vieilles douleurs, ni de s’apitoyer en adoptant une attitude de renoncement indigne que nous n’accepterons jamais. Il s’agit, tout au contraire, de signifier que, malgré toutes les épreuves, aussi cruelles soient-elles, 250 ans après la nation corse est toujours là, car elle demeure à jamais une réalité humaine qu’aucun appareil d’Etat ne pourra détruire ou faire oublier. Ces 250 ans doivent nous permettre même de réaffirmer dans cette période les grands principes de l’héritage paolien auxquels nous sommes fondamentalement attachés et qui restent d’actualité: l’exigence de liberté pour un peuple Corse maître de sa destinée, mais aussi de Démocratie, d’équité et de justice pour construire une société insulaire qui s’engage vers l’émancipation, le respect et le progrès.
«En conclusion, en cette année particulière, nous appelons notre peuple à être massivement présent à Ponte Novu, dès 14 heures, pour redire notre attachement au souvenir de cette période et plus encore, à la construction d’une nation Corse libre et apaisée. »
Più ch’è mai, pè a memoria di tutt’i nostri, cascati luttendu per a libertà di a nazione, dumane, libera. E puru simu Qui »